Slow parenting : 5 conseils pour ralentir le rythme en famille
C’est samedi matin.
Pas de réveil, pas de notification de téléphone. C’est un jour non travaillé.
D’habitude, tu as une longue to-do list : faire les courses, emmener le grand au cours de judo, emmener la petite à un anniversaire sans oublier d’acheter le cadeau, et rendre visite à tante Madeleine. Ah oui, ton mari t’a aussi demandé de récupérer son costume au pressing.
Bizarrement aujourd’hui, il n’y a rien de prévu. Absolument rien.
Tu te demandes pendant les 10 premières minutes ce que tu vas bien faire de ta journée. Ton mari ronfle encore. Tu sais que tu dois être productive. C’est culpabilisant de ne rien faire du tout.
Passé les 10 minutes, tu te dis que tu te remets sous la couette et que quelqu’un viendra certainement t’en faire sortir. Tu finis par te faire réveiller par des bisous baveux tous tendres de tes petits. Ils sont de bonne humeur.
Une douce réalisation te frappe : aujourd’hui, tu as l’opportunité unique de ralentir. Pas de course contre la montre, pas de sprint pour attraper le temps qui file. Aujourd’hui, tu peux respirer, et tu savoures. Comment en mettre plus dans ton quotidien?
C’est quoi le slow parenting?
Le slow parenting, c’est comme une respiration profonde au milieu du tourbillon qu’est parfois la parentalité d’enfants atypiques.
Né dans les années 80, ce concept s’insère dans la grande famille du « slow movement ».
Il s’agit de ralentir, de prendre le temps, comme on le ferait en dégustant un repas préparé avec amour ou en se perdant dans les ruelles d’une ville inconnue sans se presser.
Carl Honoré, dans son hymne à la lenteur, nous rappelle l’importance de placer le temps et la joie au cœur de nos relations avec nos enfants.
Pour toi, cela signifie embrasser chaque particularité, chaque moment unique avec vos enfants, sans la pression de la performance ou de la conformité. C’est l’occasion de reprioriser, de simplifier, et surtout, de savourer les moments précieux en famille.
Dans un monde où tout va vite, le slow parenting est une invitation à apprécier le chemin parcouru avec ton enfant atypique, à célébrer ses succès à son propre rythme et à construire une bulle de bien-être familial, loin du tumulte extérieur.
1/ Déconnecter pour se reconnecter
Digital détox
Imagine ce samedi matin sans alarmes ni notifications. Tu prépares le petit-déjeuner avec tes enfants, sans la distraction d’un écran. Pas de dessin animé assourdissant dans le salon, pas de smartphone en main.
Selon Malvina Girard, sophrologue et spécialiste en thérapie familiale, la surabondance numérique peut nous éloigner de l’essentiel.
En choisissant de déconnecter, tu offres à ta famille le cadeau de ton attention inconditionnelle. Comme le souligne Girard, c’est dans ces moments de présence pure que les liens familiaux se renforcent. Alors, éteins les écrans et allume les cœurs.
Laisse la technologie de côté pour un temps et redécouvre les joies simples de la vie en famille.
Pour de bons moments en digital détox, tu peux lire de belles histoires inspirantes avec tes enfants : ici notre sélection.
La reconnexion authentique
Ce samedi soir, au lieu de regarder un film, pourquoi ne pas organiser une soirée où chacun raconte ses moments préférés de la semaine, ou en partageant des rêves et des aspirations ?
Dr. Catherine Gueguen, pédiatre, nous rappelle que pour les enfants, « la vie est un jeu ».
En te déconnectant des distractions numériques, tu crées un espace pour des interactions authentiques. Partage des activités qui nourrissent l’âme et l’esprit, comme Gueguen le suggère, en jouant, en explorant, en étant simplement ensemble. Ces instants de qualité sont les fondations d’une relation familiale épanouie.
2/ Se désengager de ce qui n’est pas essentiel
Identifier l’essentiel
Le mouvement Slow, qui prône le retour à une vie moins frénétique, nous enseigne l’importance de se concentrer sur ce qui est véritablement essentiel.
