
Dyspraxie : pourquoi ton enfant n’est ni maladroit, ni paresseux, et comment vraiment l’aider?
Quand Melyssa était en maternelle, je voyais bien qu’elle n’était pas comme les autres enfants. Elle se cognait partout, faisait tomber les verres à table, avait du mal à s’habiller seule.
À l’école, elle perdait ses affaires, n’arrivait pas à découper proprement et sa maîtresse disait qu’elle était « dans la lune ».
Au début, je pensais que c’était une simple maladresse, qu’elle finirait par « s’y faire ».
Mais en CP, les difficultés se sont aggravées. Écrire une lettre était un combat, recopier du tableau un cauchemar. Elle se fatiguait vite, se décourageait, et les devoirs devenaient une épreuve pour toute la famille.
C’est en consultant une psychomotricienne que nous avons enfin mis un mot sur ses difficultés : elle a une dyspraxie visuo-spatiale, la dyspraxie étant aussi appelée Trouble Développemental de la Coordination (TDC). Un trouble neurologique méconnu qui complique la planification et l’exécution des gestes du quotidien.
Si ton enfant est maladroit, lent dans ses gestes, en difficulté à l’école et semble « ne pas y arriver », ce n’est peut-être pas un manque d’effort. Et surtout, ce n’est pas une fatalité.
Dans cet article, je vais t’expliquer ce qu’est la dyspraxie, ses causes et comment aider ton enfant à s’épanouir malgré ses défis.
- Dyspraxie : un trouble invisible mais bien réel
- Un cerveau qui fonctionne autrement : mieux comprendre la dyspraxie
- Quelle est la cause de la dyspraxie (TDC) ?
- Dyspraxie : quels professionnels consulter et quelles solutions pour l’aider ?
- Comment puis-je aider mon enfant dyspraxique ?
- Le Cartable Fantastique : une révolution pour les élèves dyspraxiques
- Conclusion
Dyspraxie : un trouble invisible mais bien réel
Qu’est-ce que la dyspraxie?
Je me souviens bien de ce jour où la psychomotricienne m’a dit : « Votre fille est dyspraxique visuo-spatiale. » À ce moment-là, je n’avais aucune idée de ce que cela signifiait. J’ai hoché la tête, soulagée d’avoir trouvé le mot qui correspondait à ce que Melyssa vivait et suis repartie avec une seule question en tête : et maintenant ?
La dyspraxie, aujourd’hui appelée trouble développemental de la coordination (TDC), est un trouble neurologique qui complique la vie des enfants au quotidien.
C’est un peu comme si leur cerveau envoyait les ordres aux muscles avec une connexion Wi-Fi instable : parfois ça fonctionne, parfois non, et souvent avec un décalage qui les fait rater leur geste.
On estime que la dyspraxie touche environ 5 à 7 % des enfants de 5-11 ans. Les garçons sont 2 à 4 fois plus atteints que les filles.
Certains s’en sortent avec des aménagements simples, d’autres doivent déployer une énergie considérable pour accomplir des tâches du quotidien. S’habiller, écrire, jouer à la corde à sauter, attraper un ballon… Tout devient un défi permanent.
Et le plus dur, c’est que personne ne le voit. À l’école, on pense souvent qu’ils sont maladroits, qu’ils ne font pas d’efforts ou qu’ils sont distraits. Mais la réalité, c’est qu’ils se battent avec un cerveau qui ne leur simplifie pas la tâche.
Comprendre la dyspraxie, c’est comprendre que ce n’est ni de la paresse, ni un manque d’intelligence. C’est une différence invisible qui mérite d’être reconnue pour permettre à ces enfants de s’épanouir pleinement.
Quels sont les symptômes de la dyspraxie ?
Dès la maternelle, il y avait des indices.
Pas seulement la maladresse, mais des petits détails du quotidien qui, mis bout à bout, formaient un schéma clair.
Les signes précoces chez le jeune enfant
Dès la petite enfance, on peut observer certains signes révélateurs :
- Bébé qui a du mal à attraper et manipuler les objets.
- Difficulté à marcher à quatre pattes ou à adopter des mouvements fluides.
- Enfant qui tombe souvent, se cogne, renverse tout.
- Difficulté à imiter des gestes simples (envoyer un bisou, faire coucou).
