
Troubles des fonctions exécutives : comprendre enfin pourquoi ton enfant galère au quotidien
Je demande à Melyssa de ranger son tiroir. Rien de bien compliqué : trier, remettre les affaires en ordre et refermer. Deux minutes plus tard, je la retrouve assise par terre, concentrée sur une photo de famille.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— Regarde, maman ! J’ai trouvé cette vieille photo, regarde comme tu as changé!
Le tiroir ? Toujours en bazar. La mission de rangement ? Oubliée en chemin.
Ce n’est pas de la mauvaise volonté. Ce n’est pas non plus de l’opposition. Son cerveau a simplement dérivé vers une nouvelle information plus stimulante, oubliant totalement la tâche de départ. Son attention a glissé sans qu’elle s’en rende compte.
Les fonctions exécutives sont essentielles pour planifier, s’organiser et terminer ce qu’on commence. Mais chez certains enfants, comme Melyssa, elles fonctionnent différemment. Résultat ? Le quotidien devient un véritable parcours du combattant pour les tâches les plus simples.
Alors, comment faire pour les aider à mieux gérer leur attention, leurs actions et leur temps ? C’est ce qu’on va voir ensemble.
- Troubles des fonctions exécutives : un vrai défi au quotidien
- Pourquoi mon enfant a tant de mal à s’organiser ?
- Les impacts des troubles des fonctions exécutives dans la vie quotidienne de ton enfant
- Aider un enfant avec des troubles des fonctions exécutives : stratégies concrètes pour le quotidien
- Conclusion
Troubles des fonctions exécutives : un vrai défi au quotidien
Les fonctions exécutives expliquées : leur rôle clé dans l’organisation et l’attention
Imagine un chef d’orchestre qui doit coordonner chaque instrument pour créer une belle symphonie. Dans le cerveau, ce chef d’orchestre, c’est le lobe préfrontal, qui gère ce qu’on appelle les fonctions exécutives :
- Planifier et organiser
- Rester concentré sur une tâche
- Gérer ses émotions
- Passer d’une tâche à une autre
- Se souvenir des consignes
Chez certains enfants, ce chef d’orchestre est un peu débordé. Résultat ? Ils ont du mal à structurer leurs pensées, à anticiper ou à adapter leur comportement selon le contexte. Ce n’est pas un manque de volonté, mais un défi neurologique bien réel.
👉 Les neurosciences montrent que ces fonctions sont directement liées au développement du cortex préfrontal. Une étude publiée dans Frontiers in Psychology explique que les fonctions exécutives jouent un rôle clé dans la réussite scolaire et la régulation émotionnelle.
Pourquoi ton enfant est toujours “dans la lune” ?
Tu lui demandes de mettre ses chaussures. Deux minutes plus tard, il est en train de jouer avec une peluche… et ses chaussures sont toujours au même endroit. Ça te parle ?
Les enfants ayant un trouble des fonctions exécutives rencontrent souvent des difficultés à :
- Prioriser l’information → Ils retiennent un détail insignifiant au lieu de la consigne principale.
- Suivre une séquence d’actions → “Mets tes chaussures”, “prends ton cartable”… Il commence mais oublie au milieu du processus.
- Gérer le temps et les transitions → Passer du jeu aux devoirs devient un drame national.
Cela peut donner l’impression qu’ils ne veulent pas écouter ou qu’ils sont lents… mais en réalité, leur cerveau traite l’information différemment.
Comment reconnaître un trouble des fonctions exécutives chez son enfant ?
Voici quelques signaux d’alerte :
- Il oublie tout : stylos, cahiers, consignes, cartable… chaque jour est une chasse au trésor.
- Il a du mal à terminer une tâche sans s’éparpiller : ranger sa chambre devient une mission impossible.
- Il procrastine : face à un travail trop long ou trop complexe, il ne sait pas par où commencer.
- Il est souvent en retard : il sous-estime le temps nécessaire pour chaque tâche.
- Il explose émotionnellement dès qu’un plan change au dernier moment.
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Pourquoi mon enfant a tant de mal à s’organiser ?
