La vérité sur les enfants atypiques : 10 mythes courants
Comprendre et accompagner un enfant atypique est un voyage émouvant, semé de défis et de découvertes. Je suis la maman de Melyssa, une enfant aux multiples facettes – troubles dys, hypersensibilité, et troubles de l’attention – j’ai traversé un parcours semblable à celui d’un explorateur sans carte dans un monde inconnu.
Chaque jour, j’apprenais à manier un appareil sophistiqué sans mode d’emploi, faisant face à mes propres erreurs et aux idées reçues ancrées dans notre société et dans mon éducation. J’ai trébuché, appris et j’ai aussi grandi d’une certaine manière. Ce chemin n’est pas facile, il est parsemé de doutes et de remises en question.
Les erreurs que j’ai faites, je te les partage, non pas comme des échecs, mais comme des lucioles dans la nuit de l’ignorance. Tu vas ainsi éviter le piège des préjugés et des fausses croyances.
Lis attentivement, car chaque paragraphe est une boussole pour mieux comprendre et soutenir ton enfant atypique, pour voir au-delà des étiquettes et révéler tout son potentiel.
- Idée reçue N°1 : « C’est une phase »
- Idée reçue N°2 : »Cela vient de l’éducation »
- Idée reçue N°3 : »Ils ne réussiront pas à l’école »
- Idée reçue N°4 : « Ils sont juste paresseux ou capricieux »
- Idée reçue N°5 : » Ils ne peuvent pas être heureux »
- Idée reçue N°6 : « Ils doivent juste faire plus d’efforts »
- Idée reçue N°7 : « Ils ne changent jamais »
- Idée reçue N°8 : « Ils sont un fardeau pour la société »
- Idée reçue N°9 : « Ils ne peuvent pas avoir de vraies amitiés »
- Idée reçue N°10 : « Ils utilisent leur condition comme excuse »
- Conclusion
Idée reçue N°1 : « C’est une phase »
Pour les personnes qui ne connaissent pas bien les troubles, les singularités manifestées par les enfants atypiques sont souvent perçues comme éphémères. Comme si c’était de simples parenthèses dans leur développement.
Je te partage notre expérience. La scène se déroulait sur la table basse de notre salon. Ma fille Melyssa, alors petite, jouait tranquillement avec sa dinette : des petites tasses, une théière, des petites cuillères.
On avait remarqué sa maladresse : elle renversait souvent les petites tasses, et trébuchait sur le tapis pour faire le service à ses personnages imaginaires. Au début, on avait pensé que c’était simplement dû à son immaturité et à son manque de concentration. Elle était souvent « dans la lune », absorbée dans ses pensées enfantines, et nous avions déduit à tort que c’était une phase qu’elle surmonterait avec le temps.
Cependant, cette expérience nous a démontré que notre compréhension était loin de la réalité. Lorsque Melyssa a été diagnostiquée dyspraxique visio-spatiale, un voile s’est levé sur notre perception.
Nous avons réalisé que sa maladresse n’était pas un simple trait de son jeune âge, mais une partie intégrante de son quotidien qu’elle devrait apprendre à gérer. Ce diagnostic a changé notre approche : au lieu d’attendre qu’elle « fasse davantage attention », nous avons commencé à explorer des moyens pour l’accompagner efficacement.
Cette révélation a été un tournant pour nous. Nous avons compris que chaque chute, chaque objet renversé, n’était pas un signe d’inattention, mais un défi que Melyssa affrontait chaque jour. En tant que parents, notre rôle a évolué. Nous ne nous contentions plus d’observer, mais nous sommes devenus des guides actifs. Nous avons appris à célébrer ses réussites, petites ou grandes, et à l’encourager dans sa quête pour réaliser ses objectifs, malgré les défis uniques qu’elle rencontre.
Idée reçue N°2 : »Cela vient de l’éducation »
Combien de fois ai-je entendu autour de moi : » C’est parce que ses parents ne mettent pas assez de cadre », » c’est parce qu’ils ne lui ont pas transmis les valeurs de persévérance », » ils ne sont pas assez ambitieux pour elle « , etc.
Les troubles neurodéveloppementaux, comme les DYS ou le TDAH, ne résultent pas de méthodes éducatives inappropriées. Des études génétiques ont montré que ces conditions ont des composantes biologiques significatives. Les parents ne doivent pas se sentir coupables, mais plutôt être accompagnés dans l’adaptation à ces défis.
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Idée reçue N°3 : »Ils ne réussiront pas à l’école »
Avec des stratégies d’enseignement adaptées, les enfants atypiques peuvent exceller.
Il y a un exemple qui illustre cela parfaitement, c’est celui de Temple Grandin, autiste et professeure. Née en 1947 aux États-Unis et diagnostiquée autiste à 2 ans, elle a surmonté d’importants défis éducatifs grâce à l’insistance de sa mère pour une scolarisation en milieu ordinaire.
