Aller au bout de ses rêves : l’aventure en mer de la Famille Berger-Pierron

Chacun de nous a des rêves, des aspirations profondes qui sommeillent dans les recoins de notre esprit, attendant patiemment d’être réalisés. Que ce soit la création d’une entreprise florissante, l’accomplissement de projets artistiques, la réalisation de grands voyages, nos rêves sont les étoiles qui guident nos vies. Comment aller au bout de ses rêves?

Elise a une amie d’enfance qui a réalisé un grand rêve en famille : une croisière en mer qui a duré pratiquement un an.

Nous avons eu la chance de suivre leur épopée au fur et à mesure de leurs escales grâce à leur blog. Il s’agit d’une famille de cinq personnes : la famille Berger-Pierron.

Aventure en mer, famille Berger Pierron
La famille Berger Pierron – Crédit Photo Emilie Berger Pierron

Maintenant que la famille est arrivée au bout de son aventure, on a trouvé intéressant avec Melyssa de te faire découvrir les enseignements et stratégies qu’elle a utilisés pour la réalisation de ce voyage en mer.

Comment est née sa motivation? Comment a-t-elle gérer la persévérance, les imprévus et les échecs?

On est fière de te partager une interview réalisée avec Emilie, la maman de la famille Berger-Pieron.

Découvre avec nous son aventure, car ensemble, nous découvrirons comment briser les limites qui entravent nos rêves, pour finalement les voir s’épanouir.

Qui est Emilie Berger-Pierron?

Un parcours riche de voyages et d’expériences

Elise : Bonjour Emilie. Je suis ravie de t’interviewer aujourd’hui. Après 25 années de petits échanges*, on se retrouve pour prendre le temps d’une belle parenthèse et faire le point sur ta dernière grande aventure. Merci d’avoir accepté de te livrer pour Optimisme Cool. Pour commencer, peux-tu te présenter STP ?

*Emilie et Elise ont été dans la même classe au collège à Madagascar et se sont données des nouvelles via les réseaux sociaux.

Emilie : Je suis Emilie, j’ai grandi à Madagascar, pays d’origine de mon père. Je suis issue d’une famille de zanatany** de Nosy Be. J’ai été à l’école française pendant tout mon cursus, et c’est là que nous nous sommes connues toi et moi.

J’ai quitté Tana à 18 ans après avoir passé mon bac. J’ai commencé par faire une prépa pour passer le concours d’orthophoniste mais j’ai finalement bifurqué vers des études de gestion hôtelière et je me suis spécialisée en ressources humaines.

J’ai d’abord travaillé en Polynésie française sur les îles de Tahiti et de Moorea.

Aller au bout des rêves, danseuses de tahiti
Danseuses de Tahiti

Puis, je suis partie travailler sur Dubaï. J’ai alors décidé après deux ans aux Emirats de m’installer en France avec pour projet de développer un domaine viticole (certainement un moyen de me créer des racines).

Je suis donc retournée à l’école et j’ai appris à entretenir la vigne, vinifier et commercialiser le vin pendant deux ans. Finalement après avoir fait le tour de la question, j’ai compris que c’était un marché très difficile et je n’étais pas rassurée par les données liées au réchauffement climatique et c’est à ce moment que j’ai rencontré mon mari.

**zanatany ou « enfant de la terre » : personne d’origine étrangère dont les ancêtres sont nés à Madagascar.

Vignes_viticole

Une maman accomplie de trois enfants

Nous nous sommes installés à Paris où j’ai travaillé comme RH pour la marque de vêtement pour enfants Jacadi, et quand je suis tombée enceinte de Romane nous avons décidé de quitter la région parisienne pour nous installer en Bourgogne, la région d’origine de mon mari.

Nous y avons eu notre deuxième enfant Baptiste.

Ensuite Benoit a été muté en Normandie où nous avons eu notre troisième enfant Garance.