Le TDAH : quand l’impulsivité et l’inattention compliquent tout
Un enfant avec un TDAH fonctionne comme un navigateur internet avec 50 onglets ouverts en même temps. Il jongle d’une idée à l’autre, oublie où il en est, et parfois, son cerveau « plante » face à une tâche qui lui semble trop longue ou trop compliquée.
Les fonctions exécutives sont particulièrement touchées dans le TDAH. La difficulté à filtrer les distractions, à garder une information en mémoire et à gérer les transitions rendent l’organisation scolaire et familiale compliquée.
Il oublie ses devoirs, commence une tâche mais ne la termine pas, a du mal à s’adapter aux changements de programme.
Une étude publiée dans Journal of Attention Disorders a montré que les enfants TDAH ont des altérations dans leur cortex préfrontal, ce qui impacte directement leurs capacités de planification et d’inhibition des distractions.
Les troubles DYS : dyslexie, dyspraxie et difficultés d’organisation
Un enfant dyslexique ou dyspraxique peut être totalement perdu lorsqu’il doit organiser ses affaires, planifier un travail ou simplement comprendre une consigne qui contient plusieurs étapes.
La dyspraxie, par exemple, affecte la coordination motrice et le repérage spatial, ce qui explique pourquoi certains enfants ont du mal à ranger leur bureau ou à s’habiller dans le bon ordre. La dyslexie, quant à elle, peut rendre difficile la lecture rapide des consignes, ce qui ralentit l’organisation et le passage à l’action.
Autisme et gestion du quotidien : quand le cerveau lutte pour s’adapter
Un enfant autiste a souvent besoin d’un cadre extrêmement précis pour se sentir en sécurité. Lorsqu’une routine change ou qu’une consigne est floue, il peut paniquer, car son cerveau peine à s’adapter aux imprévus.
Les troubles exécutifs chez les enfants autistes se manifestent par une difficulté à initier une tâche, à comprendre les priorités ou à modifier un plan en cours de route.
Les fonctions exécutives ne sont pas un problème isolé. Elles sont directement liées aux particularités neurologiques de l’enfant. Comprendre leur impact permet d’adapter l’environnement pour l’aider à mieux gérer son quotidien.
A lire aussi : Comment décoder le comportement de ton enfant neuroatypique pour mieux l’accompagner ?
Les impacts des troubles des fonctions exécutives dans la vie quotidienne de ton enfant
L’éternel problème des devoirs et des oublis
Ton enfant part le matin avec son cartable bien rempli… mais en arrivant à l’école, il réalise qu’il a oublié son cahier de maths. Ou pire, il a noté un devoir, mais impossible de se souvenir où.
Les troubles des fonctions exécutives compliquent l’organisation scolaire :
- Difficile de noter et planifier ses devoirs.
- Oublis fréquents de matériel ou de consignes.
- Passage d’une tâche à une autre laborieux (difficulté à s’arrêter après une pause).
Les enseignants peuvent voir ça comme un manque d’investissement, alors qu’en réalité, son cerveau peine à structurer l’information et anticiper.

Pourquoi les routines tournent au chaos ?
Les matinées ressemblent à une course contre la montre. Il met 10 minutes à trouver son pull, s’arrête en chemin pour jouer avec son chat, oublie de mettre ses chaussures… et c’est la panique générale.
Les enfants avec un trouble des fonctions exécutives ont du mal à :
- Démarrer une tâche sans aide extérieure.
- Suivre une routine sans se perdre en route.
- Anticiper les étapes nécessaires pour accomplir une action.
Une structure prévisible et des repères visuels peuvent faciliter la gestion du quotidien.
Impact émotionnel des troubles des fonctions exécutives : frustration, anxiété et confiance en soi
À force d’entendre « tu ne fais jamais attention », « pourquoi tu oublies tout ? », un enfant peut développer un sentiment d’échec constant.
Ces difficultés affectent :
- L’estime de soi : il se sent différent, moins capable que les autres.
- L’anxiété : il redoute les critiques et les punitions.
- Les relations familiales : les conflits se multiplient autour des tâches du quotidien.
