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Troubles “dys”, TDAH, HPI : dépasser les étiquettes pour révéler le potentiel unique de chaque enfant neuroatypique

J’ai récemment écouté un podcast fascinant intitulé « TDAH, troubles Dys, HPI… Comment les diagnostiquer et les prendre en charge ? », avec Philippe Meirieu et Isabelle Ducos Filippi, deux experts en pédagogie.

Ils abordent des sujets qui me tiennent à cœur : la distinction entre troubles neurodéveloppementaux et difficultés scolaires classiques, ainsi que la question des étiquettes qui peuvent enfermer les enfants dans des diagnostics restrictifs.

Philippe Meirieu évoque l’idée que des facteurs environnementaux, familiaux ou pédagogiques peuvent influencer ces troubles, tandis qu’Isabelle Ducos Filippi souligne l’importance de ne pas confondre des difficultés passagères avec des troubles diagnostiqués.

Ce débat met en lumière un point crucial : nous devons dépasser ces étiquettes pour révéler le potentiel unique de chaque enfant.

Qu’il s’agisse de HP, de TDAH ou de Dys, il est vital de ne pas réduire les enfants à ces termes, mais plutôt de les soutenir pour développer leurs forces, leur créativité et leur autonomie. Dans cet article, je souhaite approfondir cette réflexion et proposer des solutions concrètes pour accompagner nos enfants neuro-atypiques.

1/ Les étiquettes ne définissent pas l’enfant

Les diagnostics : des outils pour comprendre, pas pour limiter

Les diagnostics tels que HP, TDAH ou Dys sont des outils précieux pour mieux comprendre ton enfant.

Ils t’aident, ainsi que les enseignants de ton enfant, à adapter vos approches, à trouver des stratégies qui lui conviennent et qui respectent son rythme. Ces informations offrent des clés pour répondre à ses besoins spécifiques et lui permettre de s’épanouir.

Mais attention : un diagnostic n’est pas une étiquette figée.

Il ne doit jamais enfermer ton enfant dans une case.

« Un diagnostic, c’est une boussole, un guide qui te montre la direction à suivre, mais ce n’est pas une limite. »

Elise Andriantsiferana

Un diagnostic n’est que le début d’une meilleure compréhension de ses comportements ou de ses défis. Cela ne doit jamais te faire oublier tout le potentiel qu’il porte en lui. Chaque enfant est bien plus que ce que l’on peut mesurer ou nommer.

Chaque enfant : plus qu’un diagnostic

Selon Howard Gardner et sa théorie des intelligences multiples, chaque enfant possède un ensemble unique de compétences et de talents.

Un diagnostic, qu’il s’agisse de TDAH, de Dys ou de HP, ne représente qu’une partie infime de cette richesse. Gardner insiste sur l’idée que l’intelligence ne se résume pas à un seul domaine, mais qu’elle est plurielle : linguistique, musicale, spatiale, émotionnelle, etc.

Prenons l’exemple de ma fille Melyssa, diagnostiquée dyslexique. Pendant longtemps, son trouble de la lecture a été interprété comme une faiblesse, limitant les attentes que ses enseignants avaient d’elle.

Pourtant, derrière cette difficulté, Melyssa cachait une créativité et une énergie débordantes. Elle sait imaginer des histoires fantastiques, avec des rebondissements inimaginables. Elle sait improviser en toute circonstance.

« Un diagnostic n’est qu’une clé pour ouvrir la porte de la compréhension, mais il ne doit jamais définir l’avenir d’un enfant. »

Elise Andriantsiferana

Comme l’explique Gardner :

« Il ne s’agit pas de savoir qui est intelligent, mais de découvrir comment chacun l’est »

Garner, Frames of mind : the theory of multiple intelligences, 1983

A lire aussi : Etre neuroatypique : qu’est-ce que ça veut dire?

2/ Les limites des étiquettes : quand elles réduisent l’enfant à un problème

Risque de réduction de l’identité

Les étiquettes comme « dysorthographique » ou « TDAH » peuvent facilement enfermer un enfant dans une vision réductrice de ses capacités.

Lorsque l’on applique une étiquette, il devient tentant de voir uniquement les défis que l’enfant rencontre, en oubliant tout son potentiel.

J’aimerai te parler d’Alexandre Jollien, une personnalité inspirante. C’est un philosophe et écrivain suisse né en 1975, atteint d’une infirmité motrice cérébrale depuis sa naissance.

Alexandre Jollien
Alexandre Jollien

Cette condition l’a conduit à passer 17 ans dans une institution spécialisée, où il a développé une profonde réflexion sur la vie, la souffrance et la liberté. Malgré ses difficultés physiques, Jollien a poursuivi des études de philosophie et a publié plusieurs ouvrages salués pour leur profondeur et leur humanité.

Dans L’éloge de la faiblesse, il raconte comment les diagnostics médicaux ont limité les attentes que les autres avaient de lui. Il s’est senti piégé par ces étiquettes qui ne reflétaient qu’une partie de lui.

