sucre et tdah

Sucre et TDAH : comment le sucre joue sur l’énergie et l’attention de ton enfant?

Samedi après-midi, fête d’anniversaire. Les enfants courent dans tous les sens, rient aux éclats, bondissent sur le canapé comme s’ils avaient des ressorts sous les pieds. Sur la table, les miettes de gâteau et les emballages de bonbons s’accumulent. Forcément, c’est à cause du sucre, non ?

Cette idée est ancrée depuis des décennies : le sucre rend les enfants hyperactifs. Beaucoup de parents y croient dur comme fer et limitent les sucreries pour éviter les crises d’agitation.

Que disent les études sur le lien existant entre le sucre et l’hyperactivité? Pourquoi avons-nous toujours l’impression qu’un enfant est surexcité après un goûter sucré ? Est-ce un effet réel ou une simple coïncidence ?

Et surtout, quel est l’impact du sucre sur les enfants TDAH ? Agit-il sur leur énergie ? Leur attention ? Peut-il influencer leur comportement d’une manière plus subtile ?

Il est temps de démêler le vrai du faux.

Sucre et TDAH : un danger sous-estimé ou un faux coupable ?

Le sucre aggrave-t-il vraiment le TDAH ? ce que disent les études

Quand Melyssa était petite, j’avais une règle claire : pas trop de sucre le soir, sinon elle va être surexcitée. J’étais persuadée que c’était une évidence. Après tout, combien de parents répètent la même chose ?

Puis un jour, après un anniversaire où elle avait mangé une montagne de bonbons, elle était en pleine forme à 21h. Je me suis dit : “C’est sûr, c’est à cause du sucre !” Mais un autre soir, sans aucune sucrerie, elle tournait encore dans son lit à 22h30, incapable de dormir.

Alors j’ai voulu tester. Quelques jours sans sucre ajouté. Plus de bonbons, plus de chocolat, même plus de biscuits. Verdict ? Aucun changement. Toujours aussi vive, toujours aussi dynamique.

C’est là que j’ai commencé à me poser des questions. Le sucre rend-il vraiment les enfants hyperactifs ? Ou bien est-ce une croyance qui s’auto-entretient ?

Sucre et TDAH : pourquoi les études scientifiques remettent en question nos croyances

Dans les années 90, le pédiatre Mark Wolraich a voulu trancher cette question une bonne fois pour toutes. Son équipe a analysé 16 études scientifiques qui comparaient des enfants ayant consommé du sucre avec d’autres ayant reçu un placebo. Le verdict est sans appel : aucune différence de comportement.

Les enfants qui mangent du sucre ne sont pas plus agités que ceux qui n’en consomment pas. Leurs symptômes de TDAH ne sont ni amplifiés, ni modifiés.

Depuis, d’autres études ont confirmé ces résultats. Mais alors, pourquoi avons-nous tous l’impression inverse ?

TDAH et hyperactivité : et si le sucre n’était pas le vrai responsable ?

Une étude a révélé un phénomène fascinant. Des chercheurs ont donné à des enfants deux types de boissons : l’une sucrée, l’autre avec un édulcorant, mais ils ont fait croire aux parents que toutes contenaient du sucre.

Résultat ? Les parents ont décrit leur enfant comme plus agité, même lorsque la boisson était sans sucre.

C’est ce qu’on appelle un biais de confirmation.

Quand on est convaincu d’une chose, on cherche inconsciemment à prouver qu’on a raison. Si un enfant saute partout après avoir mangé un gâteau, on pointe du doigt le sucre. Mais si un enfant est calme après avoir mangé du chocolat, on oublie cet épisode.

J’ai moi-même réalisé que j’avais ce biais avec Melyssa. Après une fête, je lui disais souvent : « Tu as trop mangé de bonbons, ça se voit ! » Mais en fait, elle était tout aussi excitée avant même d’y toucher.

L’effet “fête d’anniversaire” : le sucre ou l’ambiance ?

Les occasions où les enfants consomment le plus de sucre sont aussi les moments où ils sont naturellement surexcités :

  • Les goûters entre copains
  • Les anniversaires
  • Les fêtes de famille

Dans ces situations, il y a des jeux, des surprises, du bruit, de l’excitation collective. Les enfants sont en ébullition bien avant d’avoir avalé le moindre bonbon.

Mais notre cerveau aime trouver des causes simples. Alors, au lieu d’attribuer cette effervescence à l’ambiance générale, on la relie au sucre. C’est plus facile à comprendre.