Accompagner un enfant avec un trouble des fonctions exécutives, c’est d’abord comprendre que son cerveau fonctionne autrement. Avec les bonnes stratégies, il peut gagner en autonomie et en confiance.
Aider un enfant avec des troubles des fonctions exécutives : stratégies concrètes pour le quotidien
Créer des routines claires et adaptées à son mode de pensée
UnUn enfant avec un trouble des fonctions exécutives n’intègre pas les automatismes comme les autres. Il a besoin de structurer chaque action pour éviter la confusion.
Comment l’aider ?
- Prioriser les informations : un message court et précis vaut mieux qu’un long discours. Dire « Mets ton manteau » plutôt que « Dépêche-toi, on va être en retard, habille-toi vite ! ».
- Matérialiser le temps : un sablier, un minuteur ou une alarme l’aident à mieux percevoir la durée d’une tâche.
- Créer des repères fixes : une check-list avec des icônes pour la routine du matin ou un tableau des devoirs l’aident à suivre le fil sans stress.
Les enfants atypiques pensent en images et en séquences. Plus les consignes sont visuelles et simples, plus elles sont efficaces.
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Développer des stratégies pour contourner les oublis et la désorganisation
L’oubli des affaires, des devoirs, des rendez-vous… C’est un défi permanent. Plutôt que de répéter sans cesse « Mais pourquoi tu oublies tout ?! », mieux vaut mettre en place des stratégies compensatoires.
Quelques outils efficaces :
- Un “point d’ancrage” pour ses affaires : un panier unique pour ses cahiers, son agenda. Moins il doit chercher, plus il gagne en autonomie.
- Une alarme pour chaque tâche clé : plutôt que de lui rappeler tout, utiliser une notification sur son téléphone ou une montre connectée.
- Un carnet ou un agenda simplifié : un cahier avec des cases à cocher plutôt qu’une liste écrite en vrac l’aide à structurer ses idées.
Plutôt que de lui demander d’être plus organisé, offrons-lui un système qui compense ses difficultés naturelles.
Encourager la confiance et l’autonomie (au lieu de le corriger en permanence)
L’un des pires effets secondaires des troubles des fonctions exécutives, c’est la perte de confiance en soi. Un enfant qui entend toujours « Tu es tête en l’air ! », « Fais un effort ! », finit par se dire que tout est trop dur pour lui.
Comment inverser la tendance ?
- Mettre en avant ce qui fonctionne : « Tu as pensé à noter ton devoir aujourd’hui, c’est top ! ».
- Encourager les initiatives, même maladroites : s’il essaie un système d’organisation mais l’oublie au bout d’une semaine, le féliciter d’avoir essayé plutôt que de pointer l’échec.
- Faire preuve de patience : ces stratégies ne porteront pas leurs fruits en une semaine. Mais petit à petit, elles vont l’aider à gagner en autonomie.
Un enfant qui se sent capable va chercher des solutions par lui-même. C’est en lui offrant un environnement où il a le droit d’apprendre à son rythme qu’il développera des stratégies qui lui conviennent vraiment.
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Conclusion
Accompagner un enfant avec un trouble des fonctions exécutives, c’est comprendre que son cerveau fonctionne différemment, pas moins bien. C’est ajuster notre regard, adapter nos attentes et créer un environnement où il peut progresser à son rythme.
Plutôt que de s’épuiser à corriger ce qui semble être du désordre ou un manque de volonté, il est plus efficace de mettre en place des stratégies adaptées : des routines visuelles, des rappels concrets, et surtout, beaucoup de patience et d’encouragement.
Ces enfants atypiques ont souvent une immense créativité, une sensibilité profonde et une manière unique d’aborder le monde. En les accompagnant avec bienveillance, on leur donne les clés pour construire leur propre organisation et développer leur confiance en eux.
Comme le dit si bien Maria Montessori :
« L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit, mais une source que l’on laisse jaillir. »
L’objectif n’est pas qu’il rentre dans un moule, mais qu’il trouve son propre équilibre.
Avec du temps, des outils adaptés et un regard bienveillant, il pourra transformer ses défis en forces.
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