- Problèmes avec les jeux nécessitant de l’adresse (pâte à modeler, puzzles, dessin).
À ce stade, les parents pensent souvent que leur enfant est simplement maladroit. Mais si ces difficultés persistent après 4-5 ans, il est important de consulter un professionnel.
Les difficultés à l’école
À l’entrée en primaire, les signes deviennent plus évidents :
- Écriture difficile et fatigante : l’enfant appuie trop fort sur son crayon, écrit lentement, et ses lettres sont mal formées.
- Difficulté à organiser son espace de travail : feuilles froissées, écriture qui déborde, mal à l’aise avec un cahier quadrillé.
- Problèmes de découpage et de collage : il ne parvient pas à suivre une ligne avec des ciseaux.
- Lenteur excessive dans les exercices écrits et graphiques.
- Difficulté à recopier du tableau : saute des lignes, mélange les lettres.
- Mauvaise orientation spatiale : confond gauche et droite, peine à se repérer sur une feuille ou dans une salle de classe.
Dans la vie quotidienne
La dyspraxie ne s’arrête pas à l’école. Elle impacte aussi l’autonomie de l’enfant :
- Difficulté à s’habiller seul (boutons, fermetures éclair, lacets).
- Galère à mettre la table sans renverser les objets.
- Problème avec les jeux nécessitant de la précision (Lego, construction).
- Mauvaise coordination dans les activités sportives (ne sait pas rattraper un ballon, maladresse en vélo).

Pourquoi parle-t-on de plusieurs dyspraxies ?
La dyspraxie est un trouble complexe et multifacette. Il existe plusieurs formes qui affectent différemment les enfants. Voici les principales :
- Dyspraxie idéatoire : difficulté à enchaîner les étapes d’une action complexe (ex : se brosser les dents).
- Dyspraxie idéomotrice : difficulté à imiter un geste ou à répondre à un ordre gestuel simple (ex : dire au revoir de la main).
- Dyspraxie visuo-spatiale : difficulté à organiser l’espace et à coordonner le regard avec le geste (ex : écrire dans les lignes d’un cahier).
- Dyspraxie constructive : difficulté à assembler des objets (ex : puzzles, blocs, jeux de construction).
- Dyspraxie oro-faciale : difficulté à articuler, mâcher, souffler, ce qui peut impacter le langage.
- Dyspraxie de l’habillage : difficulté à enfiler des vêtements, nouer des lacets, fermer une fermeture éclair.
- Dyspraxie gestuelle : trouble affectant la précision et la fluidité des mouvements dans des activités comme le sport ou la danse.
- Dyspraxie verbale : difficulté à organiser et planifier les sons pour parler correctement.
Ces formes de dyspraxie ne sont pas cloisonnées : un enfant peut en présenter plusieurs à la fois. C’est ce qui rend le diagnostic parfois long et complexe.
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Un cerveau qui fonctionne autrement : mieux comprendre la dyspraxie
Comment fonctionne le cerveau d’un dyspraxique ?
Imagine un orchestre où chaque musicien joue à son propre rythme, sans suivre la baguette du chef d’orchestre. C’est un peu ce qui se passe dans le cerveau d’un enfant dyspraxique.
Les différentes régions impliquées dans la coordination des gestes – le cortex moteur, le cervelet et les aires associatives – ont du mal à travailler ensemble de manière fluide.
Le cortex moteur envoie des ordres, mais le corps les exécute souvent avec retard ou imprécision. Le cervelet, qui est censé ajuster le mouvement en temps réel, peine à fournir des corrections efficaces. Résultat : des gestes mal calibrés, une écriture qui déborde des lignes, une difficulté à attraper un ballon au bon moment.
Et comme rien n’est automatisé, tout demande une concentration extrême.
Écrire une phrase demande autant d’effort qu’un sprint pour un enfant neurotypique. Tenir ses couverts à table devient un exercice de haute voltige. Quand un enfant dyspraxique se fatigue rapidement ou semble « décrocher », ce n’est pas qu’il ne veut pas faire d’efforts. C’est qu’il donne déjà tout ce qu’il a, et parfois plus.
Quel est le lien entre la latéralité et la dyspraxie ?
