Perfectionnisme

Enfants atypiques et perfectionnisme : Comment équilibrer aspirations et bien-être?

Noël approche. C’est l’occasion de passer un moment de qualité en famille. L’activité est toute trouvée : la décoration du sapin de noël.

Tu as déjà tout prévu et tu es toute excitée à l’idée de sortir les nouvelles guirlandes scintillantes blanches et la collection d’ornements dorés. Il y a de tout : des boules transparentes avec des flocons, des étoiles lumineuses, des petits anges, des pompons de neige cotonneux.

L’activité commence dans la bonne humeur générale.

Mais au bout de 5 minutes chrono, il y a un membre de la famille qui devient un peu autoritaire et un peu frustré. Son perfectionnisme a pris le dessus. Il insiste pour que chaque guirlande soit parfaitement alignée, que chaque ornement soit à la bonne hauteur et que les lumières clignotent en parfaite synchronisation.

Ce n’est pas vraiment l’ambiance joyeuse que tu espérais : ça râle, ça peste, ça insiste sur de tous petits détails. Ce membre de la famille qui a fini par créer une vraie tension dans tout le salon, c’est ton enfant.

Comment gérer le perfectionnisme de ton enfant sans le blesser et sans l’arrêter dans son élan passionné?

On te donne les clés pour trouver le juste équilibre.

Définition du perfectionnisme

Le perfectionnisme chez l’enfant est une tendance à rechercher un niveau de performance ou de réalisation extrêmement élevé, souvent associé à des attentes irréalistes envers lui-même.

Cela peut entraîner des sentiments d’anxiété, de frustration et de déception lorsque les attentes ne sont pas atteintes. Le perfectionnisme peut être motivé par le désir d’approbation, la peur de l’échec ou le besoin de contrôle.

Dans le cas du sapin de noël cité en introduction, c’est plutôt un besoin de contrôle.

Sapin noël

Signes de perfectionnisme chez l’enfant : savoir les identifier

Voici les 5 signes les plus courants concernant le perfectionnisme :

  • L’auto-critique excessive : L’enfant se critique sévèrement pour la moindre erreur ou imperfection, même celles qui sont mineures.
  • L’insatisfaction constante : L’enfant peut être constamment insatisfait de ses propres réalisations, même s’il obtient de bons résultats.
  • La fixation sur les détails : L’enfant se concentre souvent sur les détails au détriment de la vue d’ensemble, ce qui peut entraîner une perte de temps et d’énergie.
  • La demande d’approbation constante : L’enfant recherche fréquemment l’approbation et les éloges des autres pour se sentir valorisé.
  • Le stress et l’anxiété : Le perfectionnisme peut entraîner un stress et une anxiété accrus, car l’enfant se sent constamment sous pression pour performer de manière exceptionnelle. Et lorsque l’enfant échoue, la frustration, la colère ou la tristesse sont encore plus intenses.

Le perfectionnisme chez les enfants atypiques

Il y a 3 catégories d’enfants atypiques qui sont particulièrement touchés par le perfectionnisme:

Les enfants à Haut Potentiel Intellectuel (HPI)

Ces petits prodiges, souvent étiquetés comme « surdoués », ont une soif d’apprendre et une capacité à comprendre qui dépassent l’ordinaire. Le revers de la médaille ? Ils peuvent être extrêmement durs avec eux-mêmes, visant toujours la perfection.

Les enfants avec des Troubles de l’Attention (TDA)

Paradoxalement, certains enfants hyperactifs ou avec un TDA/H (Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité) peuvent aussi être perfectionnistes. Ils peuvent se sentir constamment sous pression pour compenser leurs difficultés d’attention ou d’hyperactivité.

Les enfants hypersensibles

Ces enfants ressentent les choses plus intensément. Cette sensibilité accrue peut les rendre plus susceptibles de rechercher la perfection, dans une quête de contrôle sur un monde parfois trop stimulant.

Pour toi, parent de ces jeunes esprits, le défi est de taille. Comment les aider à viser l’excellence sans se noyer dans l’autocritique ? Voici quelques pistes pour t’aider.

A lire aussi : Comment aider ton enfant hypersensible?

Valoriser le processus, pas uniquement le résultat

Reprenons notre exemple de sapin de noël : ton enfant veut que chaque guirlande soit parfaitement alignée, que chaque ornement soit à la bonne hauteur, que les lumières clignotent en parfaite synchronisation.

Cela peut sembler un peu décourageant, n’est-ce pas ?