Pourtant, en allant au-delà de cette vision réductrice, Jollien a réussi à transformer ses « faiblesses » en atouts philosophiques puissants. Il a montré que les étiquettes ne doivent jamais définir une personne de manière définitive. Plutôt que de restreindre, elles devraient ouvrir des voies pour mieux comprendre et accompagner.

Célébrer la diversité et valoriser les compétences uniques

Plutôt que de focaliser sur les difficultés associées à ces étiquettes, il est essentiel de célébrer la diversité des talents de chaque enfant. L’autre exemple inspirant de réussite, c’est celui de Mohamed Boclet. Il est vice-champion du monde de lecture rapide, malgré des débuts marqués par la dyslexie et la dysorthographie.

À l’école, ces troubles rendaient la lecture et l’apprentissage très difficiles pour lui, le faisant redoubler plusieurs fois. Toutefois, grâce à une volonté de fer et un travail acharné, Mohamed a non seulement surmonté ces obstacles, mais il a transformé ses faiblesses en forces.

Après s’être formé à la lecture rapide, avec le soutien de son entourage, Mohamed a non seulement maîtrisé cette technique, mais il est devenu un champion dans cette discipline, capable de lire un livre de 170 pages en seulement 17 minutes, avec une compréhension exceptionnelle.

En plus de la lecture rapide, il est également triple champion de France de mind mapping, prouvant ainsi que la dyslexie n’est pas une barrière insurmontable, mais une étape vers des compétences exceptionnelles lorsqu’elle est bien accompagnée. Aujourd’hui, il partage son expérience à travers des conférences et des ouvrages, aidant d’autres personnes à découvrir leur potentiel​.

Je t’invite à découvrir sa chaine youtube, qui donne beaucoup d’astuces sur les techniques pour apprendre à apprendre : Apprenez à apprendre avec Mohamed Boclet !

Mohamed Boclet
Mohamed Boclet (Crédit photo Mathilde Boclet)

3/ Découvrir les forces cachées de chaque profil neuroatypique

Les enfants neuro-atypiques ont souvent des talents cachés qui ne demandent qu’à être découverts.

En tant que parent, ton rôle est d’observer attentivement les centres d’intérêt de ton enfant et d’expérimenter différentes activités pour révéler ses forces.

Voici quelques conseils pratiques pour mettre en lumière ses compétences uniques :

  • Observe sans jugement : Prends le temps d’observer ton enfant dans différentes situations, que ce soit à l’école, à la maison ou lors d’activités ludiques. Note les moments où il semble particulièrement absorbé ou enthousiaste. Ces indices te montreront les domaines où il se sent le plus à l’aise et où son potentiel pourrait se développer.
  • Expérimente diverses activités : Encourage ton enfant à essayer plusieurs activités : arts, musique, sports, bricolage, etc. Cela l’aidera à explorer ses capacités dans des contextes variés. Par exemple, un enfant TDAH qui a du mal à se concentrer en classe pourrait exceller dans des activités créatives nécessitant de l’imagination et de l’initiative, comme la peinture ou la danse.
  • Crée un environnement sans pression : Lorsque ton enfant explore ces nouvelles activités, laisse-lui la liberté de s’exprimer sans pression de résultat. Le but est de lui donner un espace pour découvrir ses talents à son rythme.
  • Encourage les petites victoires : Chaque progrès, aussi petit soit-il, est une étape vers la découverte de son potentiel. Félicite ton enfant pour ses réussites et montre-lui qu’il est capable de grandes choses.

Avec ces approches, tu permettras à ton enfant de révéler ses forces cachées et de s’épanouir pleinement.

4/ Créer un environnement favorable : le rôle des parents et de l’école

Un environnement adapté joue un rôle clé dans l’épanouissement des enfants neuro-atypiques.

Rudolf Steiner, fondateur de la pédagogie Waldorf, insiste sur l’importance de l’individualisation dans l’apprentissage : chaque enfant a des besoins uniques qui méritent une réponse sur-mesure.

Pour Melyssa, l’introduction de pauses régulières pendant ses devoirs a radicalement amélioré sa capacité à se concentrer, tout en apaisant ses frustrations liées à son TDAH. L’objectif est de créer un cadre stimulant où chaque enfant se sent en sécurité pour explorer ses talents.

Il est crucial de reconnaître que l’apprentissage n’est pas « une taille unique ». Il doit être ajusté pour chaque enfant. En collaborant étroitement avec les enseignants, les parents peuvent offrir le soutien nécessaire pour que chaque enfant s’épanouisse à son propre rythme.

Comme le dit Ken Robinson dans L’Élément,

« Trouver son élément, c’est découvrir ce qui vous passionne et vous donne de l’énergie. »

Ken Robinson

Une fois que ces enfants découvrent ce qui les anime, leur potentiel est décuplé.

Ce n’est pas en insistant sur ce qu’ils ne peuvent pas faire que nous les aiderons à s’épanouir, mais en mettant en lumière leurs compétences uniques et en leur donnant l’opportunité de les développer pleinement.

En revanche, je rejoins le discours de Philippe Meirieu dans le podcast. Un apprentissage adapté est nécessaire mais il ne doit pas être au détriment du « apprendre ensemble ».

