Aurélie de 6foisdys : « J’ai 6 troubles Dys et un TDAH »
Naviguer dans l’univers des troubles Dys et du TDAH peut parfois sembler complexe, mais chaque défi cache une opportunité.
Dans cette interview, Aurélie RENARD-VIGNELLES, elle-même multidys avec six troubles Dys et un TDAH, partage son parcours unique. Forte de son expérience personnelle, elle a transformé ses différences en une véritable expertise. Aujourd’hui, formatrice, conférencière et autrice du livre Moi, neuroatypique : le secret de ma résilience, Aurélie accompagne parents et professionnels pour mieux comprendre et soutenir les enfants atypiques.
À travers son témoignage, elle nous livre des clés précieuses pour transformer les difficultés en forces et cultiver une parentalité bienveillante et optimiste.
Que tu sois parent, enseignant ou simplement curieux, cette rencontre pleine d’authenticité et d’espoir t’apportera des outils concrets pour mieux vivre avec ces particularités. Car, comme le rappelle Aurélie, avec les bons soutiens, rien n’est impossible.
L’intégralité de l’interview est ici en images : Les différents troubles dys : témoignage d’Aurélie, avec 6 troubles dys et un TDAH
Qui est Aurélie de 6foisdys?
Élise : Bonjour Aurélie, merci d’avoir accepté mon invitation pour OptimismeCool !
Aurélie : Bonjour Élise, merci à toi pour cette belle opportunité. Je suis ravie d’être ici pour parler des troubles Dys et du TDAH, un sujet qui me tient particulièrement à cœur.
Élise : Pour nos lecteurs, pourrais-tu te présenter rapidement ?
Aurélie : Bien sûr. Je m’appelle Aurélie RENARD-VIGNELLES, j’ai 33 ans. Je suis multidys avec sept troubles Dys diagnostiqués, ainsi qu’un TDAH, découvert assez tard, à 30 ans. Je suis conférencière, formatrice, consultante en accessibilité et récemment autrice d’un livre intitulé Moi, neuroatypique : le secret de ma résilience. Mon objectif est de sensibiliser le grand public et les entreprises à ces troubles souvent invisibles.
Comprendre les troubles Dys et le TDAH
Des troubles neurodéveloppementaux
Élise : Peux-tu nous expliquer ce que sont les troubles Dys et le TDAH ?
Aurélie : Les troubles Dys regroupent plusieurs particularités : dyslexie, dysorthographie, dysgraphie, dyscalculie, dysphasie, dyspraxie. Il y a aussi les troubles des fonctions exécutives, qui sont souvent moins connus. Quant au TDAH, il touche l’attention et la gestion de l’impulsivité. Tous ces troubles font partie des troubles neurodéveloppementaux, c’est-à-dire qu’ils sont présents depuis la naissance. Ils résultent d’une organisation différente du cerveau.
Je compare souvent cela à un réseau routier : au lieu de prendre l’autoroute, nos connexions neuronales empruntent des petites routes sinueuses. Cela peut prendre plus de temps pour arriver à destination, mais cela permet aussi de découvrir des trésors cachés.
Élise : Une belle métaphore ! Mais beaucoup se demandent : ces troubles sont-ils innés ou acquis ?
Aurélie : Ils sont innés. Ils se développent in utero, bien avant la naissance.
Cependant, l’environnement dans lequel grandit l’enfant peut avoir un impact sur la manière dont les troubles se manifestent. Par exemple, un cadre bienveillant et compréhensif peut aider l’enfant à s’épanouir malgré ses difficultés.
À l’inverse, un environnement peu adapté ou trop exigeant peut renforcer les obstacles. Mais il est essentiel de comprendre que ces troubles ne sont pas causés par l’exposition aux écrans ou par un manque de discipline, comme on l’entend parfois.
La nécessité d’un diagnostic pour utiliser des stratégies adaptées
Élise : Comment s’est passé ton diagnostic ?
Aurélie : Mon parcours a été long et parfois douloureux. Dès l’âge de 3 ans, mes parents et mon ophtalmologue ont remarqué quelque chose d’atypique dans mon regard. À la maternelle, mes difficultés psychomotrices et mon retard en langage oral sont devenus plus visibles. En grande section, ma maîtresse a conseillé à mes parents de consulter un CMPP (Centres médico-psycho-pédagogiques).