Quand Melyssa était petite, elle écrivait avec la main gauche… mais utilisait parfois la droite pour d’autres gestes, comme attraper une cuillère ou ouvrir une porte. Au début, je pensais que c’était une simple habitude. Mais en réalité, son cerveau hésitait.
Chez les enfants dyspraxiques, la latéralité est souvent mal définie.
Normalement, avant six ans, un enfant devient clairement droitier ou gaucher, ce qui l’aide à structurer ses gestes. Mais chez Melyssa, rien n’était stable.
Avec ses pieds, c’était pareil : elle ne savait jamais lequel utiliser pour shooter dans un ballon, ni quel pied poser en premier sur la pédale du vélo.
Cette instabilité complique tout. Pour elle, attraper un objet ou découper une feuille demandait une prise de décision à chaque fois, ce qui ralentissait ses gestes et l’épuisait.
On aurait pu croire qu’elle était juste maladroite, mais non. Son cerveau ne fonctionnait pas comme celui des autres. Ce n’était pas un manque d’effort, juste une autre manière d’explorer le monde.
Le poids du regard des autres
Un enfant dyspraxique n’a pas conscience que son cerveau fonctionne différemment. Il voit bien qu’il est plus lent que les autres, qu’il échoue là où ses camarades réussissent sans effort. Petit à petit, il peut se décourager et perdre confiance en lui.
Les adultes aussi ont du mal à comprendre :
- « Mais enfin, regarde ce que je fais et fais pareil ! » → Il ne peut pas.
- « Il est toujours dans la lune, il ne fait pas attention. » → Non, son cerveau lutte pour organiser ses mouvements.
- « C’est juste une question d’entraînement. » → Non, répéter encore et encore ne suffira pas.
Le vrai défi pour un parent, c’est d’apprendre à voir au-delà des apparences. Melyssa voulait bien faire, elle s’appliquait autant qu’elle pouvait… mais son cerveau ne suivait pas.

Quelle est la cause de la dyspraxie (TDC) ?
Origines neurologiques et génétiques
Quand j’ai appris que Melyssa était dyspraxique, une question m’a hantée pendant des semaines : pourquoi ? Pourquoi elle ? D’où venait ce trouble dont je n’avais jamais entendu parler avant ?
La dyspraxie, ou trouble développemental de la coordination, est un trouble neurodéveloppemental. Concrètement, cela signifie que son cerveau s’est développé d’une manière légèrement différente dès la grossesse. Il ne s’agit pas d’une maladie, ni d’un retard, mais d’un câblage atypique qui affecte la communication entre les zones impliquées dans la coordination des gestes.
Les chercheurs ont identifié des facteurs génétiques.
Si un enfant est dyspraxique, il est possible qu’un de ses parents ou grands-parents ait eu des difficultés similaires dans l’enfance, même sans diagnostic. Peut-être un père maladroit en sport, une mère qui écrivait lentement, un grand-père qui peinait à nouer ses lacets.
Mais la génétique ne fait pas tout. Certains enfants dyspraxiques n’ont aucun antécédent familial. D’autres facteurs entrent en jeu, notamment ce qui se passe avant et pendant la naissance.
Facteurs environnementaux et périnataux
Plusieurs études ont montré un lien entre la dyspraxie et la prématurité. Un bébé né avant terme n’a pas toujours eu le temps de finaliser la maturation de ses connexions cérébrales, ce qui peut affecter ses capacités motrices plus tard.
D’autres facteurs peuvent influencer l’apparition de la dyspraxie, comme un manque d’oxygène à la naissance, une lésion cérébrale légère passée inaperçue, ou encore une exposition à certaines substances pendant la grossesse (alcool, tabac, pollution).
Cependant, la science n’a pas encore identifié de cause unique. Il s’agit plutôt d’une combinaison de facteurs qui, ensemble, créent un fonctionnement neurologique différent.
Et cette différence, loin d’être une fatalité, est surtout un défi à comprendre pour mieux accompagner son enfant.
Est-ce que la dyspraxie peut disparaître ?
C’est souvent la première question que les parents posent après un diagnostic : est-ce que ça va s’arranger ? Est-ce que mon enfant finira par être comme les autres ?
La réponse est non, la dyspraxie ne disparaît pas.