Si on leur donnait des brocolis au lieu d’un gâteau, ils seraient probablement tout aussi excités. Ce n’est pas le sucre qui déclenche l’excitation, c’est le contexte.

Le sucre ne rend pas les enfants hyperactifs, c’est un fait prouvé scientifiquement. Mais alors, pourquoi certains semblent plus agités après en avoir consommé ?

C’est là que l’histoire devient intéressante. Car même si le sucre n’est pas directement coupable, il n’est pas totalement innocent non plus.

La réponse se trouve ailleurs, et nous allons l’explorer dans la prochaine partie.

Pourquoi le sucre semble-t-il rendre certains enfants plus agités ?

Après avoir compris que le sucre ne cause pas le TDAH, une autre question se pose : Pourquoi certains enfants, y compris les TDAH, semblent quand même plus excités après en avoir consommé ?

J’ai moi-même remarqué ça avec Melyssa. Un après-midi, elle a englouti une énorme glace et une gaufre au chocolat avec chantilly. Dix minutes plus tard, elle était déchaînée, incapable de tenir en place. J’ai levé les yeux au ciel : « C’est le sucre, c’est sûr ! »

Sauf que cette même semaine, elle a eu une montée d’énergie similaire après une séance au cinéma, et un déjeuner où elle avait mangé… du riz et du poulet. Aucun sucre ajouté. Alors qu’est-ce qui se passe vraiment ?

L’effet trompeur du yoyo glycémique sur l’énergie

Le sucre est une source d’énergie rapide. Quand un enfant mange quelque chose de très sucré, sa glycémie monte en flèche. Résultat : un coup de boost immédiat, un peu comme un moteur qu’on suralimente en carburant.

Mais ce n’est pas tout. Quelques dizaines de minutes plus tard, la glycémie chute brutalement. Et c’est là que ça devient intéressant.

Certains enfants réagissent à cette chute par de l’irritabilité, de la fatigue, une baisse de concentration. D’autres, au contraire, vont s’agiter, se montrer plus impulsifs, un peu comme si leur corps cherchait à compenser le manque soudain d’énergie.

Le sucre ne rend donc pas hyperactif, mais son effet rebond peut mimer certains symptômes du TDAH.

TDAH et troubles du sommeil : quel rôle joue réellement le sucre ?

Un autre facteur souvent sous-estimé, c’est le lien entre sucre et sommeil.

Melyssa a toujours eu un peu de mal à s’endormir. Et j’ai remarqué que les soirs où elle avait consommé plus de sucre, elle mettait encore plus de temps à trouver le sommeil. Elle tournait dans son lit, incapable de débrancher.

Les études montrent que le sucre peut perturber la production de mélatonine, l’hormone du sommeil. Résultat ? Endormissement retardé, sommeil plus léger et plus agité. Et qui dit mauvais sommeil, dit difficulté de concentration et plus d’impulsivité le lendemain.

Beaucoup de parents attribuent ces comportements au sucre en lui-même. En réalité, c’est la privation de sommeil qui crée un effet boule de neige sur l’attention et le comportement.

Lien entre sucre, microbiote et TDAH : ce que la science commence à révéler

On parle souvent du cerveau des enfants TDAH, mais on oublie un organe clé : l’intestin.

En 2019, une étude de Stevens publiée dans la revue Scientific report a mis en évidence un lien entre alimentation, microbiote et symptômes du TDAH. Une alimentation trop riche en sucre et en produits ultra-transformés pourrait avoir un impact sur la flore intestinale, et même sur l’inflammation cérébrale.

L’intestin et le cerveau sont connectés par le nerf vague, et une perturbation du microbiote peut influencer l’attention, l’humeur et l’impulsivité.

Cela ne signifie pas que le sucre est un poison, mais qu’une alimentation déséquilibrée, riche en sucres rapides et pauvre en nutriments essentiels, peut jouer sur le comportement.

Quand un enfant semble surexcité après avoir mangé du sucre, ce n’est pas parce qu’il est devenu hyperactif en une bouchée.

C’est un mélange de plusieurs facteurs :

  • Un effet rebond après une chute de glycémie.
  • Une perturbation du sommeil, qui joue sur l’attention et l’impulsivité.
  • Un impact sur le microbiote, qui peut amplifier certains symptômes.