Pour lui l’école peine à « construire du commun » : « aujourd’hui, avec la montée de l’individualisme social, chaque parent ne veut pas simplement que son fils ou sa fille soit traité comme une personne singulière, mais comme une exception. Et pourtant, les fondateurs de l’école républicaine disaient que l’école n’est pas simplement faite pour apprendre, elle est faite pour « apprendre ensemble », et dans cette expression, le « ensemble » est aussi important que le « apprendre ». »

5/ Révéler le potentiel de nos enfants neuroatypiques

L’Importance de développer une mentalité de croissance

Encourager une mentalité de croissance est essentiel pour aider un enfant neuroatypique à révéler son potentiel. Cette approche, popularisée par Carol Dweck, se concentre sur l’idée que les capacités ne sont pas figées et peuvent être améliorées par l’effort, l’apprentissage, et la persévérance.

Pour les enfants neuroatypiques, cela signifie qu’ils ne doivent pas se limiter à leur diagnostic ou croire qu’ils sont « moins capables » que les autres.

En tant que parent, tu peux les aider à adopter cette mentalité en valorisant l’effort plutôt que le résultat. Par exemple, si ton enfant échoue dans une tâche, au lieu de le décourager, montre-lui que c’est une opportunité d’apprendre et de grandir. Avec cette approche, les défis deviennent des occasions d’acquérir de nouvelles compétences. L’idée est de leur montrer que tout est possible avec du travail, de l’adaptation, et une attitude positive.

Pour en savoir plus sur la mentalité de croissance : Développer un état d’esprit de croissance chez les enfants

Encourager les rêves de son enfant

Les rêves d’un enfant sont la clé de sa motivation et de son épanouissement.

Pour les enfants neuroatypiques, il est encore plus important de les encourager à poursuivre leurs aspirations, même si elles semblent éloignées des attentes traditionnelles.

Lorsque ton enfant partage ses rêves, écoute-le attentivement, sans jugement. Qu’il rêve de devenir artiste, scientifique, ou explorateur, chaque rêve peut servir de moteur pour révéler son potentiel. L’encouragement est crucial : montre-lui que tu crois en ses capacités à réussir. Cela renforce sa confiance en lui et son sentiment d’accomplissement.

Pour certains, les défis peuvent rendre la poursuite de ces rêves plus difficile, mais l’essentiel est de leur apprendre à surmonter les obstacles. Rappelle à ton enfant que ses rêves, aussi grands soient-ils, sont atteignables avec détermination et soutien, et que chaque étape compte dans leur réalisation.

Voici un article qui te donne tous les détails pour l’encourager et l’aider dans la concrétisation de ses rêves : Comment encourager son enfant à réaliser ses rêves?

L’aider à être lui-même dans son authenticité

Pour qu’un enfant neuroatypique s’épanouisse pleinement, il doit se sentir accepté et valorisé pour ce qu’il est, dans toute son authenticité.

Cela commence par l’aider à se connaître et à s’aimer tel qu’il est, sans chercher à correspondre à des normes extérieures.

En tant que parent, tu peux l’encourager à exprimer ses émotions et ses particularités sans peur d’être jugé. Cela signifie également créer un environnement où il se sent en sécurité et compris, sans avoir à se conformer. Fais-lui savoir que ses différences sont des atouts, et non des faiblesses.

Accepte ses traits uniques et valorise-les, que ce soit son énergie débordante, sa curiosité insatiable ou sa manière particulière de penser. Aider ton enfant à embrasser son authenticité lui permet de s’accepter pleinement, de renforcer son estime de soi, et de s’épanouir dans sa singularité.

Découvre dans cet article les 4 piliers de l’estime de soi : Oser être soi : développer l’authenticité et l’estime de soi des 6-12 ans

Conclusion

En dépassant les étiquettes comme TDAH, HPI ou les troubles « dys », nous ouvrons la porte à un monde de possibilités pour nos enfants neuroatypiques.

Les diagnostics sont des outils précieux pour comprendre leurs besoins, mais ils ne doivent jamais limiter leur potentiel. Chaque enfant est bien plus qu’un simple diagnostic.

En tant que parents, enseignants, et accompagnateurs, notre mission est de célébrer leurs divers talents, d’identifier leurs forces cachées, et de créer un environnement où ils peuvent grandir, apprendre, et s’épanouir.

En favorisant une mentalité de croissance et en encourageant leurs rêves, nous leur offrons la chance d’embrasser leur singularité. Ensemble, nous avons le pouvoir de révéler ce qu’il y a de meilleur en eux et de les aider à devenir des individus confiants, authentiques, et résilients, prêts à affronter l’avenir avec optimisme.

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Commentaires

  1. Caroline

    Merci Elise pour ce rappel essentiel que chaque enfant mérite d’être vu dans toute sa singularité et soutenu pour s’épanouir pleinement. Comme tu le dis bien, le diagnostic ne doit jamais enfermer, mais plutôt ouvrir des portes pour mieux accompagner et révéler ce qu’il y a de meilleur en eux.

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