Aventure en mer, Lakana Be
Garance et Romane – Crédit Photo Emilie Berger Pierron

Ayant fait une pause professionnelle de 2 ans à la naissance de Baptiste, je me suis questionnée sur ce que je voulais faire et j’ai choisi de me former à l’accompagnement des professionnels, métier communément appelé coach de vie.

Un métier passionnant : coach de vie spécialisé en pratiques narratives

Une approche d’accompagnement spécifique

Emilie : Je me suis spécialisée en pratiques narratives. C’est une approche d’accompagnement fondée sur l’idée que les récits que nous produisons en permanence sur notre vie peuvent soit nous enfermer, soit nous libérer.

(ndlr : cette approche narrative, née en Australie et en Nouvelle-Zélande il y a 30 ans, montre qu’il existe une multiplicité de points de vue pour rendre compte d’une situation. Fondée sur des techniques de conversation sophistiquées, elle ne se focalise pas sur les problèmes mais au contraire, sur les compétences déployées par les personnes et les groupes lorsqu’il n’y a pas de problèmes.) 

Des profils variés

Je suis coach depuis 2019 et j’aide les gens à trouver leur voie professionnelle ou du moins leur équilibre de vie. Je suis persuadée que nous avons tous du génie alors j’aide les gens à lui faire de la place.

J’ai accompagné beaucoup d’expatriés qui rencontraient des difficultés à leur arrivée dans un nouveau pays et sur le sujet du retour en France aussi. Il y avait des questionnements récurrents:

Comment s’intégrer en respectant ses valeurs ? Comment s’adapter à ce changement ? Comment transformer la contrainte en une belle expérience pour qu’elle devienne positive pour soi ?

Je suis aussi coach pour les personnes qui s’interrogent sur leur carrière et ont envie de changement. Parfois ils changent totalement de voie, parfois ils font quelques ajustements. Les profils sont très variés.

Nous parlons de leurs forces, de leurs aouts, de leurs compétences, de ce qu’ils aiment, de leurs besoins, mais aussi de leurs freins et de leurs croyances limitantes.

Ensemble nous dessinons les contours de la vie qui leur conviendrait : nouveau métier, nouvelle formation, rééquilibrage vie pro / vie perso, petits ajustements, gros changements, etc.

Je me pose toujours du côté du vivant, du joyeux, de ce qui fait vibrer et s’il nous arrive de devoir parler des problèmes, on peut les décortiquer mais uniquement pour s’en débrasser. 

Chaque histoire est unique. J’adore mon métier, il me procure beaucoup de joie et me fait me sentir utile dans le monde.

Durant l’été 2021 nous nous sommes posés beaucoup de questions avec mon mari sur ce que l’on souhaitait pour la suite.

L’optimisme en famille

Elise : Merci pour cette belle présentation. C’est rare d’avoir un parcours avec autant de métiers différents et de cultures éloignées apprivoisées. Comme tu le sais, Optimisme Cool est un blog pour aider les parents à être plus optimiste et cool. Que peux-tu nous dire sur l’optimisme dans ta famille?

L’optimisme à la source de sa créativité

Emilie : Je pense que si je n’étais pas d’une nature résolument optimiste je n’aurai jamais fait tout ce que j’ai fait! C’est justement ce qui me porte et me donne ma créativité et ma liberté.

C’est ce qui permet de se donner l’autorisation de faire des projets, mais c’est surtout ce qui m’a permis de ne pas trop flancher dans les moments difficiles.

Un entourage résolument optimiste

Emilie : Ma mère a pour habitude de dire face à une difficulté :

« Bon, si tu n’as que ça comme problème, alors finalement, tout va bien! »

J’ai adopté cette pensée-là.

J’ai la chance d’être avec un mari qui est encore plus optimiste que moi. Quand nous faisons face à une difficulté il dit toujours :

 » Bon, la bonne nouvelle dans tout ça c’est que…[insérer la bonne nouvelle]! »

Parfois ça m’énerve quand il fait ça, car j’ai l’impression qu’il nie la difficulté que nous traversons, qu’il ne la prend pas au sérieux. Mais en réalité ça marche vraiment :  au mieux ça fait relativiser et au pire ça fait rire.