C’est là que nous devons reprendre la main. Plutôt que de se focaliser uniquement sur le résultat final (un sapin parfait), nous devons sensibiliser notre enfant sur le fait que le processus est tout aussi important. C’est dans ces moments d’effort collectif que se forment les souvenirs les plus précieux.

Invitons notre enfant à apprécier le voyage de la décoration du sapin, à rire des petites erreurs et à comprendre que la véritable magie de Noël réside dans l’amour et la connexion que nous partageons en famille.

Ca ne marche pas?

Une autre option : Accepter que la décoration soit importante pour lui.

Mais lui demander de ne pas s’attarder sur les détails au point de créer de la tension. Pourquoi pas lui attribuer une zone spécifique du sapin où il peut s’exprimer librement (le bas par exemple), tandis que le reste sera décoré de manière plus simple.

Cet exemple illustre comment le perfectionnisme d’un enfant atypique peut parfois créer des tensions au sein de la famille, mais avec communication et compréhension, il est possible de trouver des solutions qui préservent l’harmonie familiale.

Cultiver l’acceptation de l’imperfection

Apprendre de ses erreurs

Pour aider les enfants atypiques perfectionnistes, les parents doivent montrer qu’il est tout à fait normal de se tromper. Les erreurs ne sont pas des échecs, mais des occasions de grandir et d’apprendre.

Lorsque les parents admettent leurs imperfections, ils transmettent un message puissant à leurs enfants : « Il est normal de faire des erreurs, et c’est grâce à elles que nous évoluons. »

A lire aussi : Comment accepter l’échec?

Montrer l’exemple

En racontant des anecdotes réelles où tu as surmonté tes propres doutes et erreurs, tu pourrais inspirer tes enfants. Ils pourraient s’identifier à ces situations et se sentir moins seuls dans leur cheminement. Chaque erreur devient une histoire à partager, une leçon à tirer et même un joli moment de rigolades.

Le jour où tu as confondu le sel et le sucre pour faire la jolie tarte aux figues?

Ou le jour où tu t’es trompé de jour pour souhaiter l’anniversaire de mamie?

Les bienfaits de l’imperfection

Dans son livre  » Les bienfaits de l’imperfection « , Brenée Brown nous invite à embrasser nos imperfections pour mener une vie plus épanouie, en nous libérant de la pression de la perfection. Elle y souligne l’importance de la vulnérabilité et de l’authenticité, en montrant comment accepter nos faiblesses peut renforcer nos relations et notre bien-être.

Le livre met en lumière le courage de se montrer tel que l’on est, en dépassant la peur du jugement et en cultivant la compassion envers soi-même et les autres. Brown encourage à trouver un équilibre entre acceptation de soi et aspiration à grandir, en reconnaissant que l’imperfection fait partie intégrante de l’expérience humaine.

Encourager l’auto-compassion

L’auto-compassion, c’est le super pouvoir d’être son propre meilleur ami, même dans les moments difficiles. En tant que parent, tu peux aider tes enfants à développer cette précieuse compétence émotionnelle.

Commence par leur expliquer que l’auto-compassion n’est pas de l’indulgence, mais plutôt une manière de traiter les erreurs et les échecs avec compréhension et bienveillance. Ils ne devraient pas être trop durs envers eux-mêmes.

Montre-leur comment tu t’appliques toi-même cette auto-compassion. Partage tes propres anecdotes de moments où tu as fait des erreurs et comment tu t’es réconforté.

Explique-leur que l’auto-compassion est une des clés du bonheur. Les enfants qui se traitent avec gentillesse sont plus confiants et moins anxieux. Ils sont prêts à affronter les défis avec une attitude positive.

En cultivant l’auto-compassion, tu aides tes enfants à construire une relation précieuse avec eux-mêmes.

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Le perfectionnisme forge les légendes

Tu es souvent agacé par le perfectionnisme de ton enfant?

Rappelle-toi que le monde des célébrités regorge d’exemples inspirants d’individus atypiques pour qui le perfectionnisme a été un véritable tremplin. Voici quelques étoiles qui ont brillé grâce à leur quête de l’excellence.

Steve Jobs, le visionnaire exigeant

Steve Jobs, co-fondateur d’Apple, était connu pour son tempérament intense et sa perspicacité hors norme. Sa quête obsessionnelle de la perfection dans le design et la fonctionnalité a révolutionné plusieurs industries.

Son perfectionnisme a aidé à créer des produits emblématiques comme l’iPhone, changeant la façon dont le monde communique.

Simone Biles, la gymnaste d’exception

Diagnostiquée avec un trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (TDAH), Simone Biles a surmonté de nombreux défis. Sa détermination et son attention aux détails lui ont permis de réaliser des performances gymnastiques époustouflantes. Elle se démarque par le degré de difficulté de ses exercices et les mouvements créés à son nom.