Dotée d’une grande créativité, elle transformait les mots en images colorées et sonores dans son esprit. Passionnée par les animaux, elle a révolutionné l’élevage grâce à ses capacités cognitives uniques. Titulaire d’un master en Sciences Animales, elle enseigne aujourd’hui à l’Université du Colorado et dirige une entreprise de conseil. Ambassadrice internationale de l’autisme, elle œuvre à expliquer l’autisme de l’intérieur à travers ses écrits et conférences.
Idée reçue N°4 : « Ils sont juste paresseux ou capricieux »
Les premières séances de devoirs en primaire avec Melyssa étaient catastrophiques. Son trouble de l’attention avec hyperactivité nous a mené la vie dure. Et au début, j’avais vraiment du mal à comprendre. Lorsqu’il était temps de se concentrer sur un exercice de maths, elle avait du mal à rester assise et à se concentrer.
Elle se levait fréquemment, jouait avec ses crayons ou cherchait un verre d’eau à la cuisine. J’interprétais son comportement comme de la paresse ou un manque d’auto-discipline.
Pourtant, Melyssa ne faisait pas exprès de déranger. Je l’ai compris bien après. Elle luttait simplement contre son incapacité à réguler son attention et son besoin de mouvement constant. Le fait de la laisser se balancer sur sa chaise pour mieux se concentrer, et le fait de découper les devoirs en petites séances de 15 minutes avec des mini-pauses nous a grandement aidées.
Idée reçue N°5 : » Ils ne peuvent pas être heureux »
Le bonheur n’est pas hors de portée pour les enfants atypiques. Avec un soutien adapté et une compréhension de leurs besoins spécifiques, ils peuvent vivre pleinement.
Melyssa, qui présente des particularités sensorielles, trouve un grand bonheur dans des activités calmes et bien structurées, qui correspondent à ses besoins uniques.
Ces activités, soigneusement choisies, lui permettent d’explorer son environnement à un rythme confortable et de manière organisée. Que ce soit en confectionnant des bijoux de perles, en dessinant ou en faisant du karaoké sur des chansons douces, elle s’engage avec une concentration et une sérénité remarquables. Ces moments structurés, loin du chaos sensoriel du quotidien, sont pour elle une source de joie et un moyen d’exprimer ses capacités et sa créativité.
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Idée reçue N°6 : « Ils doivent juste faire plus d’efforts »
Demander à un enfant dyslexique de simplement « faire plus d’efforts » pour lire est non seulement contre-productif, mais cela ignore aussi les défis neurologiques profonds qu’il affronte.
La dyslexie ne se résume pas à un manque de volonté ou d’effort, mais à une difficulté intrinsèque dans le traitement des mots et des lettres. Comme le souligne Sally Shaywitz dans son ouvrage « Overcoming Dyslexia », l’adoption de stratégies spécifiques et l’utilisation d’outils adaptés, comme des logiciels de lecture assistée, peuvent être bien plus bénéfiques.
C’est comme si on te demandait d’enfoncer un clou dans un mur avec une éponge. Quand tu n’as pas le bon outil, même avec tous les efforts du monde, tu n’y arriveras pas.
Quand tu as une approche ciblée permettent à l’enfant dyslexique de contourner certaines de ses difficultés, tu favorises une expérience de lecture plus fluide et moins frustrante.
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Idée reçue N°7 : « Ils ne changent jamais »
L’idée que les enfants atypiques « ne changent jamais » est une méprise. Avec des interventions appropriées, ils peuvent réaliser des progrès significatifs. J’ai pu l’expérimenter avec la dyspraxie de Melyssa, un trouble affectant la coordination motrice. Au départ, elle avait de grosses difficultés à effectuer des tâches simples comme s’habiller ou faire ses lacets. Grâce à de petits exercices adaptés, elle a pu développer progressivement ses capacités motrices. Aujourd’hui elle réalise ses tâches avec plus d’aisance et de confiance.
J’ai pu également l’expérimenter sur son hypersensibilité sensorielle. Avant elle pouvait être submergée par des stimuli quotidiens comme le bruit de la cour de récréation ou le toucher des vêtements. Avec le temps et une meilleure connaissance d’elle-même, elle a appris à gérer ses réactions sensorielles. Par exemple, elle sait choisir la texture de ses vêtements pour diminuer son inconfort.
Idée reçue N°8 : « Ils sont un fardeau pour la société »
Certaines personnes peuvent percevoir les individus atypiques comme un fardeau pour la société pour diverses raisons, souvent liées à des préjugés ou à un manque de compréhension.
Les gens peuvent sous-estimer les capacités et le potentiel des personnes atypiques, ne reconnaissant pas leur potentiel pour l’innovation, la créativité et la contribution unique.
Par ailleurs, les défis auxquels font face les individus atypiques dans les systèmes éducatifs et professionnels traditionnels peuvent être vus à tort comme un indicateur de leur dépendance ou de leur besoin de soutien excessif.
Enfin, les difficultés dans les interactions sociales et la communication peuvent être mal interprétées comme un manque de volonté de s’intégrer ou de contribuer à la société.
Pourtant les personnes atypiques apportent diversité et innovation, et changent profondément l’histoire de l’humanité. Des personnalités comme Albert Einstein, Thomas Edison, Henri Ford, Richard Branson, Elon Musk ou encore Steve Jobs ont apporté une grande contribution dans les révolutions industrielles et technologiques.
