
TDAH et HPI : comment différencier, comprendre et accompagner ces profils atypiques ?
Quand j’ai lancé ce blog OptimismeCool, c’était pour parler des réalités du quotidien avec un enfant atypique. Parce que Melyssa, ma fille, n’est jamais rentrée dans une seule case.
Elle est multi-Dys, TDAH et hypersensible, et ça fait dix ans que je jongle entre bilans, aménagements scolaires, frustration, anxiété… et éclats de génie.
En creusant, j’ai découvert ce que les spécialistes appellent les comorbidités : ces profils qui s’entrecroisent, qui s’additionnent parfois, et qui rendent le diagnostic encore plus complexe.
J’ai déjà écrit sur le lien entre TDAH et autisme, ainsi que sur TDAH et borderline. Aujourd’hui, j’aborde un sujet qui revient sans cesse : HPI et TDAH, quelle est la frontière ? Et peut-on être les deux à la fois ?
Beaucoup de parents entendent un jour cette phrase : “Votre enfant est peut-être HPI, ou alors il a un TDAH… Ou les deux !” Et là, c’est la panique.
Parce que ces enfants sont souvent perçus comme hyperactifs, épuisants, inattentifs, mais en même temps ultra-intelligents et fascinants. Alors, comment savoir ? Comment différencier l’enfant qui s’ennuie de celui qui n’arrive pas à se concentrer ?
Dans cet article, on va explorer les vraies différences entre TDAH et HPI, et surtout, on va voir comment éviter les erreurs de diagnostic qui peuvent totalement biaiser l’accompagnement de ces enfants.
- TDAH et HPI : comprendre ces deux fonctionnements cérébraux atypiques
- TDAH et HPI : comment différencier ces deux profils chez l’enfant ?
- Ce qui complique tout : quand un enfant est TDAH et HPI
- Éviter les erreurs courantes pour un diagnostic et un accompagnement adaptés
- Comment accompagner un enfant TDAH et/ou HPI au quotidien?
- Conclusion
TDAH et HPI : comprendre ces deux fonctionnements cérébraux atypiques
Si on devait résumer simplement ces deux profils, je dirais :
- L’enfant TDAH est un zappeur professionnel. Son cerveau est une télécommande bloquée sur “suivant”, il capte tout, tout le temps… mais ne garde rien bien longtemps.
- L’enfant HPI, lui, est un machine à explorer. Il réfléchit trop vite, trop loin, et il peut partir dans une discussion philosophique sur les trous noirs en plein cours de maths.
Mais en réalité, la frontière entre les deux est floue. Un enfant HPI peut être hyperactif… mentalement. Un enfant TDAH peut être très intelligent, mais incapable de structurer ses idées.
C’est là qu’intervient Olivier Revol, pédopsychiatre spécialisé dans ces profils :
“Un enfant HPI peut être distrait par manque d’intérêt, alors qu’un enfant TDAH est distrait parce qu’il ne parvient pas à réguler son attention.”
« Un enfant TDAH peut avoir un trouble d’attention dans toutes les situations, alors qu’un enfant HPI n’aura des difficultés que lorsque le sujet ne l’intéresse pas. »
Et ça, c’est LA différence majeure.
💡 Un HPI choisit où va son attention (et décroche s’il s’ennuie).
💡 Un TDAH subit sa dispersion (même si le sujet l’intéresse).
Dans la vraie vie, ça donne des scènes surréalistes :
- Ton enfant TDAH part chercher un crayon pour ses devoirs… et revient 45 minutes plus tard après avoir exploré trois pièces, deux placards et une nouvelle passion pour les fourmis sous la terrasse.
- Ton enfant HPI te demande “Pourquoi la guerre existe ?”… à 22h43, un lundi soir, juste avant d’aller dormir.
Alors, comment être sûr que ton enfant est l’un, l’autre… ou les deux ?
A lire aussi : Troubles “dys”, TDAH, HPI : dépasser les étiquettes pour révéler le potentiel unique de chaque enfant neuroatypique
TDAH et HPI : comment différencier ces deux profils chez l’enfant ?
Différencier le TDAH du HPI nécessite une évaluation approfondie, car les manifestations peuvent se chevaucher.
Imagine une classe où l’enseignant explique comment diviser une fraction.
- L’enfant HPI, au bout de 30 secondes, a compris. Il décroche, commence à rêver à sa propre théorie des nombres, et finit par griffonner un schéma incompréhensible sur son cahier.
- L’enfant TDAH, lui, essaie de suivre… mais sa tête est envahie par d’autres pensées : “Pourquoi les crocodiles ne peuvent pas sauter ?” “Et si je donnais un autre nom aux chiffres ?” “C’est quoi cette odeur ?”
À la fin du cours, aucun des deux n’a fait l’exercice demandé, mais pour des raisons totalement différentes.
