
Comment apprendre autrement? La puissance de la pyramide d’Edgar Dale
Quand Melyssa avait 10 ans, elle m’a un jour regardée avec les larmes aux yeux et m’a dit :
« Maman, je crois que j’ai mon cerveau a un problème. »
C’était après une leçon d’histoire à l’école. Elle avait pourtant écouté, recopié, essayé de relire la fiche.
Mais au moment de répondre aux questions… trou noir.
Moi aussi, j’étais démunie. Je me disais : « Pourtant, elle y met du cœur… pourquoi ça ne rentre pas ? »
J’ai tenté d’expliquer autrement. Rien. On s’est accroché. On s’est fatigué.
Et puis un jour, on a fait autrement. Des mots-clés qui ont ouvert une autre histoire dans son cerveau.
« Montgolfière » : ça évoquait la révolution industrielle, les bouleversements technologiques, où l’homme commence à dominer les éléments, à inventer des machines et à rêver de conquérir le ciel.
« Caverne » : ça renvoyait à l’image des premiers humains vivant dans des grottes, peignant sur les parois et y trouvant refuge.
Ce jour-là, j’ai compris que le problème ne venait pas de Melyssa.
Il venait de la façon dont on lui demandait d’apprendre.
Aujourd’hui, je veux te partager un outil visuel simple et puissant :
la pyramide d’Edgar Dale, aussi appelée « le cône de l’apprentissage ».
Elle a totalement changé notre manière de réviser, de comprendre, et surtout… de souffler.
- Apprendre autrement : pourquoi la méthode compte plus que la leçon?
- Apprendre autrement : 3 erreurs fréquentes qui bloquent l’apprentissage
- Ce que l’école a érigé en modèle (mais qui ne fonctionne pas pour nos enfants)
- Pyramide d’Edgar Dale : 3 stratégies pour apprendre autrement à la maison
- Conclusion : et si on les laissait vraiment apprendre autrement ? Bouger, chanter, créer pour retenir
Apprendre autrement : pourquoi la méthode compte plus que la leçon?
Cerveau atypique et apprentissage : pourquoi il faut sortir du cadre?
Un enfant neuroatypique n’est pas un élève paresseux ou distrait.
C’est un enfant dont le cerveau fonctionne hors des sentiers battus.
Un enfant TDAH, par exemple, aura besoin de bouger pour se concentrer. Il capte mille détails en même temps, mais il a du mal à rester attentif à ce qui ne l’implique pas activement.
Un enfant dyslexique ou dyspraxique aura besoin de voir et manipuler, pas seulement d’entendre ou de lire.
Un enfant HPI, lui, a besoin de sens, de logique, d’exploration. Si le contenu ne le stimule pas, il décroche. Pas parce qu’il ne peut pas. Parce qu’il s’ennuie.
Chez ces enfants, le canal d’apprentissage « classique » ne suffit pas.
Ils apprennent en expérimentant, en questionnant, en vivant. Ils ont besoin de ressentir, de jouer, d’imaginer. De devenir les acteurs de leur savoir.
Ce ne sont pas eux qu’il faut « réparer ».
C’est la manière de transmettre qu’il faut adapter à leur façon de comprendre.
La pyramide d’Edgar Dale : comprendre comment on retient vraiment
Edgar Dale était un pédagogue américain, chercheur en sciences de l’éducation, passionné par la façon dont les enfants retiennent l’information.
Dans les années 1960, il a créé ce qu’on appelle aujourd’hui la pyramide des apprentissages, ou le cône de l’expérience. Son objectif ? Montrer que le mode de transmission influence directement la mémorisation. Il a classé les différentes façons d’apprendre selon leur efficacité, du plus passif au plus actif.
Dale a observé que plus un enfant est passif, moins il retient ce qu’il apprend.
Lire ? Il en retient en moyenne 10 %.
Écouter une explication ? 20 %.
Regarder une vidéo ? 30 %.
Et pourtant, ce sont les formats les plus utilisés à l’école.
Mais dès qu’un enfant commence à participer, à manipuler, à faire lui-même, les taux de mémorisation grimpent en flèche. On parle de 70 % pour une activité pratique. Et jusqu’à 90 % s’il enseigne à quelqu’un d’autre.
En d’autres termes, plus l’enfant s’implique dans le processus, plus son cerveau enregistre l’information.
C’est logique : notre mémoire s’active quand on est en mouvement, quand on est stimulé, quand on vit une émotion liée à ce qu’on apprend.
Et pour les enfants atypiques, cette implication n’est pas un bonus. C’est une condition essentielle à l’apprentissage.

