reflexes archaiques

Comment les réflexes archaïques influencent le développement des enfants neuroatypiques?

Quand ma fille Melyssa était en petite section, je remarquais des choses inhabituelles : elle tombait souvent, avait du mal à appréhender des escaliers et elle était gauche dans ses mouvements. Je pensais que c’était juste des maladresses. Puis, une visite chez une psychomotricienne nous a révélé une suspicion de dyspraxie visuo-spatiale. C’est à partir de là que nous avons mis en place des mesures pour mieux l’accompagner.

L’année dernière, alors que ma fille a 13 ans, je découvre l’interview d’une ergothérapeute qui mentionne les réflexes archaïques. Ces mots m’étaient totalement étrangers. J’ai découvert que ces réflexes, présents dès la naissance, pouvaient rester actifs bien au-delà de la petite enfance et provoquer des difficultés que je n’aurais jamais associées à eux. Par exemple la maladresse de Melyssa pourrait être le signe d’un réflexe archaïque non intégré : le réflexe tonique labyrinthique.

Comprendre l’importance de ces réflexes m’a permis ouvert les yeux pour agir différemment. Aujourd’hui, je veux partager avec toi cette clé précieuse pour aider ton enfant à surmonter ses propres défis.

Réflexe archaïque : une clé pour comprendre le développement

Qu’est-ce qu’un réflexe archaïque ?

Les réflexes archaïques sont des mouvements automatiques que le cerveau primitif contrôle dès la naissance. Ils jouent un rôle essentiel dans la survie des tout-petits.

Par exemple, le réflexe de succion permet au nourrisson de s’alimenter immédiatement après sa naissance, tandis que le réflexe d’agrippement (quand un bébé serre ton doigt) assure une sécurité de base.

Ces réflexes se développent in utero et dans les premiers mois de vie, en réponse à des stimuli sensoriels. Ces mouvements automatiques permettent au bébé de s’adapter à son environnement, de se nourrir, de bouger, et de survivre.

Normalement, le cerveau évolue et « intègre » ces réflexes dans le système nerveux central, les remplaçant par des mouvements volontaires et des compétences plus complexes comme l’équilibre, la concentration ou la motricité fine. Cela se produit grâce à un processus appelé myélinisation, où les connexions neuronales deviennent plus rapides et efficaces.

Quand ces réflexes ne s’intègrent pas correctement, ils peuvent entraîner des défis subtils mais significatifs dans la vie quotidienne. Voici cinq réflexes archaïques qui, s’ils persistent, peuvent compliquer le quotidien et comment ils se manifestent.

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5 réflexes archaïques à connaître et leurs impacts

Le réflexe de Moro : le sursaut constant

Tu entends une porte claquer, et ton enfant sursaute violemment ?

Tu remarques qu’il a peur des bruits soudains ou qu’il se met à pleurer de manière excessive face à des changements mineurs ? Le réflexe de Moro pourrait être actif.

Normalement, ce réflexe de sursaut disparaît vers l’âge de 4 mois, mais s’il persiste, il peut provoquer une hypersensibilité au bruit, à la lumière ou au mouvement. Cela peut aussi rendre un enfant anxieux et constamment sur le qui-vive, rendant les transitions ou les sorties plus difficiles.

Le réflexe tonique asymétrique du cou (RTAC) : la bataille avec l’écriture

Si ton enfant a du mal à écrire proprement, s’il écrit lentement ou s’il a du mal à suivre les lignes sur une page, ce réflexe pourrait être en cause. Il affecte la coordination œil-main et la poursuite visuelle.

Cela se traduit souvent par des lettres qui ne tiennent pas sur la ligne, des difficultés à aligner correctement les colonnes en mathématiques, ou encore une lenteur dans les exercices scolaires.

À la maison, cela peut se voir lorsqu’il galère à boutonner une chemise ou à viser correctement en sport.

Le réflexe de Galant : la bougeotte permanente

Tu remarques que ton enfant ne peut pas rester assis calmement à table ou en classe, qu’il bouge sans cesse ou qu’il semble agité sans raison ? Le réflexe de Galant, qui stimule les muscles du dos pour préparer le bébé à ramper, peut être en cause.

