
Asperger raconté par Paul El Kharrat et sa mère : un témoignage bouleversant
Quand j’ai découvert Paul El Kharrat à la télé, j’ai tout de suite été bluffée. Sa mémoire. Sa culture.
Sa façon si particulière de s’exprimer. Mais ce que je ne savais pas, c’est que derrière ce génie des quiz se cachait un combat. Un long combat pour comprendre une différence invisible : le syndrome d’Asperger.
Et ce qui m’a encore plus touchée, c’est le rôle de sa maman, Sophie.
Parce que si tu es parent d’un enfant atypique, tu connais ce regard qu’on pose sur toi quand ton enfant explose. Tu connais la solitude, les nuits blanches, les diagnostics qui n’arrivent jamais.
Dans leur livre Atypiques (Harper Collins), Paul et Sophie racontent ce parcours à deux voix. Leur histoire m’a bouleversée, parce qu’elle ressemble à tant d’autres. Peut-être même à la tienne.
Dans cet article, je t’emmène dans leur quotidien, leurs épreuves, leurs victoires… et surtout, je te partage des clés concrètes pour mieux comprendre et accompagner un enfant Asperger. Avec respect. Avec douceur. Avec espoir.
Mieux comprendre le syndrome d’Asperger (sans jargon, ni raccourci)
Quand Paul était petit, il ne faisait pas « jouer » ses petites voitures. Il les alignait parfaitement, avec une précision presque militaire. Sophie, sa maman, s’est d’abord dit que c’était une manie. Une phase.
Puis elle a commencé à s’inquiéter. Pourquoi ce besoin de tout contrôler ?
Pourquoi ces crises si violentes, ces colères incompréhensibles ?
Pourquoi ce rejet du bruit, de la foule, du regard des autres ?
Pendant des années, elle a cherché. Sans réponse claire. Sans diagnostic. Sans reconnaissance.
Et c’est exactement ça, le syndrome d’Asperger : une forme d’autisme invisible, souvent mal diagnostiquée, encore mal comprise.

Une différence qui ne se voit pas
Paul n’est pas non-verbal. Il est même extrêmement bavard, drôle, intelligent.
Il ne « fait pas autiste », comme certains osent le dire. Et pourtant, il est autiste. Asperger.
Le syndrome d’Asperger fait partie des troubles du spectre autistique (TSA). Il n’entraîne pas de retard intellectuel, mais un fonctionnement neurologique différent. C’est comme si le cerveau traitait l’information avec un système d’exploitation à part.
Résultat :
- hypersensibilité au bruit, à la lumière, aux contacts
- difficultés dans les interactions sociales
- besoin de rituels, de routines, de prévisibilité
- intérêts spécifiques et très intenses
- parfois, une logique ou une pensée brillante, mais « hors cadre »
Paul, par exemple, peut te citer des centaines de personnalités décédées, leur biographie, leur cause de mort, leur date d’entrée dans l’Histoire… Il tient une nécrologie personnelle depuis des années.
Et ce n’est pas glauque. C’est son moyen de mettre de l’ordre dans le chaos. D’apaiser son monde intérieur. Comme il le faisait, enfant, avec ses voitures.
Ce n’est pas un caprice. Ce n’est pas un trouble du comportement.
Là où beaucoup se trompent, c’est quand ils voient ces réactions comme de la mauvaise volonté.
« Mais pourquoi il se met dans cet état pour une blague ? »
« Pourquoi il ne comprend pas qu’on plaisante ? »
« Il est rigide, il ne fait pas d’effort… »
Mais Paul l’explique avec ses mots :
« J’aimerais bien faire ce que tu me demandes. Mais ma tête, elle veut pas. »
Ce n’est pas une excuse. C’est une réalité neurologique.
Les enfants Asperger sont en lutte permanente entre ce qu’ils veulent faire et ce qu’ils arrivent à gérer.
Et souvent, ils finissent par exploser. Ou par s’enfermer. Ou par briller dans un domaine ultra précis pour compenser le reste.
Un diagnostic souvent trop tardif
Ce qui ressort du témoignage de Sophie, c’est la lenteur du parcours de diagnostic.
Des dizaines de rendez-vous. Des médecins qui ne voyaient rien. Ou qui disaient :
« C’est sûrement vous, Madame. Vous êtes trop anxieuse. »
Encore aujourd’hui, beaucoup de familles vivent ce flou. Parce que les TSA sans déficience intellectuelle passent sous les radars. Parce qu’ils sont souvent confondus avec du « caractère », de la précocité, ou même des troubles psychiatriques.
Ce retard a des conséquences lourdes :
- estime de soi abîmée
- maltraitance scolaire ou sociale
- épuisement parental
- isolement
Paul a eu la chance d’avoir une maman qui n’a jamais lâché. Qui a observé, noté, insisté. Et quand le diagnostic est enfin tombé, c’était un soulagement. Un tournant.