Apprendre autrement avec Melyssa : les tables de multiplication
Les tables de multiplication ont été notre premier grand combat.
Chaque soir, on essayait de les apprendre. Je les disais, elle les répétait. Je lui faisais des mini-quizz. Elle stressait. Elle buggait. Elle s’en voulait.
Et moi, je culpabilisais. Je me disais que je devais mal m’y prendre, ou que ma fille n’était « pas faite pour les maths ».
J’ai essayé les memory cards, ça allait mieux.
Et puis un jour, presque en jouant, je lui ai proposé d’apprendre en chanson sur youtube. On a pris un rythme avec les mains. Et là… elle a retenu.
Puis on a dansé. Et elle riait. Elle s’amusait. Et surtout, elle réussissait.
C’est ce jour-là que j’ai compris que ce n’était pas elle qui devait s’adapter aux devoirs.
C’était à nous de changer notre regard sur ce qu’apprendre veut dire.
Je te donne un autre exemple ludique qui nous a aidé pour l’apprentissage de la lecture : Dyslexie et lecture : comment le karaoké peut devenir un outil d’apprentissage ludique?
Apprendre autrement : 3 erreurs fréquentes qui bloquent l’apprentissage
Non, répéter ne suffit pas : ce que la pyramide d’Edgar Dale nous apprend
C’est sûrement l’erreur la plus fréquente, et je l’ai faite pendant longtemps.
Quand un apprentissage ne passait pas, je me disais simplement : “Il faut recommencer, encore et encore.”
On croit bien faire. On pense que plus on répète, plus l’information finira par entrer. C’est logique… sauf que ça ne marche pas. Ou alors, ça marche une heure. Pas plus.
Avec Melyssa, je voyais bien que chaque répétition la mettait un peu plus sous pression. Son regard se vidait. Son corps se tendait. Elle récitait comme un robot, mais dès qu’on changeait la question de forme, tout s’effondrait.
Parce qu’apprendre, ce n’est pas mémoriser mécaniquement. C’est créer du sens. Et nos enfants atypiques ont un détecteur intégré : s’ils ne comprennent pas pourquoi ils apprennent, ou à quoi ça sert, ils se ferment.
Aujourd’hui, je préfère une seule répétition, mais en mode mission secrète, en image mentale, ou à travers une histoire qu’elle invente.
Et tu sais quoi ? Ça fonctionne bien mieux. Parce que c’est vivant.
Neuroatypie et apprentissage : bouger pour mieux apprendre
Je me suis longtemps accrochée à cette idée que, pour bien apprendre, il fallait le calme total. Pas un bruit. Pas un mouvement. Assise droite, crayon bien tenu. La « bonne élève modèle » comme on l’a toutes fantasmée.
Mais Melyssa, elle, bougeait. Elle faisait tourner son crayon, grattait la table, chantonnait à voix basse. Et moi, je perdais patience : “Concentre-toi un peu, enfin !”
Jusqu’au jour où j’ai compris que son agitation n’était pas une distraction.
C’était une façon de rester connectée à ce qu’elle faisait.
Pour elle (et pour beaucoup d’enfants TDAH), le mouvement soutient la pensée. C’est leur façon d’intégrer les infos, de rester présents.
Depuis, on installe parfois un coussin de concentration. Parfois, elle révise en marchant. Ou en dessinant pendant qu’elle écoute. Et ça ne l’empêche pas d’apprendre. Au contraire.
La vraie concentration ne passe pas toujours par l’immobilité. Elle passe par l’engagement intérieur, et ça, chaque enfant le vit à sa manière.
Il n’existe pas une seule méthode : apprendre autrement, c’est adapter
Tu l’as peut-être déjà remarqué : tu appliques une méthode qui a super bien marché pour l’aîné, ou celle que la prof de soutien t’a conseillée… et là, rien ne se passe. Zéro résultat. Zéro motivation. Zéro lien.
Et tu te dis : “Mais pourquoi ça ne marche pas ?”
Parce que chaque enfant a un profil unique. Une manière de traiter l’information. Un rythme. Des besoins spécifiques.
L’erreur, c’est de croire qu’il y a une bonne méthode universelle.
Mais en réalité, il n’y a que des méthodes à tester, à ajuster, à co-construire avec ton enfant.
Avec Melyssa, j’ai essayé les cartes mentales. Les vidéos. Les jeux. Et parfois, c’est elle qui m’a soufflé ce qui lui faisait du bien.
Aujourd’hui, je ne cherche plus LA méthode miracle.
Je cherche ce qui lui parle, là, maintenant, en fonction de son état, de son humeur, de sa fatigue. Et ça change tout.