S’il reste actif, il peut rendre inconfortable la position assise et perturber la concentration. Cela peut aussi se manifester par un besoin constant de se lever ou de changer de position pendant les devoirs.

Le réflexe tonique labyrinthique (RTL) : l’équilibre et l’orientation spatiale

Si ton enfant tombe souvent ou semble désorienté lorsqu’il doit comprendre des notions spatiales comme « gauche » et « droite », ce réflexe peut être impliqué.

En classe, cela se traduit par des difficultés à suivre des consignes comme « mets ton crayon à gauche de ton cahier », ou à comprendre des schémas simples. À la maison, cela peut rendre difficile le vélo ou la gymnastique, ou provoquer une maladresse chronique dans les jeux nécessitant une coordination fine.

Le réflexe de reptation : la lecture et la structuration

Un enfant avec ce réflexe encore actif peut avoir du mal à lire de façon fluide ou à structurer ses idées. Par exemple, tu peux remarquer qu’il saute des mots lorsqu’il lit à voix haute ou qu’il inverse les lettres. Lorsqu’il doit raconter une histoire, ses phrases peuvent sembler désordonnées, comme s’il avait du mal à organiser ses pensées.

Cela peut aussi se manifester par une difficulté à suivre des consignes étape par étape, comme « prends ton cahier, ouvre-le à la page 15 et souligne les mots-clés ».

Ces comportements peuvent sembler anodins ou être attribués à un manque d’attention ou de motivation. Mais derrière ces défis, il y a souvent une explication physiologique liée à ces réflexes archaïques. La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de travailler sur leur intégration avec des exercices simples et ludiques pour aider ton enfant à retrouver une meilleure harmonie dans son quotidien.

Tu trouveras ici une liste d’articles scientifiques sur le sujet : Que disent les articles scientifiques sur les approches des réflexes archaïques?

Réflexe archaïque et neuroatypie : une connexion évidente

Pourquoi les enfants neuroatypiques sont particulièrement concernés ?

Les enfants neuroatypiques sont souvent plus susceptibles de présenter des réflexes archaïques persistants.

Pourquoi ? Leur développement neurologique suit un chemin unique, avec parfois des retards dans certains processus comme la myélinisation (j’en parle plus haut). Cela peut empêcher le cerveau de « désactiver » ces réflexes primitifs.

Prenons le réflexe de Moro. Ce réflexe est censé protéger le nourrisson des dangers en déclenchant un sursaut face à un stimulus soudain (bruit ou lumière). Si ce réflexe ne s’intègre pas, l’enfant reste en hypervigilance constante. Résultat : hypersensibilité aux bruits, incapacité à se concentrer en classe, ou même anxiété chronique. Le réflexe de Moro serait particulièrement lié au TDAH ou présenteraient des symptômes proches du TDAH. 

Ces réflexes non intégrés sont souvent invisibles à l’œil nu, mais leurs effets se manifestent dans presque tous les aspects de la vie quotidienne : maladresse, fatigue mentale, difficulté à réguler les émotions. C’est pourquoi il est crucial de les identifier et de les travailler.

Les études démontrant le lien entre réflexes archaïques et neuroatypie.

Réflexes archaïques et TDAH

Cette étude menée par Wang a mis en évidence un lien clair entre le TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité) et certains réflexes archaïques non intégrés, notamment le réflexe tonique asymétrique du cou (RTAC) et le réflexe tonique symétrique du cou (RTSC).

Ces réflexes, qui devraient normalement disparaître au cours des premières années de vie, jouent un rôle clé dans la coordination des mouvements et la gestion de l’attention. Chez les enfants atteints de TDAH, ces réflexes sont souvent encore actifs, ce qui peut entraîner des difficultés motrices, des problèmes de concentration et un comportement impulsif.

L’étude montre une corrélation modérée mais significative entre le TDAH et ces réflexes primitifs, suggérant qu’ils pourraient aggraver certains des symptômes du trouble. Ces découvertes soulignent l’importance de vérifier la présence de réflexes archaïques chez les enfants atteints de TDAH. Des exercices simples pour intégrer ces réflexes pourraient améliorer leur concentration, leur comportement et leur bien-être général.