Bref, le sucre ne crée pas l’hyperactivité, mais il peut influencer l’énergie et la régulation émotionnelle.

Dans la prochaine partie, nous allons voir le vrai coupable : les additifs alimentaires, qui eux, ont un réel effet sur l’hyperactivité.

A lire aussi : Microbiote, TDAH et autisme : comment l’intestin peut influencer le cerveau de ton enfant?

Les vrais coupables : ces additifs qui aggravent les symptômes du TDAH

Après avoir compris que le sucre ne cause pas l’hyperactivité, une autre question se pose : qu’est-ce qui, dans l’alimentation, peut vraiment aggraver les symptômes du TDAH ?

Si on regarde bien, les aliments sucrés ne contiennent pas seulement du sucre. Bonbons, sodas, biscuits industriels, céréales du petit-déjeuner… la plupart de ces produits sont aussi truffés d’additifs alimentaires. Et là, la science est beaucoup moins clémente.

Sucre ou additifs ? L’erreur que font de nombreux parents d’enfants TDAH

En 2007, une étude publiée dans The Lancet par McCann a démontré que les colorants artificiels et certains conservateurs pouvaient provoquer une augmentation de l’hyperactivité chez les enfants, même ceux sans TDAH.

Pour cette étude, des chercheurs ont donné à des enfants des boissons contenant un mélange de colorants alimentaires et de conservateurs. Résultat : une augmentation nette des comportements impulsifs et agités.

Contrairement au sucre, dont l’impact sur le comportement repose surtout sur des croyances, les additifs alimentaires ont un effet démontré scientifiquement sur l’hyperactivité.

Quels sont les additifs les plus problématiques ?

Colorants et TDAH : ces substances cachées qui perturbent l’attention

On les trouve dans les bonbons, les sodas, les gâteaux industriels, certains yaourts et même dans des médicaments. Les plus problématiques sont :

  • E102 (tartrazine)
  • E104 (jaune de quinoléine)
  • E110 (jaune orangé S)
  • E122 (azorubine)
  • E124 (rouge cochenille A)
  • E129 (rouge allura AC)

Conservateurs chimiques et hyperactivité : faut-il s’inquiéter ?

Utilisés pour prolonger la durée de vie des produits, ils sont présents dans les plats préparés, certaines charcuteries et les boissons sucrées. À éviter : les benzoates (E210 à E213) et le BHA (E320).

Édulcorants et TDAH : une alternative au sucre… vraiment sans risque ?

Remplaçants du sucre dans les sodas « light », chewing-gums et produits « sans sucre », certains peuvent perturber le microbiote et favoriser des variations de glycémie : Aspartame (E951) et Sucralose (E955).

Pourquoi ces additifs sont-ils autorisés si leurs effets sont avérés ?

Les industriels utilisent ces substances pour rendre les aliments plus attractifs, les conserver plus longtemps et améliorer leur goût. Si certains pays comme le Royaume-Uni ont pris des mesures pour limiter leur utilisation, d’autres restent très permissifs.

En France, ces additifs sont encore largement présents dans l’alimentation des enfants. Pourtant, plusieurs études montrent que les éliminer peut réduire significativement l’hyperactivité et améliorer la concentration.

L’objectif n’est pas de tomber dans l’interdiction totale, mais plutôt de faire des choix éclairés.

👉 Lire les étiquettes et privilégier les aliments sans colorants artificiels ni conservateurs.
👉 Privilégier le fait-maison : une compote sans sucre ajouté, des gateaux faits maison sont souvent de meilleures options que leurs équivalents industriels.
👉 Tester une alimentation plus naturelle sur quelques semaines et observer les effets.

De nombreux parents constatent une amélioration du comportement de leur enfant en réduisant ces additifs. Une piste à explorer, surtout si ton enfant est TDAH.

Dans la prochaine partie, nous verrons quelles alternatives privilégier pour offrir à ton enfant une alimentation qui soutient son attention et sa régulation émotionnelle.

Faut-il bannir le sucre pour un enfant TDAH ?

Après tout ce qu’on a vu, une question revient souvent : est-ce qu’il faut supprimer totalement le sucre de l’alimentation d’un enfant TDAH ?

Ce qui compte, ce n’est pas d’interdire, mais de mieux choisir.

Le sucre n’est pas un ennemi, c’est l’excès qui pose problème

L’OMS recommande de limiter les sucres libres (ajoutés aux aliments transformés, présents dans les jus industriels, sirops, etc.) à moins de 10 % de l’apport calorique quotidien, et idéalement 5 % pour des bénéfices supplémentaires.