Ce n’est pas un trouble passager, ni un retard qui se rattrape avec le temps. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’avec les bonnes stratégies, un enfant dyspraxique peut apprendre à contourner ses difficultés et à vivre avec sans que cela devienne un frein à son épanouissement.
Avec un accompagnement adapté, il développera des compensations. Il pourra par exemple utiliser un ordinateur à l’école pour éviter l’écriture trop fatigante, apprendre des techniques spécifiques pour gérer l’espace et les gestes du quotidien, et surtout, prendre confiance en lui en s’appuyant sur ses forces.
La clé, ce n’est pas d’attendre que la dyspraxie disparaisse, mais d’aider son enfant à construire son propre chemin, avec ses propres outils. Parce qu’il peut réussir, mais à sa manière.
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Dyspraxie : quels professionnels consulter et quelles solutions pour l’aider ?
Qui soigne la dyspraxie?
Quand j’ai appris que Melyssa était dyspraxique, je me suis tout de suite demandé vers qui me tourner. Est-ce qu’un médecin allait nous donner un traitement ? Fallait-il voir un spécialiste précis ?
À qui s’adresser pour l’aider concrètement ?
La dyspraxie ne se soigne pas avec un médicament.
C’est un trouble neurologique qui demande une rééducation adaptée aux besoins spécifiques de chaque enfant.
La nature et la fréquence de cet accompagnement dépendent des troubles observés et de leur intensité. Pour Melyssa, nous avons été orientés vers plusieurs professionnels qui ont joué un rôle clé dans son évolution.
- La psychomotricienne : C’est elle qui nous a aidés à comprendre la dyspraxie. Elle a travaillé avec Melyssa sur la coordination, la latéralisation et l’organisation des gestes. Les séances ressemblaient parfois à des jeux – parcours moteurs, exercices avec balles, repères dans l’espace – mais derrière, il y avait un vrai travail pour l’aider à mieux gérer son corps et ses mouvements.
- L’orthoptiste : Comme beaucoup d’enfants dyspraxiques, Melyssa avait aussi des troubles du regard. L’orthoptiste a travaillé sur ses déplacements oculaires pour améliorer la lecture et la précision de ses gestes visuels.
- La psychologue : À force d’accumuler les difficultés et les remarques, Melyssa avait fini par perdre confiance en elle. Le suivi avec une psychologue l’a aidée à mieux gérer son anxiété et à se déculpabiliser par rapport à ses troubles d’apprentissage.
- L’orthophoniste : Comme la dyspraxie de Melyssa était couplée à une dyslexie, elle avait aussi des difficultés avec la lecture et l’écriture. Les séances d’orthophonie lui ont permis d’améliorer sa conscience phonologique et d’adopter des stratégies pour mieux décoder les mots.
D’autres spécialistes peuvent intervenir selon les besoins : l’ergothérapeute, qui aide à adapter l’environnement et à améliorer la coordination œil-main. Un bon accompagnement passe aussi par une collaboration avec l’école, les enseignants et, bien sûr, la famille.
Comment peut-on rééduquer la dyspraxie ?
La première fois qu’on m’a parlé de rééducation, j’ai eu un espoir.
J’imaginais qu’avec quelques séances, Melyssa pourrait enfin écrire sans douleur, s’habiller sans difficulté, et que tout rentrerait dans l’ordre. Mais j’ai vite compris que la rééducation ne signifie pas « guérison », mais plutôt « adaptation ».
L’objectif n’est pas de « corriger » la dyspraxie, mais d’aider l’enfant à compenser ses difficultés pour qu’il puisse gagner en autonomie et en confiance.
Trois axes principaux sont travaillés :
- La motricité fine et globale : exercices pour renforcer la coordination des gestes et améliorer la posture. La psychomotricienne de Melyssa lui faisait faire des parcours moteurs, des jeux d’équilibre et des exercices de manipulation d’objets. Cela paraissait ludique, mais derrière, elle apprenait à mieux gérer son corps.
- Les stratégies compensatoires : plutôt que de forcer un enfant dyspraxique à écrire à la main, on peut lui apprendre à taper au clavier. Plutôt que de lutter avec des lacets, on privilégie des chaussures à scratch. L’important, c’est d’adapter les méthodes à ses capacités, pas l’inverse.