Parfois dans la vie il faut être très imaginatif pour trouver la bonne nouvelle quand t’es en pleine galère !

Elise : Quelle chance d’être entourée de proches bienveillants et optimistes! Mais au delà de l’optimisme, quels sont les traits de ta personnalité qui t’ont poussée à atteindre tes objectifs?

Croire résolument en soi

Emilie : Evidemment l’optimisme n’est pas le tout. J’ai la chance d’être courageuse, travailleuse et de toujours croire en mes rêves. J’ose, et ça je sais que tout le monde n’a pas cette carte en main.

J’aime les gens, je suis curieuse des humains et toujours heureuse de mieux les comprendre. C’est une vraie source d’inspiration les gens !

Je suis super sensible à mon environnement et aux gens. Ce qui peut me mettre parfois dans des états d’émotions extrêmes. Tristesse, colère, joie, mélancolie… je n’ai pas de demi-teinte !

Je me pose des milliards de question. C’est épuisant pour moi et pour les autres. Une de mes sœurs m’a comparée à un Rummikub un jour : on croit que tout va bien et que tout est clair et quand on le retourne on voit que c’est tout confus.

Elise : Ca ne doit pas être facile tous les jours avec toi! (Rires)

Le besoin d’atteindre ses objectifs

Emilie : J’ai besoin d’objectif et surtout j’ai besoin de les atteindre, certainement un gros problème de contrôle et de sécurité (Rires).

Dans une situation sans objectif ou sans possibilité de l’atteindre, je peux être franchement déprimée et déprimante. Le bateau m’a beaucoup appris sur ce point.

Je suis un caméléon. Je m’adapte très bien à toute situation, quitte à oublier mes propres besoins…erreur fatale !

S'adapter comme le caméléon

Elise : Du coup, la grande croisière en mer est devenue un objectif à atteindre si je comprends bien. Comment est venu cet appel du large?

Aller au bout de ses rêves

Une histoire familiale

Emilie : J’ai toujours fantasmé sur les familles qui faisaient ce genre de voyage. Pour moi c’était le truc ultime, le graal.

Chez moi on est plutôt bateau à moteur, aussi c’est avec Benoit que j’ai découvert la voile. Il en faisait depuis toujours avec son père et son grand-père tous les étés.

Benoit Berger Pierron
Ben, le papa – Crédit Photo Emilie Berger Pierron

Nous avons navigué quasi exclusivement famille avec les parents de Ben, le capitaine étant son père. Quand on a commencé à avoir envie de naviguer « juste nous » Ben a fait un stage dans une école de voile pour se rassurer. Il a compris qu’il avait tout à fait les compétences et nous sommes partis en week-end juste tous les deux.

Donc pour ma part, j’étais au départ débutante et pour le capitaine entre amateur voire habitué. Depuis qu’il était petit, il naviguait tous les étés avec son père en Bretagne majoritairement, mais aussi dans le sud de la France, avec quelques expériences en Croatie, aux Antilles et à Madagascar. Mais avant qu’on ait notre bateau il n’avait jamais été capitaine.

Elise : Au delà de l’histoire familiale, est-ce que vous avez ressenti en vous une grande envie de changer quelque chose dans vos vies?

Comment trouver son « pourquoi » pour donner du sens à ses rêves

L’envie de voyager

Emilie : Le projet est né pour ma part d’une grande envie de voyager. J’avais envie d’essayer quelque chose de nouveau.

J’ai grandi à l’étranger et ai vécu mes premières années professionnelles à l’international. Je désirais que nos enfants expérimentent une vie différente et en dehors de la France.

Elise : Et pour ton mari, quelle était sa motivation principale pour ce projet?

L’envie de ralentir

Emilie : Du coté de Benoit il y avait une envie de ralentir. Il travaillait énormément et a réalisé lors du 7ème anniversaire de Romane notre fille ainée qu’il ne l’avait pas vu grandir.