Voici quelques points clés pour les distinguer :
- Origine de la distraction : Un enfant HPI peut se désintéresser rapidement si le sujet manque de défi, tandis qu’un enfant TDAH éprouve des difficultés à se concentrer même sur des sujets qu’il trouve intéressants.
- Gestion de l’impulsivité : Les enfants HPI peuvent montrer de l’impatience ou interrompre par enthousiasme, mais ils parviennent généralement à se maîtriser lorsqu’ils comprennent les attentes. Les enfants TDAH, en revanche, peuvent agir de manière impulsive sans pouvoir se retenir, même s’ils sont conscients des conséquences.
- Performance scolaire : Un enfant HPI peut obtenir de bons résultats malgré un comportement parfois agité ou rêveur, tandis qu’un enfant TDAH peut lutter pour maintenir des performances constantes en raison de son inattention et de son impulsivité.
Le tableau ci-dessous te donne une synthèse pour mieux comprendre :

Ce qui complique tout : quand un enfant est TDAH et HPI
Il est possible pour un enfant de présenter simultanément un TDAH et un HPI, ce que l’on appelle une double exceptionnalité.
Ces enfants peuvent montrer une grande créativité et une pensée rapide, mais également des difficultés à organiser leurs idées et à terminer des tâches. Cette combinaison peut masquer l’un ou l’autre profil, rendant le diagnostic plus complexe. Et là, on rentre dans le grand huit émotionnel. Un enfant HPI-TDAH, c’est un turbo avec une direction capricieuse.
Il peut :
- Avoir une idée de génie, puis oublier ce qu’il voulait dire en plein milieu.
- Passer trois heures sur un projet passionnant, mais être incapable de ranger sa chambre en 10 minutes.
- Poser une question brillante, puis se lever en plein milieu de la réponse.
Résultat ? Ils impressionnent autant qu’ils épuisent.
Ces enfants savent qu’ils sont capables de grandes choses, mais leur cerveau les trahit parfois. Ce sentiment d’être brillant et en difficulté à la fois peut être un vrai poison pour l’estime de soi.
D’où l’importance de les accompagner différemment.
Éviter les erreurs courantes pour un diagnostic et un accompagnement adaptés
Lorsqu’on parle de TDAH et HPI, il y a une multitude d’idées reçues qui circulent. Beaucoup de parents se retrouvent face à un mur d’incompréhension, parfois même de la part des enseignants ou des spécialistes.
Pourtant, poser un bon diagnostic et adapter l’accompagnement sont les clés pour éviter bien des souffrances.
Attention toutefois, l’attente d’un diagnostic ne doit pas te laisser dans l’inaction : Diagnostic et enfant neuroatypique : ne laisse pas l’attente freiner ses progrès!
Un enfant atypique ne fonctionne pas comme les autres et, surtout, il ne va pas « s’adapter » tout seul à un système qui ne lui convient pas.
Il a besoin d’un cadre qui respecte son mode de pensée tout en lui donnant des outils concrets pour réussir.
Premier piège : croire que l’intelligence compense tout
Il est très fréquent de voir des enfants HPI-TDAH obtenir d’excellents résultats scolaires… tout en étant totalement désorganisés. Certains réussissent brillamment les examens mais oublient leur cahier, leurs devoirs, leur matériel en permanence. D’autres captent immédiatement les notions en classe mais se retrouvent incapables d’écrire un texte structuré ou de respecter une consigne précise.
Ce n’est pas de la fainéantise, ni un manque de motivation.
C’est une réelle difficulté neurologique à organiser, planifier et prioriser les informations. Ce qu’on appelle les fonctions exécutives est souvent impacté chez les enfants TDAH, même HPI.
💡 L’intelligence ne compense pas un trouble exécutif. Il ne suffit pas “d’être doué” pour réussir, encore faut-il avoir des outils adaptés.
👉 Ce qu’on peut faire :
- Proposer des outils d’organisation concrets (planners, checklists, alarmes).
- Découper les tâches en petites étapes réalisables.
- Ne pas exiger d’eux une organisation “normale” : leur cerveau fonctionne autrement.
Deuxième piège : imposer un cadre trop rigide… ou trop souple
Trop de règles ? Il explose. Trop de liberté ? Il se perd.
C’est tout le défi avec un enfant HPI-TDAH : il a besoin de structure, mais aussi d’autonomie. Un cadre trop strict va étouffer son besoin d’exploration, tandis qu’un environnement trop libre va amplifier son chaos intérieur.
💡 L’idéal ? Un cadre souple mais structuré. Des repères clairs, avec une certaine marge de liberté.
👉 Ce qu’on peut faire :
- Instaurer des routines régulières, mais avec des choix possibles. Exemple : “Tu veux faire tes devoirs avant ou après le goûter ?”