Mais à l’époque, on connaissait encore mal les troubles Dys. J’ai dû attendre mes 10 ans pour obtenir un diagnostic clair. Imagine 10 ans de questionnements et d’incertitudes. À l’époque, on a même suggéré à mes parents de m’envoyer dans une école spécialisée. Heureusement, ils ont refusé. Cela aurait pu changer complètement mon parcours.
Élise : Et comment as-tu vécu cette période à l’école ?
Aurélie : Ce fut très difficile. En CP, ma maîtresse m’a humiliée devant toute la classe en raison de mes difficultés en lecture et en écriture.
Plus tard, j’ai aussi été victime de harcèlement scolaire. Les autres enfants se moquaient de moi parce que j’étais différente. Ces troubles sont invisibles, mais leur impact est bien réel.
Il y a eu des moments où je me suis sentie isolée et incomprise. Cependant, ces épreuves ont forgé ma résilience. Aujourd’hui, je transforme cette douleur en force pour aider les autres.
Élise : Pourquoi le diagnostic est-il si crucial selon toi ?
Aurélie : Un diagnostic permet de mettre un nom sur les difficultés. Cela aide à comprendre pourquoi certaines tâches sont plus complexes.
Pour moi, le diagnostic a été un tremplin. Il m’a permis d’accéder à des aménagements spécifiques et à des outils adaptés. Cela ne résout pas tout, mais cela donne des clés pour progresser. Sans diagnostic, on reste dans l’ombre, à se demander ce qui ne va pas.
Le bilan pluridisciplinaire est essentiel. Il permet de différencier les troubles neurodéveloppementaux d’autres problèmes, comme une déficience intellectuelle ou un trouble de l’audition.
Élise : Et qu’en est-il des fameuses étiquettes ?
Aurélie : Je sais que le mot « étiquette » fait peur. Mais comme me l’a dit mon mari, ce n’est pas parce qu’on change l’étiquette d’un pot de confiture que son goût change. L’étiquette aide simplement à mieux comprendre ce qu’il y a à l’intérieur.
Pour moi, cela a été une libération. Cela m’a permis de comprendre mes difficultés et de valoriser mes forces. L’étiquette n’est qu’un point de départ pour mieux accompagner et adapter les solutions.
Le défi de la lecture avec les troubles dys : un parcours du combattant
Élise : Tu as mentionné la dyslexie. À quel âge as-tu réussi à lire de manière fluide ?
Aurélie : C’est arrivé bien plus tard que pour la plupart des enfants.
Pour être honnête, je ne saurais pas donner une date précise. À l’école, on ne m’autorisait pas à lire à haute voix, ce dont j’avais besoin pour comprendre ce que je lisais. La lecture fluide est venue après mes études, quand j’ai commencé à travailler sur mon livre.
Cela m’a pris 10 mois pour l’écrire, car je voulais que chaque mot soit à sa place. Mais j’ai découvert que les bonnes adaptations peuvent transformer l’expérience de lecture. Par exemple, j’écris toujours en Arial 12, aligné à gauche. Ces petits changements font toute la différence.
Trouver sa mission de vie
Entreprendre pour transformer les différences en forces
Élise : Qu’est-ce qui t’a poussée à te lancer dans l’entrepreneuriat ?
Aurélie : Après mes études, trouver un emploi stable a été un véritable parcours du combattant.
Mes troubles Dys et mon TDAH étaient perçus comme des obstacles par les recruteurs, malgré mes compétences et ma motivation. J’ai multiplié les entretiens, mais je me heurtais sans cesse à un manque de compréhension.
Ce rejet, je l’ai transformé en moteur. Un jour, je me suis dit : « Et si, au lieu d’attendre qu’on me donne ma chance, je la créais moi-même ? » C’est ainsi qu’est née mon entreprise, 6foisDys.
L’idée était simple : mettre mon parcours et mes connaissances au service des autres.
Aujourd’hui, je sensibilise les entreprises, les écoles et le grand public aux troubles Dys et au TDAH. J’organise des conférences, des ateliers, et j’accompagne des professionnels dans leur démarche d’inclusion. Mon objectif est clair : montrer que les personnes neuroatypiques possèdent des forces exceptionnelles.