Nous ne parvenions pas à nous mettre d’accord sur une destination en particulier, le bateau est donc arrivé comme la solution parfaite !

Un rêve commun

Emilie : Ce voyage c’était pour être ensemble et voir nos enfants grandir, d’expérimenter une vie différente plus respectueuse de nous et de l’environnement, et de partager un projet en tant que couple.

Elise : C’est super que le projet réponde à une aspiration commune du couple! Ce n’est pas forcément évident, et parfois les projets assez fous sont perçus comme un sacrifice pour l’un des membres du couple. Comme s’il devait aider l’autre à réaliser son rêve, mais qui n’est pas le sien. Comment avez-vous organiser les préparatifs?

Changer sa vie : se jeter à l’eau

Emilie : Nous sommes un mauvais exemple car normalement les gens prennent plus de temps ! Tout est allé très vite. 

Nous avons pris notre décision en Septembre 2021, et 4 mois après nous achetions notre bateau que j’ai proposé de nommer Lakana Bé***.

De Janvier 2022 à Mai 2022 nous avons suivi plein de stages pour acquérir des compétences sur les sujets que nous ne maitrisions pas bien (météo, médical, matelotage, mécanique, voilerie, électronique, etc.).

Fin Juin nous aménagions sur le bateau après avoir vendu la maison. Et c’était parti pour l’aventure !

C’est parti pour l’aventure

Elise : Effectivement, 9 mois c’est assez rapide pour un projet de cette envergure. Comment vos proches ont accueilli la nouvelle?

*** Lakana Bé : qui veut dire grand bateau en malgache, avec un « é » pour être prononcé correctement

L’influence de l’entourage

Partager son projet ambitieux à ses proches

Emilie : Globalement les gens ont bien accueilli notre projet. On pensait qu’ils seraient plus surpris que ça, mais nous connaissant comme ils nous connaissent ça n’était pas si déconnant.

Tous sauf … ma mère !  Je dois dire que je ne l’ai pas ménagée quand j’ai fait mon annonce au téléphone. En fait, je ne pensais pas que ce serait un sujet pour elle. Sauf que je n’avais pas réalisé qu’elle allait se dire que j’allais mettre ses petits-enfants en danger. Au final elle s’est renseignée sur le sujet et a été rassurée.

Tout plaquer pour changer de vie

Emilie : Les gens nous ont posé beaucoup de questions. Ils parlaient plus de ce qui les angoisseraient eux s’ils faisaient ce choix, que de ce qui serait une difficulté pour nous. Ce qui ne nous a pas déstabilisé.

Certains ont quand même été effarés que l’on quitte nos situations professionnelles stables, qu’on vende notre belle maison, qu’on retire les enfants de l’école.

C’était un peu extrême pour eux je pense. Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai entendu « je ne pourrai jamais faire ça moi!». Ca m’amusait personnellement. J’étais comme une anomie dans leur vie bien organisée, tu sais comme le code erreur 404 sur les ordinateurs, et ils ne savaient pas comment traiter cette information.

Elise : Je pense que j’aurai eu le même bug à l’annonce. Du coup pour ce projet, quel itinéraire avez-vous choisi?

Emilie : L’itinéraire a été choisi en fonction du sens des vents. En fait, il y a des genres d’autoroutes toutes tracées que tu peux prendre à certaines périodes de l’année. Donc tu ne choisis pas vraiment ta route, tu fais en fonction de ce qui est possible. Et ensuite tu affines avec la météo.

Au final, nous sommes donc partis de Normandie, puis la Bretagne, ensuite nous avons traversé le golf de Gascogne pour rejoindre l’Espagne, ensuite le Portugal.

Puis a suivi le Maroc, les Canaries et le Cap vert. Nous avons quitté le Cap Vert pour notre plus grande traversée qui est la transatlantique. 16 jours de mer pour rallier la Martinique. Nous avons ensuite descendu l’arc antillais par le sud pour découvrir les Grenadines. Puis retour en Martinique ou nous avons pris l’avion pour rentrer en France.