Autrement dit, un peu de sucre ne va pas ruiner la concentration de ton enfant, mais une consommation excessive et surtout sous forme de produits ultra-transformés peut déséquilibrer son énergie et son attention.

Pourquoi l’interdiction totale ne fonctionne pas ?

Quand on interdit complètement un aliment, surtout aux enfants, il devient encore plus attrayant. Plus on veut éviter le sucre, plus nos enfants en rêvent.

En réalité, l’éducation alimentaire fonctionne mieux que la restriction. Apprendre à son enfant comment et quand consommer du sucre lui permet d’en avoir une relation plus saine.

Plutôt que de bannir totalement le sucre, il vaut mieux choisir des sources naturelles qui évitent les variations brutales de glycémie.

Trouver un équilibre : plaisir et alimentation adaptée

Plutôt que de bannir totalement le sucre, il vaut mieux choisir des sources naturelles qui évitent les variations brutales de glycémie.

Favoriser :

✔️ Ne pas diaboliser le sucre, mais expliquer qu’il faut en manger avec modération.
✔️ Privilégier des sources de sucre naturel comme les fruits ou le chocolat noir.
✔️ Encourager l’écoute du corps : « Est-ce que tu as vraiment faim ou c’est juste l’envie d’un goût sucré ? »
✔️ Remplacer les sodas par des eaux aromatisées maison (eau + rondelles de fruits).
✔️ Faire des goûters maison, avec moins de sucre mais tout autant de plaisir (pancakes à la banane, muffins aux amandes, yaourts avec du miel).

À limiter :

  • Les sodas et jus industriels provoquent un effet rebond, avec un pic d’énergie suivi d’une chute brutale. Ils contiennent aussi des colorants et conservateurs pouvant aggraver l’hyperactivité.
  • Les céréales du petit-déjeuner ultra-transformées sont riches en sucre et pauvres en fibres, ce qui entraîne une faim rapide et une baisse de concentration. Mieux vaut privilégier le muesli sans sucre ajouté ou le porridge d’avoine.
  • Les gâteaux et biscuits industriels sont souvent chargés en sirop de glucose-fructose, absorbé rapidement et favorisant les fringales, ainsi qu’en huiles hydrogénées néfastes pour le cerveau.
  • Les yaourts aux fruits et crèmes dessert du commerce sont trompeurs : ils contiennent parfois autant de sucre qu’un soda.
  • Les barres de céréales dites « saines » sont bourrées d’additifs et de sucres cachés, mieux vaut les préparer maison.

Un enfant n’a pas besoin d’un régime strict, mais d’un équilibre qui lui permet d’avoir de l’énergie sans provoquer d’effet rebond.

Pour un dossier complet sur l’alimentation et le TDAH, c’est ici : TDAH et alimentation : 5 astuces qui améliorent le quotidien

Conclusion

Le sucre a longtemps été accusé à tort d’aggraver le TDAH.

Les études sont claires : il ne cause ni hyperactivité ni troubles de l’attention. Ce que l’on perçoit comme une montée d’énergie après un goûter sucré est souvent dû à un biais d’observation ou à l’excitation du moment. Pourtant, le sucre n’est pas totalement innocent.

Son impact sur la glycémie, le sommeil et le microbiote peut influencer l’humeur et l’énergie d’un enfant, y compris ceux avec un TDAH.

Mais si l’on cherche un vrai coupable, il faut regarder du côté des additifs alimentaires. Contrairement au sucre, certains colorants, conservateurs et édulcorants artificiels ont un effet avéré sur l’hyperactivité et l’impulsivité. Leur présence dans de nombreux produits transformés complique le quotidien des enfants neuroatypiques.

Alors, faut-il bannir le sucre ? Non. L’interdiction stricte ne fonctionne pas et risque d’engendrer frustrations et compulsions. La clé, c’est une alimentation équilibrée : limiter les excès, privilégier des aliments naturels et éviter les additifs nocifs.

Le sucre n’est pas le diable, mais il n’est pas non plus innocent. Ce n’est pas lui qui rend les enfants hyperactifs… mais une alimentation adaptée peut, elle, réellement faire la différence !

Je t’invite à découvrir cette interview sur ma chaine OptimismeCool, avec Mélanie Courrière, spécialiste de l’alimentation saine et positive.

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