Comme le mouvement s’oppose à la surconsommation et à la précipitation, en tant que parent, tu peux appliquer ces principes en désengageant ta famille des activités et des engagements qui ne servent pas votre bonheur ou votre croissance personnelle.
Laisse tes enfants choisir ce qu’ils veulent faire, même si cela signifie jouer avec des boîtes en carton ou dessiner toute l’après-midi. Le mouvement Slow nous apprend que moins peut être plus.
Ce qui compte vraiment dépasse souvent la matérialité et les succès éphémères.
L’essentiel se niche dans les liens que nous tissons, dans la chaleur d’une étreinte, dans la richesse de nos échanges et la profondeur de nos relations.
C’est dans l’amour que nous donnons et recevons, dans les rires partagés et les larmes consolées. L’essentiel, c’est aussi la paix intérieure, le sentiment de savoir qui nous sommes et d’accepter nos imperfections.
C’est la capacité de s’émerveiller des petites choses, de la beauté d’un coucher de soleil ou du sourire d’un enfant.
C’est trouver sa passion et sa mission, s’y adonner pleinement, et sentir que l’on contribue, à notre échelle, à quelque chose de plus grand que soi. En somme, l’essentiel est ce qui demeure lorsque l’on fait abstraction du superflu, ce qui rend la vie à la fois douce et intense.
Cultiver l’espace et le temps
En te désengageant de l’inutile, tu suis les conseils de Malvina Girard, qui encourage à créer des moments de tranquillité et de qualité.
Cela peut se traduire par des soirées paisibles ou des week-ends sans horaires chargés, permettant à chaque membre de la famille de grandir et de s’épanouir à son propre rythme, en harmonie avec les rythmes naturels de la vie.
Cultiver le temps et l’espace, c’est apprendre à semer des instants de quiétude dans le jardin parfois encombré de notre quotidien.
C’est choisir délibérément de laisser des terrains en jachère, des moments non planifiés où la spontanéité peut fleurir et où l’on peut respirer librement, sans les liens de l’urgence.
Cela signifie créer des sanctuaires de calme, des recoins de notre vie où la hâte n’a pas sa place, et où l’on peut se déployer pleinement, sans contrainte.
Dans ces espaces, on peut s’étirer, grandir, et surtout, écouter le murmure de nos pensées les plus profondes. Cultiver le temps et l’espace, c’est aussi honorer le silence entre les notes, reconnaissant que la musique de la vie tire sa beauté non seulement des mélodies jouées, mais aussi des pauses qui les séparent.
3/ S’inspirer de la nature
La leçon de la nature : patience et résilience
Comme le suggère Dr. Catherine Gueguen, laisse les enfants explorer, toucher l’écorce des arbres, écouter le bruissement des feuilles.
Ces expériences sensorielles directes avec la nature sont essentielles pour apprendre à vivre dans le présent et à apprécier le monde autour de nous.
Je me rappelle dans mon enfance, nous allions pêcher en famille tous les dimanches après-midi, à l’heure de la sieste. J’en garde de très bons souvenirs : ramasser les escargots de rizières, faire des pâtés d’argile, revenir à la maison avec des pieds boueux et une odeur de vase qui pique les narines.
Nous n’avions pas de smartphones, et la télé à l’époque ne fonctionnait (n’émettait) que de 18h à 20h. Mais nous étions tellement heureux. On ne s’ennuyait jamais.
A lire aussi : la formidable aventure de la famille Berger-Pierron qui a passé plusieurs mois en mer avec leurs 3 enfants pour ralentir en famille.
Intégrer la nature dans le quotidien
Tu peux commencer par une collection de feuilles ou de pierres lors de vos promenades.
Tu peux emmener ta famille dans un parc, dans la forêt, où vous pouvez tous sentir l’herbe sous vos pieds et écouter le chant des oiseaux.
Quand Melyssa était petite, on faisait des colliers de fleurs : celles qu’on ramassait sur notre chemin.
On créait des dessins sur le sol avec des bouts de bâtons et des feuilles séchées.