Elise : Waouh, le parcours est impressionnant, vraiment bravo!

Les avantages de sortir de sa zone de confort pour réaliser ses rêves

Se redécouvrir autrement

Elise : Le fait de vivre 24h/24h les uns sur les autres, ça n’a pas été un souci?

Emilie : Il faut savoir que nous sommes très « cocon ». On aime être les uns sur les autres je crois.

Pour moi, c’est le bonheur d’avoir tout le monde avec moi dans un petit environnement. J’ai le même ressenti en camping car.

Mais évidemment on a tous besoin de nos moments à nous.

En navigation on se répartissait avec Benoit ce qu’on appelle des quarts. C’est le moment où tu es la personne en charge de la navigation et de la surveillance. De jour comme de nuit.

Les quarts de nuit étaient notre oxygène car tout le monde dort et tu es la seule personne éveillée. Tu es dans le calme et si les conditions sont cool, le bateau est sous pilote automatique. Donc tu peux faire plein de trucs pour toi : lire, écouter un podcast, écrire, regarder un film ou une série … ou juste rien et regarder la mer.

J’écoute beaucoup de podcasts et j’ai un excellent casque anti-bruit qui m’a permis de m’isoler a chaque fois que j’en ai eu besoin. Ben faisait pareil mais avec de la musique.

Pour les enfants la promiscuité c’est le gros kiffe donc ce n’est pas un souci pour eux.

Trappe_bateau

Elise : D’ailleurs, est-ce que cette aventure a changé les enfants?

Autonomie et confiance en soi

Emilie : Les enfants se sont vraiment épanouis dans cette aventure, se sont soudés dans la fratrie, ont développé de l’autonomie et de la confiance en soi.

Je dirai aussi que ça a fait plus de place à leur curiosité car ils avaient le temps de se poser des questions et nous avions le temps d’y répondre.

Aujourd’hui c’est comme si eux-mêmes étaient convaincus que tout est possible dans la vie, qu’il n’y a pas de limite.

Ils ont pu laisser chacun place à leur singularité et je suis curieuse de voir ce que ça va permettre pour leur avenir. Ils ont appris à vraiment connaitre leurs parents aussi et nous avons d’incroyables discussions ensemble.

Entraide et découverte

Elise : Il y a aussi deux jeunes qui vous ont rejoint dans l’aventure, c’est bien ça?

Emilie : Ce n’était pas prévu mais nous avons effectivement pris deux jeunes à bord comme équipiers. Ils nous ont abordé sur un quai à Cascais au Portugal et ont su nous convaincre de les prendre à bord.

Leur but était de voyager « low carbon », de faire du bateau et de vivre des expériences de partage.

Je crois que c’est une des meilleures décisions que nous ayons prise. Les avoir avec nous a été un grand bonheur!

Avec leur fraicheur et leur regard différent sur le monde, ils ont été une vraie source d’inspiration. Je me suis sentie rassurée par cette nouvelle génération que je trouve tellement bienveillante et positive alors même qu’ils pourraient être aigris et en colère du monde que nous leur avons transmis.

Et puis, ils ont été d’une grande aide à bord quand nous avions besoin de souffler un peu.

Elise : Avez-vous eu d’autres belles surprises durant cette aventure?

Emilie : La nature et l’amour ! (rires)

Nous en avons pris plein les yeux ! Couchers de soleil, levers de lune, danse de dauphins … la nature nous a émerveillés !

Coucher du soleil
Parmi les nombreux couchers de soleil – Crédit Photo Emilie Berger Pierron

Et concernant l’amour, cette expérience a véritablement soudé notre couple. Nous formons vraiment une équipe et je trouve que ça a créé plus d’équilibre entre nous.

Ca a permis aussi à chacun de travailler sa confiance en soi.

Elise : tu as une anecdote particulière à nous raconter?

Accueillir sa vulnérabilité

Emilie : Oui, je vais te partager une anecdote qui m’a marquée.

