Faber et Mazlish : communiquer efficacement avec ton enfant atypique
Quand on parle de parentalité bienveillante et de relation positive parent-enfant, il y a beaucoup d’ouvrages et autant d’approches. Il y a deux auteurs que j’apprécie particulièrement sur la communication parent-enfant c’est Adèle Faber et Elaine Mazlish. Ce sont deux mamans américaines qui ont été enchantées par les résultats obtenus grâce aux outils présentés par le Dr. Haim Ginott lors de ses conférences dans les années 60. Elles ont eu l’idée de présenter ces outils à d’autres parents sous forme d’ateliers et de livres.
Je trouve que leur livre emblématique, « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent », est particulièrement pertinent pour les parents d’enfants atypiques, confrontés à des défis tels que l’hyperactivité, les troubles de l’attention, ou d’autres particularités comportementales et émotionnelles.
Naviguer dans le quotidien avec un enfant qui peut être excessivement agité, qui lutte pour capter ou maintenir son attention, nécessite des approches adaptées et compatissantes. Les techniques de Faber et Mazlish offrent non seulement des méthodes de communication adaptées mais aussi des moyens pour renforcer la relation parent-enfant, souvent mise à l’épreuve dans de telles circonstances. Ces stratégies visent à créer un environnement où les sentiments sont accueillis avec empathie, où les expressions personnelles sont encouragées, et où chaque défi est abordé comme une opportunité de croissance et d’apprentissage conjoint.
Vraiment dans la lignée de tous les outils que je propose sur ce blog. Découvrons 7 techniques pour mieux répondre aux besoins uniques de ton enfant atypique!
- 1/Etre un modèle tout en restant imparfait
- 2/ Accueillir les sentiments négatifs
- 3/ Exprimer tes propres sentiments
- 4/ Décrire au lieu d’évaluer
- 5/ Impliquer l’enfant dans la recherche de solutions
- 6/ Utiliser des alternatives à la punition : stratégies inspirées par Faber et Mazlish
- 7/ Encourager plutôt que féliciter
- 8/ Mettre en place des routines
- Conclusion
1/Etre un modèle tout en restant imparfait
Selon Faber et Mazlish, il est essentiel de montrer à ton enfant que même en tant que parent, tu n’es pas parfait. Cela lui apprend que tout le monde fait des erreurs et que l’imperfection fait partie de l’expérience humaine. Être un modèle tout en restant imparfait aide ton enfant à développer une perspective réaliste sur les défis et les échecs, le rendant plus résilient et empathique envers lui-même et les autres.
Cela montre aussi à ton enfant qu’il est possible de continuer à apprendre et à grandir, quel que soit l’âge ou le statut. Cela encourage une mentalité de croissance où l’effort et la persistance sont valorisés plus que la perfection.
Voici des façons d’incorporer cette philosophie dans ta vie quotidienne :
Admettre tes erreurs
Si tu commets une erreur, comme oublier un rendez-vous ou perdre patience, tu pourrais dire : « J’ai oublié notre rendez-vous aujourd’hui et je suis vraiment désolée. La prochaine fois, je vais mettre un rappel. Chacun peut oublier, n’est-ce pas ? »
Partager tes défis
Lorsque tu rencontres des défis, parle-en à ton enfant de manière appropriée. Par exemple : « Aujourd’hui, j’ai eu du mal à finir un projet au travail. J’ai pris un moment pour réfléchir à une meilleure façon de m’organiser. C’est important de trouver des solutions, même quand c’est difficile. »
Montrer comment tu gères l’échec
Si un projet personnel ou professionnel ne se déroule pas comme prévu, tu pourrais partager : « Mon idée n’a pas fonctionné comme je l’espérais, mais j’ai appris beaucoup de choses intéressantes. La prochaine fois, je sais ce que je peux améliorer. »
En adoptant ces comportements, tu renforces le message que la perfection n’est ni attendue ni nécessaire pour réussir ou être une bonne personne. Cela aide ton enfant à accepter ses propres imperfections et à voir les défis comme des opportunités de croissance.
2/ Accueillir les sentiments négatifs
Pourquoi valider les émotions de ton enfant est important?
Accueillir les sentiments négatifs de ton enfant atypique est essentiel selon l’approche de Faber et Mazlish, car cela valide ses émotions et favorise une meilleure régulation émotionnelle.