À la maison, tu peux un petit musée naturel. Ces activités simples mais profondes, recommandées par les adeptes du slow parenting, permettent de ralentir et de se reconnecter avec les éléments naturels, tout en enseignant aux enfants la valeur de l’observation et de la contemplation.
Cette journée de slow parenting n’est pas une anomalie, c’est un rappel. Un rappel que la vie n’est pas une série de cases à cocher, mais une collection de moments à chérir. C’est un début, un premier pas vers une vie de famille plus calme, plus connectée et, finalement, plus heureuse.
Pour te reconnecter avec la nature, découvre ici l’article : Pourquoi et comment se connecter avec la nature?
4/ S’inspirer de la philosophie Moramora
Moramora ou le slow living malgache
Nous vivons à Madagascar et le slow living, c’est le quotidien de la grande majorité des malgaches.
Le « moramora » malgache est une philosophie de vie qui célèbre la lenteur et la sérénité, incarnant l’essence même de la vie à Madagascar.
Cette approche de la vie quotidienne encourage à prendre le temps de vivre, à apprécier chaque moment sans se précipiter, et à valoriser les relations humaines au-delà des contraintes du temps.
Dans un monde où tout s’accélère, le « moramora » est un rappel puissant de l’importance de ralentir, de respirer profondément et de se reconnecter avec les rythmes naturels de la vie.
C’est une invitation à se libérer du stress et de l’urgence artificielle pour embrasser une existence plus mesurée et plus consciente. C’est une ode à la patience, à la réflexion et à la joie de vivre, qui trouve son écho dans le sourire chaleureux des malgaches et dans la beauté sereine de notre île.
Le minimalisme appliqué aux jouets
La grande majorité des enfants malgaches n’ont pas de jouets ou vraiment très peu. Ils les construisent eux-mêmes, ce qui les rend très bricoleurs et débrouillards très jeunes.
Une boite de conserve, 4 bouchons de bouteille en plastique, du fil recuit et voilà : tu viens de créer un beau camion de pompier avec sa citerne.
Avec mes cousines, quand j’étais petite, on passait des heures à jouer aux osselets mais avec des pierres. Ca nous a appris la patience, la dextérité et le challenge de toujours faire mieux que les autres.
Je ne recevais qu’un seul jouet par an : pour mon anniversaire. Ma mère briefait la famille de ne rien m’offrir. Une vraie extrémiste du minimalisme. Je me rends compte que nous avons perpétuer cette tradition pour Melyssa. Un seul jouet pour l’anniversaire et Noël. Et elle n’est pas du tout frustrer. Au contraire : elle en prend davantage soin et sait exactement ce dont elle dispose.
Comment appliquer le moramora?
Tu peux réduire le nombre des jouets offerts, en impliquant ton enfant sur le choix de ce qui est vraiment important pour lui.
Mieux, tu peux valoriser des jeux créatifs avec des objets du quotidien:
- Château de cartons: Utilise des boîtes en carton pour construire un château ou une forteresse. Les enfants peuvent les peindre, les décorer et créer un monde imaginaire.
- Jardin de fenêtre: Utilise des bouteilles en plastique coupées pour faire pousser des herbes ou des fleurs sur le rebord de la fenêtre, enseignant la patience et le soin des plantes.
- Boutique éphémère: Les enfants peuvent utiliser des objets de la maison pour mettre en place une boutique ou un marché, apprenant à gérer les échanges et la monnaie.
- Circuit de voitures: Du ruban adhésif au sol peut servir à créer un circuit pour petites voitures. Ajoute des obstacles avec des objets comme des rouleaux de papier toilette ou des blocs de construction.
La priorité aux relations
Dans les villages et dans de nombreux quartiers de grandes villes, les enfants jouent entre eux. Ils se retrouvent en plein air pour jouer aux cerf-volant, à cache-cache, au maire, au foot, etc.
Ces jeux spontanés, loin des écrans et des jouets manufacturés, sont le terreau fertile d’amitiés durables et de souvenirs impérissables.
Ils apprennent à communiquer, à négocier, à respecter des règles et à s’entraider.