Quelques idées que tu pieux piocher ici pour améliorer le moment des devoirs scolaires : Devoirs scolaires : 7 stratégies simples pour ton enfant neuroatypique

Dans cette vidéo, tu trouveras aussi nos principales erreurs en tant que parents d’enfants neurotaypiques.
Ce que l’école a érigé en modèle (mais qui ne fonctionne pas pour nos enfants)
Le cours magistral : quand l’enfant devient spectateur de son propre apprentissage
Melyssa a passé des années à écouter sans comprendre.
Elle regardait la maîtresse, prenait des notes comme elle pouvait, hochait la tête pour faire illusion… mais dès qu’elle rentrait à la maison, elle avait tout oublié. Ou presque.
Et je ne compte plus les parents que j’accompagne qui me disent :
“Je ne comprends pas… il était en classe, il a tout entendu, pourquoi il n’a rien retenu ?”
La réponse est simple : écouter ne suffit pas à apprendre, surtout pour un enfant atypique. Le cerveau ne peut pas retenir ce qu’il ne traite pas activement.
Et dans un cours magistral, l’enfant est passif. Il subit un flot d’informations sans interaction, sans lien avec son vécu, sans mouvement. Résultat ? Il décroche. Il s’ennuie. Il se ferme.
Et pourtant, c’est encore le modèle dominant à l’école. Parce que c’est pratique. Parce que c’est rapide. Parce que c’est ce qu’on a toujours fait.
Mais ce modèle n’est pas fait pour les cerveaux atypiques. Ils ont besoin de manipuler, d’interagir, de poser des questions, de faire des liens.
Apprendre, ce n’est pas écouter une histoire. C’est entrer dedans. Y prendre part. La transformer.
Les fiches de révision : une fausse bonne idée
Pendant longtemps, je croyais que faire une belle fiche, bien propre, avec des couleurs, des titres et des encadrés, c’était une preuve d’apprentissage.
Alors j’en faisais pour Melyssa. Ou je l’aidais à les faire. Et je me disais : “Là, c’est clair, elle va s’en souvenir.”
Mais elle ne s’en souvenait pas.
Parce que pour elle, copier un contenu ne veut pas dire qu’elle le comprend.
Et surtout, parce qu’une fiche, c’est statique. Elle est là, figée sur le papier, sans lien avec l’émotion, sans mouvement, sans action.
Pour un enfant atypique, la fiche est souvent trop chargée, trop abstraite, trop figée.
Ce qu’il lui faut, c’est un support vivant. Une carte mentale faite à sa façon. Un dessin. Une maquette. Un schéma construit ensemble.
Et parfois… rien du tout. Juste un jeu de rôle ou une mise en scène.
La clé, ce n’est pas d’écrire joliment ce qu’il doit retenir.
C’est de faire exister l’information dans sa tête, dans son corps, dans ses émotions.
L’évaluation écrite comme seul juge des compétences
Combien d’enfants neuroatypiques se sentent nuls… parce qu’ils n’arrivent pas à écrire ce qu’ils savent ?
Ce n’est pas qu’ils n’ont pas compris. C’est qu’ils n’arrivent pas à poser les bons mots, dans le bon ordre, dans le temps imparti.
Et ça les condamne à des notes injustes, qui ne reflètent ni leur intelligence, ni leur potentiel.
L’évaluation, dans sa forme classique, repose encore trop souvent sur un modèle unique : l’écrit silencieux en temps limité.
Mais ce modèle exclut une grande partie de nos enfants. Il ne mesure pas leur compréhension réelle, leur créativité, leur capacité à expliquer autrement.
Pourquoi ne pas leur proposer une présentation orale ? Un podcast maison ? Une affiche, une vidéo, une saynète ?
Quand on change la manière d’évaluer, on change le regard que l’enfant porte sur lui-même.
Et ce changement-là, il est aussi puissant qu’un 20/20 sur une copie.

Pyramide d’Edgar Dale : 3 stratégies pour apprendre autrement à la maison
Apprendre en bougeant : quand le corps devient un outil d’apprentissage
Un jour, en plein devoir de maths, Melyssa n’arrivait pas à comprendre la notion de périmètre. On avait tout essayé : les définitions, les exemples, les dessins… Rien n’y faisait.
Alors j’ai sorti un mètre ruban. On a construit des figures ensemble. On a marché autour, on a mesuré avec ses pas, puis avec le mètre.
Et là, tout s’est éclairé. Elle a levé les yeux vers moi et m’a dit : « Ahhh, c’est ça, le périmètre ! »
Ce jour-là, j’ai compris que le corps est une porte d’entrée pour le cerveau.