En reconnaissant et en acceptant ces sentiments sans jugement, tu crées un espace sûr où ton enfant peut exprimer ses frustrations et anxiétés. Cela l’aide à se sentir compris et soutenu, ce qui est crucial pour son développement émotionnel. De plus, cette acceptation l’encourage à partager ouvertement ses sentiments à l’avenir, renforçant ainsi la communication et la confiance entre parent et enfant.
Verbaliser ses difficultés
Les devoirs
Par exemple, Melyssa ressentait intensément les frustrations lors des séances de devoirs scolaires, un trait commun chez beaucoup d’enfants atypiques. Reconnaître ces sentiments sans les juger était notre premier pas vers une communication sincère.
Par exemple, lorsqu’elle s’énervait à cause de ses devoirs difficiles, je lui disais : « Je vois que c’est vraiment difficile pour toi. Parle-moi de ce qui te tracasse le plus. » Régulièrement, elle me parlait des instructions compliquées à suivre pour elle, ou de sa frustration à ne pas pouvoir avancer au même rythme que les autres camarades de sa classe. Cette approche a aidé ma fille à s’ouvrir, réduisant son anxiété et renforçant notre lien.
Les difficultés relationnelles
Si ton enfant atypique est anxieux à l’idée de rencontrer de nouvelles personnes, tu pourrais observer : « Tu sembles nerveux à propos de la fête d’anniversaire. Parler à des gens que tu ne connais pas peut être vraiment intimidant. »
La gestion des frustrations
Quand il se met en colère parce qu’il doit arrêter de jouer, tu peux dire : « Je peux voir que tu es en colère parce que tu voulais continuer à jouer. C’est dur de s’arrêter quand on s’amuse. »
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3/ Exprimer tes propres sentiments
Pourquoi parler de tes propres émotions, sentiments est important?
Il est crucial, selon l’approche de Faber et Mazlish, de partager tes propres sentiments avec ton enfant atypique. Cela enseigne à ton enfant que les émotions sont normales et qu’il est sain de les exprimer. En partageant tes sentiments de manière appropriée, tu montres à ton enfant comment gérer les émotions de manière constructive et respectueuse.
J’ai découvert que partager mes propres sentiments avec Melyssa renforçait notre relation. En exprimant des émotions telles que la fatigue, le stress ou la frustration de manière ouverte et honnête, j’ai montré à Melyssa qu’il est normal de ressentir et de parler de ses émotions.
Quelques exemples du quotidien
La fatigue
Si tu te sens épuisée après une longue journée, tu pourrais dire : « Je me sens vraiment fatiguée ce soir. J’ai besoin de me reposer un peu pour être de meilleure humeur. »
Le stress au travail
Si tu es stressée par ton travail, tu pourrais expliquer : « Je suis un peu tendue aujourd’hui à cause du travail. Je vais prendre quelques minutes pour me calmer. »
La déception
Lorsque tu es déçue par une situation, tu peux exprimer : « Je suis un peu déçue par ce qui s’est passé aujourd’hui. C’est important de parler de ce qui nous déçoit, tu ne trouves pas? »
En verbalisant tes propres émotions de cette manière, tu donnes l’exemple à ton enfant sur la façon de parler ouvertement et sainement de ses sentiments. Cela l’aide à comprendre et à accepter ses propres émotions, renforçant ainsi sa capacité à les gérer.
Le pouvoir du « Je »
Exprimer tes propres sentiments de manière claire et directe est fondamental pour établir une communication saine avec ton enfant.
En utilisant le « JE » tels que « Je me sens frustrée quand… », tu évites d’accuser ou de blâmer, ce qui réduit les défenses de ton enfant et favorise une écoute réceptive.
Ce mode de communication modélise l’expression saine des émotions, enseignant à ton enfant comment parler de ses propres sentiments sans conflit.
« JE me sens inquiète quand tu traverses la rue sans regarder, car ta sécurité est très importante pour moi. »
« Quand tu ne ranges pas tes jouets après avoir joué, JE me sens frustrée parce que cela crée du désordre. »
4/ Décrire au lieu d’évaluer
Cette technique suggère que les parents devraient éviter les jugements de valeur, qui peuvent souvent être ressentis comme critiques ou décourageants par les enfants. Au lieu de cela, ils devraient se concentrer sur la description objective des comportements observés.
Par exemple, au lieu de dire « tu es désordonné », tu pourrais opter pour dire « je vois que les jouets ne sont pas rangés ». Cette méthode aide l’enfant à percevoir le commentaire non pas comme une attaque personnelle, mais comme une observation factuelle qui invite à l’action ou à la réflexion.