Ces moments partagés développent les compétences sociales et émotionnelles qui serviront toute une vie. Alors, laissons les rires résonner, les pieds courir et les cœurs s’ouvrir à la magie de l’instant.
Ouvrons nos maisons aux copains, ouvrons nos cœurs à la simplicité et à la spontanéité.
Pour en savoir plus sur la culture malgache et la philosophie moramora, c’est ici.
5/ Lâcher prise
Le dernier conseil et non des moindres pour ralentir le rythme en famille c’est le lâcher prise.
C’est accepter de ne pas tout contrôler, de laisser de la place à l’imprévu et à la spontanéité.
Pour les parents d’enfants atypiques, cela signifie reconnaître et célébrer les particularités de chaque enfant, sans forcer le rythme naturel de leur développement.
C’est comprendre que chaque moment passé ensemble n’a pas besoin d’être productif selon les standards habituels, mais riche en amour et en acceptation.
Le lâcher prise, c’est aussi s’autoriser des pauses, des moments de pure détente sans culpabilité. Cela permet à toute la famille de respirer ensemble et de se recentrer sur ce qui est vraiment essentiel.
Pour en savoir plus sur le lâcher prise, c’est ici.
Conclusion
Alors que le soleil se couche sur ce samedi paisible, les échos des rires et les souvenirs chaleureux te réchauffent le coeur.
Le slow parenting n’est pas juste une pause dans le tumulte, c’est une philosophie de vie.
C’est l’art de se déconnecter pour tisser des liens plus forts, de distinguer l’essentiel du superflu, et de laisser la nature nous enseigner la patience et la résilience.
Aujourd’hui, tu as embrassé le minimalisme joyeux du « moramora », où chaque instant est savouré pleinement.
Et demain, tu te lèveras avec la promesse de ralentir encore, pour apprécier chaque moment de cette belle aventure qu’est la parentalité.
Parce qu’au fond, le slow parenting, c’est choisir de vivre chaque jour comme si c’était un samedi matin tranquille, riche de présence et de simplicité.
Cet article participe à l’évènement inter-blogueurs organisé par le blog Ralentir en famille sur le thème “Mes conseils et astuces pour ralentir le rythme”. Parmi les articles de Chloé, j’ai particulièrement apprécié celui sur le burn-out parental.
Un article qui fait du bien ! Merci beaucoup ! Je me suis surprise à lire de moins en moins vite au fil de l’article 😊. Il y a quelques années j’ai lu « L’éloge de la lenteur » qui m’avait beaucoup marquée, mais je trouve que c’est difficile au quotidien, bien sûr il y a quelques parenthèses un peu plus slow mais globalement ça reste speed, ce que je déplore….
Effectivement, ce n’est pas évident. S’octroyer de vraies pauses et déconnections est déjà un bon début.
Merci pour ce voyage inspirant. C’est vrai que ralentir permet de se reconnecter à l’essentiel et savourer les instants simples du quotidiens.
Merci pour votre article ! Finalement, le plus dur est de réussir à lâcher prise… toujours la tentation d’allumer la TV ou de regarder son smartphone… pourtant vivre sans artifice est génial pour recharger sa propre batterie et décharger sa charge mentale !
On peut commencer par un soir sans écran 😉 Ce serait déjà un bon début. Quand l’expérience est positive, on a envie de la renouveler.
Merci pour cet article! Je ne suis pas encore maman, ca me ait plaisir de voir qu’il y a des solutions pour éviter la charge mentale.
Merci Monique
En commençant cet article, j’ai eu une petite angoisse : pour moi, passer toute une journée avec mon enfant en connection et en intentionnalité, c’est mentalement très épuisant (je suis en burnout maternel et professionnel). Mais au fil de la lecture, j’ai été rassurée, apaisée par la façon dont les choses sont amenées avec plein de petites astuces pleines de bon sens. Merci pour cette bouffée d’air frais ! Je testerai sans faute (et je garde l’idée du jardin de fenêtre pour quand il sera plus grand, j’adore !)
Sabine, merci pour ton témoignage plein de sincérité. On te souhaite le meilleur.
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