- L’organisation et la gestion de l’espace : les enfants dyspraxiques ont souvent du mal à structurer leurs affaires ou à se repérer dans une feuille de travail. Mettre en place des repères visuels, simplifier les consignes et fractionner les tâches les aide à mieux s’organiser.
J’ai compris que ce n’était pas une question de quantité de séances, mais de cohérence entre les différentes prises en charge. Plus l’enfant se sent compris et accompagné avec des outils adaptés, plus il progresse.
Comment puis-je aider mon enfant dyspraxique ?
Adapter le quotidien pour lui faciliter la vie
Quand on a compris que Melyssa était dyspraxique, notre quotidien a changé.
Pas parce que tout est devenu plus simple du jour au lendemain, mais parce qu’on a appris à adapter notre façon de faire au lieu d’attendre qu’elle s’adapte seule.
Le premier réflexe, c’est d’observer les moments de blocage pour trouver des solutions concrètes.
- À table, elle renversait souvent son verre. On a opté pour des verres plus stables et incassables et des sets de table antidérapants.
- Pour s’habiller, les boutons et lacets étaient un cauchemar. On a remplacé par des scratchs et des vêtements faciles à enfiler.
- Pour les devoirs, on a aménagé un coin calme, avec peu de distractions visuelles, et fractionné les exercices pour éviter qu’elle ne se fatigue trop vite.
Chaque enfant est différent, mais l’essentiel est d’alléger la charge mentale pour lui permettre de se concentrer sur l’essentiel sans être parasité par des gestes trop compliqués.
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L’aider à l’école : collaboration avec les enseignants
L’école est souvent un terrain difficile pour un enfant dyspraxique.
Entre les attentes des enseignants, le rythme rapide des cours et les exigences en écriture et en organisation, tout peut devenir une source de stress. Les devoirs sont fatigants, les évaluations chronophages, et les consignes parfois difficiles à appliquer à cause des troubles de coordination.
Pour éviter que Melyssa ne se sente en échec, nous avons cherché des adaptations qui lui permettent d’apprendre sans être trop frustrée par l’écriture ou l’organisation spatiale. Les ajustements ne sont pas compliqués à mettre en place, mais ils font une énorme différence pour un enfant dyspraxique.
Voici ce qui a été mis en place pour elle :
- Privilégier les apprentissages à l’oral : Melyssa mémorise mieux quand elle écoute que quand elle écrit. L’enseignant lui explique les leçons à voix haute, et elle peut répondre aux questions sans forcément passer par l’écrit.
- Plus de temps pour les évaluations : Les gestes étant plus lents, elle bénéficie d’un temps supplémentaire pour éviter qu’elle ne soit pénalisée par sa vitesse d’exécution.
- Utilisation de QCM : Plutôt que de longues rédactions, les évaluations peuvent inclure des choix multiples, qui permettent d’évaluer ses connaissances sans que l’écriture ne soit un obstacle.
- Aménagement des supports de cours : Des documents avec une mise en page plus aérée, des polices plus lisibles et des consignes claires l’aident à mieux se repérer sur la feuille et à ne pas se perdre dans les informations.
Tu trouveras ici un article sur les polices confortables pour les enfants dys : Police pour dyslexique : le guide essentiel pour une lecture plus fluide et apaisée
Travailler sur l’estime de soi et la confiance en lui
Un enfant dyspraxique peut vite se sentir en décalage avec les autres.
Il voit bien qu’il est plus lent, qu’il a du mal avec des gestes qui semblent simples pour ses copains. Ce regard sur lui-même peut être dur à porter.
Avec Melyssa, on a beaucoup travaillé sur l’encouragement et la valorisation de ses forces. Plutôt que de pointer ce qui était compliqué, on mettait en avant ses réussites :
- Elle était douée en mémoire auditive, alors on lui lisait ses leçons à voix haute plutôt que de lui demander de recopier.
- Elle adorait inventer des histoires, alors on l’encourageait à les raconter à l’oral.
- Elle était très créative, alors on l’a inscrite à des activités artistiques où elle pouvait s’exprimer sans être freinée par ses difficultés motrices.
L’objectif, ce n’est pas d’effacer la dyspraxie, mais de lui montrer qu’elle peut réussir autrement, avec ses propres outils. Parce que la confiance en soi, c’est la clé pour avancer, malgré les défis.