Cela favorise une meilleure estime de soi chez l’enfant et renforce sa capacité à évaluer ses propres actions de manière constructive.
Faber et Mazlish expliquent que cette approche encourage les enfants à devenir plus autonomes et responsables de leurs actions. Elle les aide à comprendre les conséquences de leurs comportements sans se sentir mal jugés ou dévalorisés.
Pour mieux comprendre cette technique et l’approche Faber et Mazlish en général, je t’invite à écouter des extraits du livre dans cette conférence de Céline Alvarez.
5/ Impliquer l’enfant dans la recherche de solutions
Inclure ton enfant atypique dans le processus de résolution de problèmes est fondamental selon les principes de Faber et Mazlish. Cela lui enseigne des compétences en résolution de conflits et renforce son autonomie et sa confiance en lui. Lorsque tu engages ton enfant dans la recherche de solutions, tu lui montres que ses idées sont valorisées et que tu crois en sa capacité à contribuer de manière significative.
Impliquer Melyssa dans la résolution de problèmes a transformé notre quotidien. Quand les matins devenaient chaotiques, je lui demandais : « Comment pourrions-nous rendre nos matins plus agréables ? » Elle suggéra de préparer ses vêtements pour la semaine le week-end. J’ai été particulièrement surprise par cette proposition, car moi-même je ne pourrai pas le faire.
Elle a créé des compartiments dans son armoire pour chaque jour de la semaine. Ce simple changement nous a aidés à partir plus calmement chaque matin. Cette méthode lui apprenait non seulement l’importance de la planification et de l’organisation, mais renforçait aussi sa confiance en ses propres idées et sa capacité à contribuer positivement à notre famille.
Voici un autre exemple concernant les difficultés relationnelles :
Lorsque ton enfant rencontre des problèmes avec ses amis, tu pourrais proposer : « Il semble que tu sois contrarié par ce qui s’est passé avec tes amis. Qu’est-ce qui, selon toi, pourrait aider à améliorer la situation ? »
En encourageant ton enfant à exprimer ses idées et à participer activement à la résolution de problèmes, tu lui donnes des outils précieux pour naviguer dans les défis de la vie, tout en renforçant votre relation par le dialogue et la coopération.
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6/ Utiliser des alternatives à la punition : stratégies inspirées par Faber et Mazlish
Dans la philosophie de Faber et Mazlish, utiliser des alternatives à la punition est essentiel pour aider ton enfant atypique à apprendre de ses erreurs de manière constructive plutôt que de se sentir mal ou humilié. Ces méthodes encouragent ton enfant à réfléchir à ses actions et à comprendre les conséquences de celles-ci dans un cadre positif et soutenant.
En optant pour des alternatives à la punition, tu favorises une atmosphère d’apprentissage où l’erreur est vue comme une opportunité de croissance et non comme un échec. Cela aide ton enfant à développer la résilience et l’auto-évaluation, des compétences clés pour la vie adulte.
Voici quelques stratégies que tu pourrais envisager :
Conséquences logiques
Si Melyssa laissait ses jouets dehors, je lui expliquais les conséquences naturelles : « Tes jouets pourraient s’abîmer. Penses-tu que ce soit une bonne idée de les ranger maintenant ? » Cette approche encourageait la réflexion et la responsabilité, aidant Melyssa à comprendre les impacts de ses actions tout en la guidant pour qu’elle prenne des décisions plus avisées à l’avenir.
Temps de réflexion positif
Plutôt que d’envoyer ton enfant dans sa chambre comme punition, tu pourrais proposer : « Prenons quelques minutes pour nous calmer et réfléchir. Après cela, nous pourrons discuter ensemble de ce qui s’est passé. »
Ce point est souvent très difficile à faire, car dans l’action on a tendance à perdre nos moyens, à voir rouge, à réagir trop rapidement et regretter ensuite.
Encourager la réparation
Si ton enfant a accidentellement cassé quelque chose, au lieu de le punir, encourage-le à réparer son erreur : « Ce vase est cassé maintenant. Comment pourrions-nous résoudre cela ensemble ? Peut-être pourrions-nous le réparer ou trouver un moyen de remplacer ce qui a été cassé. »
En utilisant ces alternatives à la punition, tu guides ton enfant vers une meilleure compréhension de ses actions et des conséquences positives de la prise de responsabilité, renforçant ainsi son développement émotionnel et social.
7/ Encourager plutôt que féliciter
Encourager ton enfant plutôt que de se limiter à des éloges génériques renforce son estime de soi de manière plus authentique et durable. L’encouragement se concentre sur les efforts et les progrès de l’enfant, plutôt que sur le succès final. Cela aide ton enfant à valoriser son propre processus d’apprentissage et à cultiver une motivation intrinsèque.