Réflexes archaïques et dyslexie

Cette étude de Mc Phillips M montre un lien entre la persistance de certains réflexes primitifs, comme le réflexe tonique asymétrique du cou (ATNR), et les difficultés de lecture chez les enfants.

Les élèves ayant de faibles compétences en lecture sont plus susceptibles de conserver ces réflexes, souvent associés à des problèmes de motricité. Les garçons semblent plus à risque, mais aucun facteur comme la situation sociale ne semble influencer directement ce phénomène.

L’étude souligne l’importance de prendre en compte ces réflexes dans l’accompagnement des enfants, bien qu’ils ne soient pas considérés comme la cause directe des troubles de lecture, notamment la dyslexie.

Réflexes archaïques et TSA

Cette étude de Robert Melillo montre un lien potentiel entre les réflexes archaïques persistants et le fonctionnement cérébral des personnes avec un TSA (trouble du spectre autistique).

Chez ces personnes, le cerveau semble avoir des connexions déséquilibrées : des connexions longues distances trop faibles et des connexions locales trop fortes. Ce déséquilibre peut être lié à des réflexes archaïques non intégrés, qui influencent le développement des réseaux cérébraux.

Les chercheurs pensent qu’en travaillant sur ces réflexes, il serait possible d’aider le cerveau à mieux s’organiser, améliorant ainsi certaines fonctions comme l’attention ou la gestion des émotions.

Reconnaître les signes d’un réflexe archaïque persistant

Comment savoir si un réflexe archaïque non intégré pourrait être en cause chez ton enfant ?

Voici les signes à surveiller :

  • Maladresse fréquente : Si ton enfant trébuche souvent, renverse ses affaires ou a du mal avec la motricité fine (comme boutonner une chemise), cela pourrait être lié à un réflexe non intégré.
  • Hypersensibilité sensorielle : Une réaction excessive aux bruits, à la lumière ou au toucher peut indiquer un réflexe de Moro actif.
  • Difficulté à se concentrer : Les réflexes persistants consomment de l’énergie mentale, laissant moins de ressources pour la concentration.
  • Émotions démesurées : Un réflexe archaïque non intégré peut maintenir l’enfant en état d’alerte, rendant la régulation émotionnelle plus difficile.

Aider ton enfant à intégrer ses réflexes archaïques

La bonne nouvelle, c’est que les réflexes archaïques peuvent être intégrés à tout âge grâce à des exercices adaptés. Voici des exemples de stratégies :

Les mouvements rythmiques : revenir aux bases du développement

Les mouvements rythmiques sont inspirés des balancements que les bébés effectuent naturellement dans l’utérus. Ces gestes primordiaux aident le système nerveux à se développer et à organiser les connexions neuronales essentielles. Lorsqu’un enfant grandit, mais que certains réflexes archaïques persistent, ces mouvements rythmiques peuvent recréer les conditions nécessaires à leur intégration.

Ces exercices sont simples, mais puissants. Par exemple, demande à ton enfant de se coucher sur le dos et de basculer lentement son corps de gauche à droite, comme un pendule. Ce mouvement imite les oscillations naturelles et stimule les connexions dans le tronc cérébral, une partie clé pour l’intégration des réflexes.

A lire aussi : Comment le Brain Gym transforme l’apprentissage?

Les exercices sensorimoteurs : cibler chaque réflexe

Les exercices sensorimoteurs sont conçus pour travailler directement sur des réflexes spécifiques en sollicitant le corps de manière ciblée. Chaque exercice stimule le cerveau en combinant des mouvements et des sensations pour favoriser l’intégration.

Prenons le réflexe de Moro. Un exercice simple consiste à demander à l’enfant de s’allonger sur le dos, de croiser les bras sur sa poitrine, puis de les étendre lentement tout en synchronisant avec sa respiration. Ce mouvement aide le système nerveux à désactiver la réponse automatique de sursaut et à développer une régulation émotionnelle plus stable.