Quand tu ne navigues pas tu as deux façons d’être à l’arrêt : être au port ou être au mouillage.

Pour ce dernier, tu dois mettre ton ancre. Sur Lakana Bé c’est moi qui étais en charge de mettre l’ancre et de la relever. Pas avec mes petits bras je te rassure, nous avons un système de treuil. Mais à chaque fois que je remontais l’ancre, elle ne se mettait pas dans le bon sens donc ne venait pas s’encastrer correctement à sa place, donc elle tapait sur la coque. Ça me rendait fébrile, je finissais par courir chercher Benoit pour qu’il termine mon travail. Alors même que lui était en train de barrer pour sortir le bateau. C’était le stress.

Elise : Finalement, comment as-tu pris ça en main?

Elargir ses compétences

Emilie : Au fur et à mesure je me suis débrouillée. D’abord à l’aide d’une gaffe (grand bâton avec un crochet) pour mieux guider l’ancre, puis parfois je m’aidais de mon pied.

Ce n’était pas du tout fait dans les règles de l’art, mais ça se finissait bien et nous pouvions naviguer en sécurité. Bref, les mois passent et un matin je remonte l’ancre, avec juste la manette du treuil dans une main, tranquille, et je réalise que je l’ai fait en trois coups de boutons sans même avoir besoin d’y réfléchir. Je n’avais même pas stressé à devoir faire cette manoeuvre.

C’était devenu mon quotidien et ce n’était plus un événement.  C’était bon j’avais appris ! Quand je suis revenue au cockpit j’ai dit à Ben : « la prochaine fois que je doute en mes capacités, dis-moi de repenser à l’histoire de l’ancre ».

Affronter_ses_peurs
Crédit Photo Emilie Berger Pierron

Elise : je garderai cette anecdote en tête pour me donner du courage aussi, merci! Qu’avez-vous rencontré comme autres challenges ?

Accepter l’imprévu

Emilie : Le plus gros challenge a été la météo. Elle a été de plus en plus capricieuse et difficile à prévoir. En bateau, la météo c’est la clé de tout car on est en situation de grande vulnérabilité. C’était beaucoup de stress.

Il a fallu accepter l’imprédictibilité de la vie : nous avons dû constamment faire des ajustements et toujours accepter que ça ne se passera pas comme on l’avait prévu quand on a écrit ce projet. Ca demande du lâcher prise et évidemment beaucoup d’optimisme !

Se concentrer sur itinéraire en mer
Ben en pleine gestion des imprévus – Crédit Photo Emilie Berger Pierron

Travailler différemment

Elise : L’autre challenge a été de concilier ton job de coach de vie avec la vie sur le bateau. Comment as-tu fait?

Emilie : J’ai en effet choisi de continuer à travailler, j’aurai pu m’en passer mais je ne voulais surtout pas arrêter. D’abord parce que c’est un métier de pratique, et je pense qu’un bon coach c’est celui ou celle qui voit des profils très différents, qui se frottent à plein de situations.

Être coach c’est poser de bonnes questions et ça c’est un art à mon sens qui se pratique comme un artisan qui a répété un geste jusqu’à ce qu’il soit satisfait de ce qu’il a produit.

Ben m’avait installé un bureau démontable dans notre cabine à l’avant. On avait un code : quand ma porte était fermée c’était mode silence, et dès que je terminais ma session j’ouvrais ma porte. J’ai tout de même réduit mon volume d’accompagnement pour que cela ne prenne pas tout mon temps.

Affronter ses peurs et oser

Elise : Quels seraient tes conseils pour ceux qui ont envie d’aller au bout de leurs rêves?

Dompter la peur pour réaliser ses rêves

Emilie : Si tu as envie de faire quelque chose alors il faut le faire !

Et si tu as peur c’est normal car quand il y a de l’envie et il y a de la peur (et plus y’a d’envie, plus y’a de peur !). Ça ne se passera pas forcément comme tu l’avais imaginé, ça sera peut-être même une erreur, mais le seul moyen de le savoir c’est en te jetant à l’eau. Il vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets.