Ce qu’il faut retenir, c’est que le syndrome d’Asperger ne se voit pas, mais se vit intensément. Chaque jour. Il n’est ni un don magique, ni une malédiction. C’est une autre façon d’être au monde.
Et comprendre ça, c’est déjà faire un pas immense vers plus de tolérance… et surtout vers une relation parent-enfant plus juste, plus respectueuse, plus alignée.
Tu retrouveras l’interview de Paul et Sophie El Kharrat et ici : Paul EL Kharrat et Sophie El Kharrat témoignent
La résilience au cœur du parcours de famille
Quand on parle d’autisme, on parle souvent de diagnostics, de troubles, de symptômes. Mais on oublie parfois ce qu’il y a derrière : une famille. Un quotidien. Des choix. Des nuits blanches. Et une force incroyable qui se construit… souvent dans l’ombre.
Dans le témoignage de Sophie El Kharrat, ce mot revient sans cesse, sans être forcément nommé : résilience.
Ce n’est pas un concept. C’est une réalité. Une nécessité. Un mécanisme de survie, parfois. Et dans leur histoire, cette résilience est familiale. Pas individuelle.
Une mère face à l’invisible
Sophie, comme tant d’autres mères, a longtemps été seule face aux comportements de Paul.
Des crises soudaines. Des colères sans cause apparente. Des rigidités incompréhensibles. Et ce sentiment diffus qu’il y a quelque chose… mais quoi ?
Les médecins ne voyaient rien. Ou bien ils remettaient en question la mère. Trop inquiète. Trop présente.
On a même évoqué le syndrome de la « mère froide », cette vieille croyance selon laquelle l’autisme serait provoqué par un manque d’affection maternelle.
Elle aurait pu baisser les bras. Se résigner. Laisser faire.
Mais non. Elle a observé. Elle a noté. Elle a cherché. Elle a documenté.
Parce qu’elle savait, au fond, qu’il ne s’agissait ni d’un caprice, ni d’un trouble de l’éducation.
Elle a tenu. Et elle a tenu son fils.
Le poids des épreuves… et l’amour comme boussole
Ce qu’elle raconte avec émotion, c’est aussi les défis quotidiens.
Changer d’école. Déménager. Recommencer à chaque fois.
Être attentive aux déclencheurs de crise. Anticiper l’imprévisible. Prévoir les musées, les sorties calmes, les temps de récupération mentale.
Tout cela, sans jamais délaisser le reste de la fratrie. Ni son couple. Ni sa carrière.
La résilience, ici, c’est celle d’une maman équilibriste, qui avance sur un fil tendu entre les besoins intenses de Paul… et ceux de ses deux autres enfants.
Elle dit clairement :
« Quand je l’emmène en vacances, je me dis : il faut que je le nourrisse intellectuellement. »
Parce que c’est ce qui l’apaise. Parce que sinon, la tension revient. Le chaos intérieur explose.
Et elle l’a compris. À force d’essais, d’erreurs, de moments de désespoir, et de petits miracles.
Paul : d’une dépression sévère… à la lumière
Il y a eu des périodes très sombres. Une dépression sévère, notamment, qui aurait pu le faire plonger pour de bon.
Et c’est là qu’un choix improbable a tout changé. Un simple jeu télé.
Les Douze Coups de Midi.
Un espace inattendu où ses connaissances, si souvent mises de côté à l’école, sont enfin reconnues, valorisées, applaudies.
Ce n’était pas un miracle. C’était le fruit de toutes ces années à lire, écouter, mémoriser.
Et surtout : le fruit de cette mère qui n’a jamais éteint la lumière, même dans les moments les plus noirs.
Sophie raconte qu’elle n’y croyait pas trop. Elle l’a accompagné pour qu’il tente, sans trop d’espoir. Et pourtant…
Paul est resté 153 émissions. Il est devenu un champion. Il a repris confiance. Il a trouvé un rôle. Une reconnaissance.
Ce n’était pas la télé qui l’a sauvé.
C’était la première fois que son fonctionnement atypique devenait une force.
La résilience, dans cette famille, ne se résume pas à « tenir bon ».
C’est adapter sans renier, résister sans s’endurcir, accompagner sans écraser.
Et surtout, c’est croire que derrière chaque comportement déroutant… il y a une personne qui attend d’être comprise, révélée, respectée.
Je t’invite à lire également le témoignage d’Hélène, maman psychologue, sur le syndrome Asperger : Syndrome d’Asperger chez l’enfant : le parcours inspirant d’une mère psychologue
5 outils concrets pour les parents d’un enfant Asperger
Ce qui rend le témoignage de Paul et Sophie si précieux, c’est qu’il ne se contente pas de raconter. Il donne des clés.
Des gestes simples. Des prises de conscience.