Elle est devenue l’une des gymnastes les plus décorées de l’histoire, inspirant des millions de jeunes athlètes, avec un palmarès également riche de sept médailles olympiques.

Elon Musk, l’innovateur infatigable

Elon Musk, qui a déclaré être un autiste Asperger, a toujours été un penseur différent. Sa poursuite incessante de l’innovation et de la perfection a propulsé des entreprises comme SpaceX et Tesla.

Il a révolutionné l’industrie spatiale et automobile, et continue de repousser les frontières de la technologie.

De jolis exemples inspirants n’est-ce pas?

Conclusion

Le perfectionnisme chez les enfants atypiques, tels que les enfants à Haut Potentiel Intellectuel (HPI), ceux avec des Troubles de l’Attention (TDA), et les enfants hypersensibles, est un double tranchant. Il peut mener à des réalisations remarquables, à l’instar de personnalités telles que Steve Jobs, Simone Biles et Elon Musk.

Cependant, il est crucial de reconnaître et de gérer un perfectionnisme excessif. Valoriser le processus d’apprentissage plutôt que le résultat final, encourager l’acceptation de l’imperfection et cultiver l’auto-compassion sont essentiels pour maintenir un équilibre sain.

En tant que parents, accepter nos propres imperfections et montrer l’exemple peut grandement aider ces enfants. Les erreurs doivent être vues comme des opportunités de croissance, et l’imperfection comme une partie naturelle de la vie.

Ainsi, un perfectionnisme bien orienté et équilibré chez les enfants atypiques peut non seulement réduire le stress et l’anxiété, mais aussi ouvrir la voie à une vie réussie et épanouie.

Cet article participe à l’événement interblogueurs « Le perfectionnisme, un atout ou un frein à la réussite? » lancé par le blog madame-pas-de-soucis.fr 

Valérie – Madame Pas de Soucis, life organiser depuis 2017, a fait de la charge mentale son cheval de bataille. Parmi tous les articles de son blog, il y en a deux que je trouve particulièrement intéressant :

Commentaires

  1. Virginie

    Merci pour cet article. Je me sens vraiment concerné avec mon 2eme qui est très exigeant avec lui même, cela lui vaut des pleurs plusieurs fois par semaine. Merci pour les conseils, valoriser le processus et dire que se tromper c’est apprendre marche asse bien pour lui !

  2. Créactiv'Epanouies

    Article très intéressant!
    L exemple d elon Musk est très inspirant!

  3. Edouard Le Minor

    Merci pour cet article ! Très pertinent, que ce soit pour les enfants mais pas que ! Les adultes perfectionnistes peuvent tout autant se sentir visés. Article super utile !

  4. Sciences Ludiques

    Merci pour cert article! Malgré son atypie, mon second ne montre pas un perfectionnisme démesuré. A moins que sa peur de l’échec, lorsqu’il préfère baisser les bras plutôt que le relever ses manches, soit un signe de perfectionnisme?
    En tout cas, je prends note de ces bons conseils!

    1. Manager Papillon

      Ravie d’avoir pu apporter un éclairage différent sur le perfectionnisme.

  5. MARTINEZ

    Mes deux enfants ont été diagnostiqués surdoués par une neuropsy. Pourtant les deux sont très différents. L’un est perfectionniste, très organisé et ne dévie jamais de ses objectifs. L’autre pas du tout. Il va travailler autrement et à une tendance au bordel assez prononcée…donc pas du tout perfectionniste. Et si je lui demande de ranger, la réponse: c’est mon côté artiste qui s’exprime!

    1. Manager Papillon

      C’est fascinant d’avoir 2 facettes très différentes de la douance.

  6. Jeanne OO

    Excellent article. Effectivement montrer l’exemple à nos enfants en acceptant nos imperfections, en leur racontant des anecdotes où nous avons fait des erreurs et avons tiré des leçons de cela est une approche constructive. Merci pour tous ces conseils.

  7. Nathalie

    Merci pour cet excellent article, je reconnais bien là mon fils diagnostiqué TDAH. Il est effectivement important de montrer que le chemin est aussi important que le résultat et accepter en tant que parent d’être imparfait (aussi 😉). Belle journée. Nathalie

  8. Arnaud d'Entrepreneur Facile

    Super intéressant, merci pour cet article qui permet de trouver quelques pistes pertinentes face au perfectionnisme !

  9. Valérie, Madame Pas de Soucis

    Merci pour ta super participation ! 😊🌴

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