Ces exercices ne sont pas réservés aux professionnels. Tu peux les apprendre avec un ergothérapeute ou dans des programmes spécialisés, puis les reproduire à la maison. Ce qui est essentiel, c’est la régularité et la douceur : aucun de ces mouvements ne doit être forcé ou inconfortable pour l’enfant.

Un professionnel : un accompagnement personnalisé

Faire appel à un professionnel spécialisé dans les réflexes archaïques, c’est offrir à ton enfant (ou à toi-même) une véritable chance de progresser. Grâce à des techniques douces et des exercices ludiques, un praticien peut aider à intégrer ces réflexes essentiels et à stimuler les connexions neuronales nécessaires au développement harmonieux.

Parmi ces professionnels, Stéphanie Lienemann, praticienne en réflexes archaïques, se distingue par son expertise et son approche bienveillante. Elle accompagne les bébés, enfants, adolescents, adultes et même seniors, pour surmonter des défis variés : difficultés de lecture, d’écriture, troubles de l’attention, problèmes moteurs ou gestion émotionnelle. Stéphanie propose un accompagnement sur mesure, adapté aux besoins spécifiques de chacun.

Il y a également Julie Lenfant, praticienne en réflexes archaïques et sophrologue. Elle est guidée par une passion de toujours : comprendre l’être humain et l’aider à se reconnecter à ses ressources intérieures. Formée à l’Institut Cassiopée et certifiée en Intégration Motrice Primordiale, elle accompagne enfants, adolescents et adultes dans la gestion des blocages émotionnels, cognitifs ou physiques.

Autrement, cette plateforme t’aidera à trouver un praticien dans ta région : Les réflexes archaïques par l’Atelier des Apprentissages

Adapter l’environnement : créer un cocon apaisant

Un réflexe archaïque actif, comme le réflexe de Moro, peut rendre un enfant hypersensible à son environnement. Les bruits soudains, les lumières vives ou même les vêtements serrés peuvent déclencher une réaction de stress. Créer un environnement apaisant est donc essentiel pour aider l’enfant à se sentir en sécurité.

À la maison, tu peux commencer par réduire les stimuli excessifs. Utilise des rideaux occultants pour minimiser les lumières vives et investis dans des casques antibruit si ton enfant est sensible aux bruits forts. Pour Melyssa, un simple tapis moelleux dans sa chambre, où elle pouvait se retirer pour se calmer, a fait une différence.

Ensuite, veille à maintenir une routine prévisible. Les enfants avec des réflexes non intégrés réagissent souvent mieux lorsqu’ils savent à quoi s’attendre. Une routine stable les aide à anticiper et à réduire leur niveau d’anxiété. Par exemple, nous avons instauré un rituel du soir avec une lumière douce et une musique apaisante pour favoriser un endormissement plus serein.

Dans cet article je te donne les détails pour mieux décoder ton enfant et adapter son environnement : Comment décoder le comportement de ton enfant?

Conclusion

Les réflexes archaïques sont bien plus qu’un simple vestige de notre développement. Ils sont comme des messages du corps, révélant des pistes essentielles pour comprendre les défis que rencontrent nos enfants au quotidien. En tant que parent, savoir reconnaître ces réflexes et leurs impacts peut transformer ta manière d’accompagner ton enfant, en éclairant des comportements ou des difficultés qui semblaient jusqu’alors sans réponse.

Si ton enfant est neuroatypique, il est possible que certains réflexes, comme celui de Moro ou le RTAC, jouent un rôle dans ses difficultés scolaires, émotionnelles ou motrices. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il existe des solutions. Grâce à des exercices simples comme les mouvements rythmiques, des approches spécifiques comme les exercices sensorimoteurs, ou encore l’accompagnement d’un professionnel, tu peux l’aider à intégrer ces réflexes et à s’épanouir pleinement.

Chaque pas vers l’intégration des réflexes archaïques est un pas vers plus de sérénité, de confiance et de capacité pour ton enfant. En découvrant ces clés, tu deviens un guide précieux dans son parcours, en l’aidant à libérer son potentiel et à surmonter ses défis. N’oublie jamais : chaque progrès, même minime, est une victoire à célébrer.

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