Le Cartable Fantastique : une révolution pour les élèves dyspraxiques
Qui est Caroline Huron ?
Derrière Le Cartable Fantastique, il y a une femme : Caroline Huron.
Chercheuse en sciences cognitives et psychiatre, elle s’est spécialisée dans les troubles des apprentissages. Mais ce qui l’a poussée à s’investir dans la dyspraxie, c’est une histoire personnelle.
Sa propre fille est dyspraxique. Comme beaucoup de parents, elle a été confrontée aux défis du quotidien et à l’inadaptation du système scolaire aux besoins des enfants atypiques.
Au lieu d’accepter cette réalité, elle a décidé d’agir en mettant ses compétences scientifiques au service des enfants dyspraxiques. C’est ainsi qu’en 2010, elle a fondé Le Cartable Fantastique, une association dont l’objectif est d’adapter les outils scolaires pour que ces enfants puissent apprendre sans être pénalisés par leurs difficultés motrices.
Tu retrouveras ici une conférence hyper complète où elle te décrypte ce trouble : Dyspraxie : quand le cerveau s’emmêle

Un outil numérique inclusif pour alléger la charge cognitive
Le Cartable Fantastique a été conçu comme une passerelle entre l’école et les enfants dyspraxiques.
Son but : leur permettre de suivre les apprentissages sans être freinés par leurs difficultés d’écriture et d’organisation. Pour cela, l’association propose plusieurs solutions numériques et pédagogiques.
- Des supports scolaires adaptés : les exercices sont repensés pour être plus accessibles, avec des mises en page adaptées, des consignes simplifiées et des espaces d’écriture mieux structurés.
- Des outils pour réduire la double tâche : l’écriture manuscrite étant souvent un calvaire pour les enfants dyspraxiques, l’association propose des alternatives comme la saisie numérique, l’utilisation de tableaux interactifs et des logiciels qui facilitent la prise de notes.
- Des extensions pour ordinateur : grâce à des outils intégrés dans les logiciels de traitement de texte, les élèves peuvent aligner correctement leurs opérations en mathématiques ou bénéficier d’un guide visuel pour organiser leurs écrits.
Tous ces outils permettent aux enfants de se concentrer sur les apprentissages sans être bloqués par leurs difficultés motrices.
Un impact national reconnu et des ressources gratuites pour tous
En quelques années, Le Cartable Fantastique est devenu une référence dans le monde de l’éducation. Lauréate du prix « La France s’engage » en 2015, l’association a reçu plusieurs distinctions pour son action en faveur de l’inclusion scolaire.
Aujourd’hui, ses outils sont utilisés dans de nombreuses écoles en France, et les enseignants y trouvent une aide précieuse pour mieux accompagner les élèves dyspraxiques.
Conclusion
Quand Melyssa était petite, je rêvais d’une baguette magique qui effacerait ses difficultés.
Aujourd’hui, je sais que ce n’est pas la bonne question. Ce n’est pas elle qui devait changer, c’est le monde qui devait apprendre à la voir autrement.
Un enfant dyspraxique n’est pas « paresseux », « maladroit » ou « dans la lune ». Il a un cerveau qui fonctionne différemment, qui demande des ajustements, mais qui est aussi plein de talents insoupçonnés. Son intelligence ne se mesure pas à sa capacité à écrire dans les lignes ou à découper droit.
Ce dont il a besoin, ce n’est pas qu’on le force à entrer dans un moule, mais qu’on lui donne des outils pour réussir à sa manière. Des stratégies adaptées, du soutien, et surtout, de la confiance.
Alors, oui, son chemin sera peut-être un peu plus sinueux. Mais avec les bons aménagements, il pourra avancer sans s’épuiser à être quelqu’un qu’il n’est pas.
Tu n’es pas seule dans ce parcours. Ton rôle, c’est d’être son plus grand allié. Et avec le bon accompagnement, ton enfant pourra non seulement s’adapter au monde… mais aussi, qui sait, le réinventer.
Je t’invite à regarder cette interview sur notre chaine Optimismecool, un rare témoignage d’un dyspraxique adulte devenu écrivain : Dyspraxie : dans la peau d’un dyspraxique devenu écrivain – Tom auteur de « Une notion de temps »
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