Aussi, il est important de montrer régulièrement à nos enfants qu’ils sont importants pour nous. Sanya Pelini, docteure en Sciences de l’éducation, propose plusieurs techniques assez simples dans son blog, pour aider son enfant à se sentir important.
Idée reçue N°9 : « Ils ne peuvent pas avoir de vraies amitiés »
Les enfants atypiques peuvent avoir des difficultés dans les interactions sociales, mais ils sont capables de nouer des liens profonds. Ma fille Melyssa a peu d’amis, et c’est toujours difficile pour elle d’aller vers les autres. Les relations qu’elle entretient avec ses amies sont très intenses.
Elle évite les activités parascolaires bondées ou bruyantes, mais s’engage avec passion dans le petit groupe de kick boxing de l’école, où elle peut exprimer ses intérêts et tisser des liens significatifs avec les autres enfants qui partagent la même passion.
Les grandes fêtes d’anniversaire peuvent être écrasantes pour elle. Elle préfère les célébrations intimes avec trois ou quatre amis proches, où elle se sent plus à l’aise et connectée.
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Idée reçue N°10 : « Ils utilisent leur condition comme excuse«
L’idée selon laquelle les enfants atypiques utiliseraient leur condition comme excuse est un préjugé courant. Ces enfants ne choisissent pas d’être atypiques. Ils tentent simplement de naviguer dans un monde qui n’est pas toujours adapté à leurs besoins spécifiques.
Leur comportement, souvent mal interprété comme de la paresse ou de la désobéissance, est en fait une réaction à des défis neurologiques ou sensoriels uniques qu’ils rencontrent au quotidien.
Comme on l’a vu précédemment par exemple, un enfant avec TDAH peut sembler distrait ou agité, mais c’est en réalité sa manière de gérer un flux constant de stimuli et d’informations. Ces enfants requièrent compréhension et soutien, plutôt que des jugements hâtifs basés sur des idées fausses.
Pour nous parents d’enfants atypiques, il est aussi crucial de ne pas les enfermer dans une étiquette restrictive basée sur leur atypie. Nous devons valoriser leur personnalité unique et leurs forces, plutôt que de se concentrer exclusivement sur leur handicap invisible.
Reconnaître et célébrer leurs talents, leurs passions et leurs réussites permet à ces enfants de se voir comme des individus complets et capables, au-delà de leurs défis. C’est en soutenant toute leur personnalité que les parents peuvent les aider à s’épanouir pleinement.
Conclusion
En conclusion, les idées reçues sur les enfants atypiques, telles que « C’est une phase », « Cela vient de l’éducation », ou « Ils sont juste paresseux ou capricieux », sont non seulement inexactes, mais aussi potentiellement dommageables.
Ces croyances perpétuent des stéréotypes qui peuvent entraver le développement et l’épanouissement de ces enfants. Il est essentiel de comprendre que les difficultés rencontrées par les enfants atypiques à l’école, dans les relations sociales, ou dans la gestion de leurs émotions ne sont pas le résultat d’un manque de volonté ou d’efforts. Il s’agit plutôt d’un fonctionnement neurologique distinct.
Nous devons célébrer la diversité et reconnaître que le bonheur et le succès ne se mesurent pas uniquement en termes d’indépendance financière ou physique. Chaque enfant, qu’il soit autiste, dyslexique, TDAH, HPI ou hypersensible, mérite le respect de sa dignité et la liberté de choisir son propre chemin. La véritable indépendance réside dans l’autonomie personnelle, la capacité de faire ses propres choix. Respecter la neurodiversité, c’est respecter chaque individu tel qu’il est, avec ses forces uniques et ses défis, et reconnaître qu’une vie pleine de sens peut prendre de multiples formes.
Nous devons fournir à nos enfants un environnement soutenant et enrichissant. En faisant cela, nous pouvons aider ces enfants à s’épanouir et à démontrer que, loin d’être une limite, leur atypicité est une source de richesse et de diversité pour notre société.
Merci pour cet article qui détruit bien les idée reçus ! J’avoue qu’avant la lecture de cet article j’avais l’idée reçu « Ils doivent juste faire plus d’efforts ». Mais avec ce que tu écris : trouver des méthode éducative mieux adapté est tellement plus bénéfique !
Merci Elise, ton article très personnel au travers de l’exemple de Melyssa est à la fois touchant et très instructif. Ayant 4 enfants, tous différents, dont l’un est un peu plus « dans la lune » que les autres, il m’arrive de m’interroger sur ses capacités d’attention. En démantelant les mythes courants sur les enfants neuro-atypiques, tu m’as ouvert les yeux sur la complexité et la richesse de leur univers. Je te remercie pour cela.
Aujourd’hui, nous regardons beaucoup les différences et je dirais, tant mieux.
Mais autrefois, qu’étaient ces enfants ? Ils devaient avoir du mal.
Merci pour ton article. Je suis d’accord avec toi sur le fait que la diversité est source de richesse. Chaque enfant, quelque soit son atypicité, mérite d’être épanoui, et respecté.
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