Grâce à ces interventions, je souhaite changer les mentalités et prouver que ces différences, souvent vues comme des faiblesses, peuvent devenir de véritables atouts.
En valorisant leurs particularités, les personnes concernées gagnent en confiance et en autonomie. Mon parcours entrepreneurial est avant tout une aventure humaine : aider chacun à révéler son potentiel et bâtir une société plus inclusive.
Faire de ses troubles dys une force
Élise : Tu parles souvent de transformer les échecs en opportunités. Peux-tu nous en dire plus ?
Aurélie : Absolument. Pour moi, chaque échec est une opportunité déguisée.
J’aime utiliser l’exemple de Mary Poppins, lorsqu’elle dessine un escalier avec de la fumée pour accéder aux toits de Londres. Cette image illustre parfaitement l’idée que, même face à un mur, il est possible de trouver une solution créative pour avancer. Nos échecs ne sont pas des fins en soi, mais des points de départ pour rebondir.
À l’adolescence, je rêvais de devenir comédienne. Mais mes troubles Dys, notamment la dyslexie, rendaient la lecture de scripts difficile, ce qui m’a poussée à explorer d’autres voies.
Finalement, j’ai découvert le métier de conférencière, qui allie mon amour de la scène et ma passion pour la transmission. Ce n’est pas exactement ce que j’avais imaginé, mais c’est un chemin qui me correspond pleinement.
Chaque défi surmonté m’a permis de développer des compétences que je n’aurais jamais acquises autrement : la résilience, l’adaptabilité, et une capacité unique à toucher mon public.
Aujourd’hui, j’aide d’autres personnes à voir au-delà de leurs propres limites et à transformer leurs différences en forces. Mon parcours montre qu’il n’y a pas de trajectoire unique pour atteindre ses rêves, et que parfois, les détours mènent aux plus belles destinations.
L’écriture d’un livre pensé pour tous : une aventure personnelle et inclusive
Moi, neuroatypique : le secret de ma résilience.
Élise : Tu as récemment publié un livre intitulé Moi, neuroatypique : le secret de ma résilience. Peux-tu nous raconter ce qui t’a poussée à te lancer dans ce projet ?
Aurélie : L’idée d’écrire ce livre a émergé en 2018, peu après la création de mon entreprise.
À cette époque, je participais à de nombreux groupes de soutien pour les personnes neuroatypiques, et je constatais un manque cruel de témoignages d’adultes avec des troubles Dys. On trouvait beaucoup de récits de parents ou de professionnels, mais très peu de voix d’adultes partageant leur propre expérience. J’ai donc voulu combler ce vide et offrir un double regard : celui de la personne concernée et celui de la professionnelle engagée.
Élise : Cela a dû être un travail colossal. Comment as-tu géré ce défi, en particulier avec tes troubles Dys ?
Aurélie : Honnêtement, cela n’a pas été simple. L’écriture de ce livre a été un véritable parcours du combattant, mais aussi un voyage thérapeutique.
J’ai dû composer avec mes propres limitations, notamment la dyslexie, la dysorthographie et la dysgraphie. J’ai mis environ quatre ans à finaliser ce projet, en passant par des phases de découragement et même une dépression. Heureusement, j’ai été soutenue par des proches et une écrivaine publique, Sandrine, qui m’a aidée à structurer mes idées et à peaufiner le manuscrit. C’est grâce à ce travail d’équipe que j’ai pu transformer mes pensées en un livre cohérent et accessible.
Un livre conçu pour une lecture inclusive
Élise : Ce qui est remarquable dans ton livre, c’est qu’il est pensé pour être accessible, même à ceux qui ont des troubles de la lecture. Peux-tu nous expliquer les choix que tu as faits ?
Aurélie : Absolument. Dès le départ, je voulais que ce livre soit le plus inclusif possible. Pour cela, j’ai adopté plusieurs stratégies. D’abord, j’ai choisi une police adaptée : Arial, en taille 12, avec un alignement à gauche au lieu de justifier le texte. Cela peut paraître anodin, mais c’est essentiel pour les personnes dyslexiques. Les polices comme Times New Roman, souvent utilisées dans l’édition, sont beaucoup plus difficiles à lire.