Les enfants atypiques ont souvent besoin de manipuler, toucher, bouger pour comprendre. Ce n’est pas une faiblesse, c’est une force sous-estimée.
C’est d’ailleurs ce que montre la base de la pyramide d’Edgar Dale : plus l’enfant fait, plus il retient.
Alors n’hésite pas à rendre les apprentissages physiques, vivants, ludiques :
- en traçant les mots au sol à la craie,
- en cuisinant pour réviser les fractions,
- en jouant aux profs dans le salon.
Apprendre, c’est aussi jouer, explorer, improviser avec ce qu’on a sous la main.
Co-créer l’apprentissage avec son enfant : une clé de la pyramide d’Edgar Dale
Ce que j’adore avec Melyssa, c’est qu’elle trouve souvent des idées bien plus efficaces que les miennes.
Un jour, on devait réviser les pays anglophones pour une leçon de géographie. Je m’apprêtais à sortir la carte, les surligneurs, la liste à apprendre par cœur…
Et elle m’a arrêtée :
« Et si on demandait à ChatGPT ? »
Elle a lancé la question, noté les réponses, puis a commencé à les associer à des souvenirs concrets :
« Singapour, c’est là où on a été ? »
« Nouvelle-Zélande, c’est là où habite ta copine ? »
Et là, tout prenait sens. Ce n’était plus une liste abstraite. C’était une carte vivante de sa propre histoire.
Nos enfants ont des ressources incroyables… à condition qu’on les laisse co-créer leurs apprentissages.
Quand ils choisissent le support, le format ou le chemin pour y arriver, ils se sentent compétents. Et cette confiance-là, c’est bien plus fort que n’importe quelle méthode.
Concrètement, ça peut être :
- lui demander : “Comment tu aimerais qu’on retienne ça ensemble ?”
- proposer 2 ou 3 options (faire un quiz vocal ? dessiner une carte ? raconter une histoire ?)
- ou simplement le laisser te surprendre.
On ne leur demande pas d’être parfaits.
On leur apprend à devenir les auteurs de leur parcours.
Apprendre en enseignant : le pouvoir de la transmission inversée chez l’enfant
Tu connais ce principe : quand on explique à quelqu’un, on apprend deux fois mieux.
Eh bien c’est encore plus vrai pour un enfant atypique. Parce que enseigner, c’est organiser sa pensée, c’est reformuler, c’est s’approprier.
Tu peux lui demander de le faire aussi :
- avec une peluche comme élève,
- un petit frère ou une sœur complice,
- ou même devant toi, simplement, dans un rôle inversé.
La transmission, c’est une façon subtile et puissante de renforcer la confiance. Et c’est tout en bas de la pyramide d’Edgar Dale. Donc… tout en haut de l’efficacité !
D’autres stratégies efficaces ici : Comment aider son enfant neuroatypique à mieux apprendre ? 5 clés concrètes
Conclusion : et si on les laissait vraiment apprendre autrement ? Bouger, chanter, créer pour retenir
Tu sais, ce que la pyramide d’Edgar Dale m’a appris, ce n’est pas une technique de plus à appliquer.
C’est une philosophie de l’apprentissage vivant.
Un rappel simple, mais profond : les enfants retiennent ce qu’ils vivent. Ce qu’ils ressentent. Ce qu’ils transforment par eux-mêmes.
Nos enfants neuroatypiques ne sont pas faits pour écouter passivement des heures durant.
Ils ont besoin d’être actifs, engagés, surpris, émus, impliqués.
Et quand on leur donne cette liberté d’apprendre autrement, ils révèlent des talents qu’on croyait enfouis.
Alors si toi aussi, tu veux transformer les devoirs du soir en moments plus légers, plus efficaces, plus joyeux…
Si tu veux tester des approches concrètes, sans tout réinventer, mais en adaptant ce qui existe déjà à ton enfant, à ton quotidien…
“Nos enfants ne sont pas faits pour rentrer dans une pyramide figée. Ils sont là pour en construire une nouvelle, à leur image, vivante, mouvante et pleine de couleurs.”
Si cet article t’a parlé, c’est sûrement que tu vis aussi ces moments de fatigue, de tensions, de découragement.
J’ai rassemblé dans un guide gratuit les outils concrets qui m’ont aidée à traverser ça avec ma fille.
Trop de cris, de tensions, de doutes au quotidien ?
Ce guide va t’aider à comprendre ton enfant neuroatypique et à reprendre la main, pas à pas, sans t’épuiser.
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