Le moment parfait n’existe pas

Cela ne sert à rien d’attendre le moment parfait pour te lancer, la fenêtre idéale n’existe pas.

Tout maitriser parfaitement pour réussir ton projet est quasi-impossible. Inutile aussi de passer un diplôme spécifique pour acheter ta légitimité, car tu peux apprendre en agissant et cet apprentissage est la plus puissante des formations. Et c’est encore plus valable avec des enfants.

La nécessité de s’adapter en permanence

Le plus grand des plus grands enseignements c’est que dans la vie si tu veux être bien, tu dois t’adapter à ce qui se passe et procéder constamment à des ajustements.

S'adapter en permanence
S’adapter en permanence – Emilie et Garance

Ca n’empêche pas de faire des projets, bien au contraire. C’est d’intégrer que ça ne se passera pas forcément comme tu l’avais imaginé. Et c’est comme ça. Le seul levier que tu as c’est de t’ajuster.

Vivre autrement, c’est possible!

Nous avons compris que l’on peut vivre autrement. Que nos enfants peuvent apprendre autrement. De façon plus respectueuse de la vie : la nôtre, celle des autres et celle de la planète.

Vivre autrement
Vivre autrement, c’est possible!

Elise : Merci beaucoup pour ces précieux enseignements. On espère que les lecteurs d’Optimisme Cool ont un peu voyagé grâce à ton beau périple. Pour finir, quels sont vos projets pour la suite?

Emilie : Nous sommes encore en réflexion. Pour le moment, ce qui est certain c’est que nous allons nous installer pour l’année scolaire dans le sud de la France car Ben a une année de formation. Il souhaite devenir menuisier fabricant. 

Nous souhaitions de prime abord nous installer à l’île de la Réunion car c’était le meilleur compromis pour nous. Entre la France et Mada. Mais nous avons réalisé que ce serait à nouveau être éloignés de nos familles et nos parents vieillissent.

Nous avons appris que l’on peut vivre avec moins : moins de choses et donc moins d’argent.

Et que ca permet d’avoir plus : plus de temps et plus de vie.

Notre projet pour l’instant serait d’acheter une maison assez grande pour nous 5, avec un atelier pour Ben et un cabinet pour moi, avoir de la place pour quelques gites, pourquoi pas faire un peu d’événementiel, et développer des projets tests.

Notre voyage nous a beaucoup marqué sur le sujet de l’eau et on aimerait regarder avec Ben ce sujet de plus près. Expérimenter des moyens pour récupérer l’eau, l’économiser et la recycler. Il y a aussi la permaculture. Et puis je voudrai consacrer plus de temps à l’écriture et avoir toujours ce temps de qualité avec les enfants et mon mari.

Nous n’excluons pas de refaire un voyage en bateau mais genre dans 10 ans et de partir de là où on a arrêté pour aller en Polynésie.

Elise : Que de beaux projets, on vous souhaite vraiment le meilleur du monde et encore merci pour ce beau moment passé ensemble!

Si comme Emilie et Ben tu veux renforcer les liens parents-enfants, retrouve quelques idées dans notre article ici.

Commentaires

  1. Jessica

    Merci pour cette interview, c’est une aventure incroyable qu’ils ont vécue ! Partir en bateau avec 3 enfants, c’est formidable, cela renforce les liens familiaux. Je leur souhaite encore de nombreux voyages de ce genre pour profiter pleinement des moments en famille ! 🌟

  2. Beatrice

    Merveilleux article que j’ai lu attentivement. Merci de ce beau partage du profond du coeur. Il est aussi tres é crit, mes compliments. Il est frais et plein d’informations sur la qualité de la vie.
    Je ne savais pas de approche narrative, née en Australie et en Nouvelle-Zélande il y a 30 ans, Tres tres interessant. Merci.

    1. Manager Papillon

      Merci beaucoup Béatrice, ton commentaire est très encourageant.

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