L’encouragement aide également l’enfant à reconnaître sa propre capacité à influencer positivement les résultats par son travail et sa persévérance, plutôt que de dépendre de l’approbation externe.
Quelques exemples :
Les devoirs
Si ton enfant travaille sur ses devoirs, au lieu de dire « Bon travail ! », tu pourrais observer : « Je vois que tu as passé beaucoup de temps sur ton devoir de mathématiques et que tu as cherché différentes façons de résoudre les problèmes. Cela montre ton engagement. »
Dans les activités sportives
Après un match ou une activité sportive, au lieu de simplement féliciter la performance, tu pourrais dire : « J’ai remarqué que tu as vraiment fait de ton mieux pour suivre le ballon et aider ton équipe. Comment t’es-tu senti sur le terrain ? »
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8/ Mettre en place des routines
Etablir des routines aide ton enfant à se sentir plus en sécurité et à mieux gérer son quotidien, surtout s’il est atypique. Les routines offrent une structure prévisible qui peut rassurer ton enfant et lui permettre de comprendre ce qui est attendu de lui à différents moments de la journée. Cela aide également à réduire les comportements de résistance, car les attentes sont claires et constantes. Les routines favorisent l’autonomie et la responsabilité, en donnant à ton enfant les outils nécessaires pour gérer son temps et ses activités de manière efficace.
Routines de devoirs
Établir un moment fixe pour faire les devoirs aide à créer une habitude de travail et de concentration. Tu pourrais installer un coin devoirs confortable et dire : « C’est l’heure des devoirs maintenant. As-tu besoin de quelque chose pour commencer ? »
Routine du coucher
La routine du coucher pourrait inclure de lire une histoire ensemble et/ou discuter brièvement de la journée. Tu pourrais encourager cette routine en disant : « Après le bain, quel livre aimerais-tu lire ce soir ? »
En intégrant ces routines dans la vie de ton enfant, tu l’aides à développer des habitudes saines et une structure qui le soutiendront dans son développement et son éducation. Cela crée également un environnement familial plus harmonieux où chacun sait ce qu’il doit faire et quand le faire.
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Conclusion
Nous avons exploré les précieuses techniques de Faber et Mazlish pour communiquer plus efficacement avec les enfants, et je t’ai donné des exemples adaptés aux enfants atypiques. Nous avons appris à être des modèles de résilience et de transparence, montrant à nos enfants qu’il est non seulement acceptable de faire des erreurs, mais aussi essentiel de les partager. En accueillant ouvertement leurs sentiments négatifs, nous leur offrons un espace où ils se sentent entendus et compris, un lieu où chaque difficulté devient une occasion d’apprentissage.
Nous avons également découvert l’importance d’exprimer nos propres émotions, partageant nos joies comme nos peines, pour montrer que tous les sentiments sont valides et qu’il est crucial de les communiquer. En choisissant de décrire plutôt que d’évaluer, nous évitons les jugements et favorisons une image positive de soi chez nos enfants.
En les impliquant dans la recherche de solutions et en utilisant des alternatives à la punition, nous leur apprenons la responsabilité et l’auto-réflexion. Encourager plutôt que simplement féliciter, et instaurer des routines dans les devoirs et au coucher, aide à renforcer leur confiance et leur capacité à gérer leurs propres activités.
Chaque stratégie que nous avons discutée crée un pont de compréhension et de respect mutuel entre parent et enfant. En adoptant ces principes, nous pouvons aider nos enfants atypiques à s’épanouir pleinement, les équipant pour naviguer avec assurance dans le monde complexe qui les entoure.
Merci pour ton article, j’avais eu l’occasion de participer à un atelier Faber j’avais trouvé ça très intéressant !
L’encouragement est déjà quelque chose que l’on met en place régulièrement
Je ne connaissais pas du tout ces mamans mais au final leur manière de communiquer à l’air très saine. Ça me rappelle beaucoup la CNV.
Je ne connaissais pas ces deux femmes admirables Adèle Faber et Elaine Mazlish. merci d’avoir partagé ces expériences avec nous.
Je suis convaincue de l’efficacité de l’approche de Faber et Mazlish
J’ai suivi une formation à ce sujet et j’applique les principes étudiés tant dans ma vie de maman que dans les accompagnements proposés
Merci pour ton article très complet appliqué aux enfants dits atypiques
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