De plus, le fait de ne pas justifier le texte évite les « rivières » de blanc entre les mots, qui perturbent la lecture fluide. Ces petits ajustements rendent la lecture plus confortable et agréable.
Élise : C’est une belle initiative. Mais tu n’as pas seulement travaillé sur la mise en page. Tu as aussi choisi d’inclure plusieurs formats, n’est-ce pas ?
Aurélie : Exactement. Mon livre est disponible en version papier, mais aussi en format ebook et en livre audio. L’objectif était de répondre aux besoins variés des lecteurs. Certaines personnes préfèrent écouter plutôt que lire, notamment les adultes dyslexiques ou ceux qui ont des difficultés de concentration. Avec l’audio, ils peuvent profiter pleinement du contenu sans se heurter à des obstacles. L’idée est de proposer une expérience de lecture fluide et adaptée à chacun.
Des thématiques variées pour un public large
Élise : Ton livre ne se limite pas à ton autobiographie. Quelles sont les grandes thématiques que tu abordes ?
Aurélie : C’est vrai. Mon parcours personnel constitue la première partie du livre, mais je voulais aussi offrir des outils concrets aux lecteurs. J’y aborde plusieurs thématiques clés, comme l’acceptation de soi, la gestion des émotions, et l’importance de la persévérance. Il y a aussi des chapitres consacrés aux différentes formes d’intelligence, car je pense que chaque personne a des forces à révéler.
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Élise : Tu proposes donc des conseils pratiques ?
Aurélie : Tout à fait. J’y partage des astuces que j’ai découvertes au fil des années, comme l’utilisation de supports visuels ou d’outils technologiques pour compenser les difficultés.
Par exemple, je parle des bienfaits des polices adaptées et des applications numériques qui peuvent faciliter la prise de notes. Je propose également des stratégies pour mieux gérer l’attention et les moments de stress, notamment avec des exercices de respiration ou des outils comme les coussins lestés.
Un projet profondément humain et inspirant sur les troubles dys
Élise : Quelle est la philosophie générale que tu souhaites transmettre à travers ton livre ?
Aurélie : Mon objectif est de montrer qu’il est possible de surmonter les défis liés aux troubles Dys et au TDAH, et même de les transformer en forces. Je veux encourager les lecteurs à croire en eux, à persévérer malgré les obstacles, et à ne jamais sous-estimer leur potentiel. Ce livre est autant un témoignage qu’un guide pratique. Je voulais offrir une ressource qui puisse inspirer, motiver, et surtout accompagner.
Élise : Merci, Aurélie. Ton livre est une véritable bouffée d’espoir.
Aurélie : Merci à toi, Élise. J’espère qu’il pourra aider ceux qui en ont besoin, et leur rappeler qu’avec les bons outils et un accompagnement bienveillant, tout est possible.
Tu peux contacter directement Aurélie en passant par ce formulaire.
Autre interview à regarder avec un autre auteur neuroatypique : Comprendre la dyspraxie visuo-spatiale avec Tom, écrivain
Conclusion
Naviguer dans l’univers des troubles Dys et du TDAH peut sembler intimidant, mais chaque défi est une occasion de grandir et d’apprendre.
À travers cette interview, Aurélie Renard Vignelle, multidys et TDAH, nous a partagé son parcours inspirant. Forte de ses expériences personnelles et professionnelles, elle a su transformer ses différences en une véritable force.
Formatrice, conférencière et autrice du livre Moi, neuroatypique : le secret de ma résilience, Aurélie œuvre pour sensibiliser les entreprises, les écoles et les familles aux spécificités de la neurodiversité.
Avec des outils concrets et des stratégies éprouvées, elle accompagne chacun pour mieux comprendre ces troubles souvent invisibles, tout en valorisant les forces uniques qui les accompagnent.
Son message est clair : les obstacles ne définissent pas nos limites, ils tracent simplement des chemins différents vers la réussite. Que tu sois parent, enseignant ou simplement curieux, cette interview te fournira des clés précieuses pour accompagner les enfants atypiques avec bienveillance et optimisme.
Comme Aurélie le dit si bien : avec un entourage compréhensif, des outils adaptés et une bonne dose de résilience, rien n’est impossible. À travers son témoignage, elle nous invite à croire en nous-mêmes et à voir dans chaque différence une opportunité de briller.
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