Des façons de faire qui peuvent changer le quotidien de nombreuses familles.
Parce qu’un enfant Asperger, ce n’est pas un enfant qu’il faut « corriger », mais un enfant qu’il faut comprendre pour pouvoir l’accompagner. Voici les outils concrets que l’on peut retenir de leur histoire.
1/ Observer sans interpréter
Quand Paul, enfant, alignait ses petites voitures, beaucoup auraient vu un toc, une bizarrerie.
Mais Sophie, elle, a observé sans juger. Elle a cherché à comprendre pourquoi.
Elle a fini par mettre le doigt sur quelque chose de fondamental chez les enfants Asperger : ils ont besoin de mettre de l’ordre dans un monde qu’ils perçoivent comme chaotique.
👉 Outil n°1 : Lorsque ton enfant répète une action, suit un rituel, crée des listes… demande-toi :
« Qu’est-ce que ça apaise chez lui ? »
Souvent, c’est une tentative d’auto-régulation. Et ce n’est pas à supprimer, c’est à canaliser.
2/ Accueillir les limites
Paul disait à sa maman :
« Je veux bien faire ce que tu me demandes. Mais ma tête, elle veut pas. »
Il ne s’agissait pas de provocation, ni de désobéissance. Mais d’un vrai conflit intérieur.
Les enfants Asperger ne choisissent pas leurs réactions émotionnelles. Ils y sont souvent soumis.
👉 Outil n°2 : Au lieu de répondre par l’autorité, propose une pause émotionnelle.
Un endroit calme. Un objet sensoriel. Une activité connue. Un simple :
« Je vois que c’est trop pour toi là tout de suite. On respire et on en reparle. »
3/ Nourrir les intérêts spécifiques
Paul adore les listes. Les personnalités historiques. Les musées. La mémoire.
Et ce sont ces intérêts-là qui lui ont permis de briller dans Les Douze Coups de Midi.
Ce que l’école ignorait, le jeu télévisé l’a révélé.
👉 Outil n°3 : Plutôt que de chercher à diversifier à tout prix, plonge dans son monde à lui.
Un enfant Asperger passionné par les dinosaures ? Propose-lui d’écrire une encyclopédie.
Fan de stations de métro ? Propose-lui de créer une carte interactive.
L’intérêt restreint peut devenir un levier d’apprentissage et de fierté.
4/ Structurer avec souplesse
Ce qui apaise, c’est la prévisibilité.
Les imprévus, les changements de plans, les transitions : tout cela peut être perçu comme des agressions.
👉 Outil n°4 : Mettre en place une routine visuelle simple.
- Planning de la journée
- Compte à rebours avant une sortie
- Objets de transition (un carnet, un fidget, une photo…)
Et surtout : préparer verbalement ce qui va se passer : « On va au musée. Ensuite, on rentre. Tu pourras faire ta liste quand on revient. »
5/ Ouvrir un espace d’expression
Sophie le dit très bien : ce qui a sauvé Paul, ce n’est pas le cocon, c’est le jour où il a été reconnu pour ses talents.
👉 Outil n°5 : Offrir un espace d’expression où l’enfant peut être lui-même.
Une activité valorisante. Un jeu. Un lieu qui respecte son rythme.
Et pourquoi pas… lui proposer un petit podcast, comme Paul en rêve, où il raconte chaque jour une anecdote historique ?
Accompagner un enfant Asperger, ce n’est pas résoudre un problème.
C’est ouvrir un chemin. En famille. Avec souplesse, humour, patience et une bonne dose de créativité.
Je termine cet article avec un autre asperger célèbre inspirant : Daniel Tammet : l’autiste Asperger qui défie les limites du cerveau humain

Conclusion
Ce que cette histoire m’a appris, c’est qu’on ne voit jamais tout ce qu’il y a derrière un enfant qui « dérange », qui « résiste », qui « ne rentre pas dans les cases ».
On ne voit pas les efforts invisibles. La fatigue des parents. L’intelligence cachée. Le courage quotidien.
Paul et sa maman nous rappellent une chose essentielle : ce n’est pas à l’enfant de s’adapter au monde, c’est à nous de faire de la place pour sa façon d’être.
Alors si toi aussi tu te sens parfois perdue, épuisée, jugée… respire. Tu n’es pas seule. Et surtout : tu n’es pas en train d’échouer. Tu es en train de faire un travail gigantesque, à la fois humble et héroïque.
Et si tu veux aller plus loin, je t’encourage à lire leur livre Atypiques. Ce n’est pas juste un témoignage. C’est un guide pour voir autrement. Aimer autrement. Accompagner différemment.
Parce qu’au fond, tout commence par là : changer le regard que l’on pose sur son enfant.
Pour découvrir mes meilleurs conseils en images, c’est sur ma chaine OptimismeCool.
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