- Définir des règles claires et non négociables (ex : heures de coucher, temps d’écran), mais lui laisser de la flexibilité sur la manière de les respecter.
- Lui permettre d’être acteur de ses apprentissages, en adaptant les méthodes à son mode de pensée.
Troisième piège : “Fais un effort !”, l’erreur qui mine l’estime de soi de l’enfant
Un enfant TDAH ne choisit pas d’être dispersé.
Ce n’est pas une question de volonté ou de motivation. Lui demander de se concentrer “comme les autres”, sans adapter son environnement, c’est comme demander à un poisson de grimper à un arbre.
Le problème, c’est que ces enfants entendent cette phrase toute leur vie :
- “Concentre-toi un peu !”
- “Tu pourrais faire mieux si tu faisais un effort.”
- “Arrête d’être dans la lune.”
Le message qu’ils retiennent ? “Je suis incapable”, “Je suis nul”, “Je ne suis pas à la hauteur”. Et ça, c’est un poison pour l’estime de soi.
💡 L’enfant TDAH ne manque pas de volonté, il manque d’outils adaptés.
👉 Ce qu’on peut faire :
- Adapter l’environnement pour favoriser la concentration (casque anti-bruit, temps de pause, apprentissage en mouvement).
- Proposer des méthodes d’apprentissage qui stimulent son cerveau : jeux, manipulations, challenges courts et dynamiques.
- Valoriser les efforts plus que les résultats : “J’ai vu que tu as réussi à finir ton exercice sans te disperser, bravo !”
Comment accompagner un enfant TDAH et/ou HPI au quotidien?
Quand ton enfant est atypique, il n’existe pas de manuel universel.
Tu fais des tests, tu ajustes, tu cherches ce qui fonctionne… et parfois, malgré tous tes efforts, rien ne marche comme prévu. Ce n’est pas une question de mauvaise volonté, ni de discipline insuffisante.
Trouver le bon équilibre entre structure et flexibilité
Un enfant TDAH ne peut pas s’adapter à un cadre trop rigide, mais un cadre trop libre le laisse complètement perdu.
C’est un équilibre subtil à trouver : il lui faut des routines solides, mais avec une certaine souplesse pour qu’il puisse s’y retrouver sans se sentir enfermé.
Si tu imposes des règles strictes, il risque de se braquer et de les contourner à la moindre occasion.
À l’inverse, si tu laisses tout ouvert, il va se disperser et perdre ses repères. Le secret, c’est de lui offrir des repères clairs, mais avec une marge de liberté. Par exemple, plutôt que d’imposer une heure fixe pour les devoirs, tu peux lui laisser le choix entre avant ou après le goûter. Ce type de micro-décisions lui permet de mieux s’approprier son quotidien, tout en restant encadré.
C’est juste que son cerveau ne fonctionne pas comme celui des autres. Alors, plutôt que d’essayer de le faire rentrer dans un cadre rigide, l’enjeu est de construire un environnement qui respecte son mode de pensée et l’aide à s’épanouir.

Stimuler sans surcharger
Un enfant HPI s’ennuie vite. Si ce qu’on lui propose ne fait pas sens pour lui, il décroche. Il a besoin de stimulation intellectuelle, de défis, de découvertes. Mais attention : stimulation ne veut pas dire surcharge.
Trop d’activités peut le mener à l’épuisement mental.
L’idée n’est pas de remplir son agenda à outrance, mais de nourrir sa curiosité de manière adaptée. Au lieu de lui donner un exercice scolaire sans intérêt, propose-lui d’explorer le sujet autrement : un documentaire, une expérience, un débat. Si l’école ne répond pas à ses besoins, ajuste en dehors, mais toujours en respectant son propre rythme.
Je t’invite à lire cet article pour te donner des idées : Enfant neuroatypique : comment stimuler son cerveau?
Aider à mieux gérer les fluctuations entre concentration et dispersion
Le quotidien avec un enfant HPI-TDAH, c’est un peu comme une montagne russe mentale.
Un jour, il est en hyperfocus, absorbé pendant des heures par une passion. Le lendemain, il est incapable de rester concentré plus de cinq minutes. Cette alternance peut être déroutante, autant pour lui que pour toi.
Plutôt que de lui reprocher ses périodes de dispersion, aide-le à comprendre son propre fonctionnement. Il a besoin de pauses régulières pour décharger son cerveau, de moments où il peut bouger, rêver, se recentrer. Après une session d’hyperfocus, il peut aussi être épuisé et avoir besoin de récupérer. Lui apprendre à repérer ces cycles lui donnera un meilleur contrôle sur ses capacités et évitera qu’il se sente en échec.
Conclusion
Chaque enfant TDAH, HPI, ou les deux, suit un parcours unique. Il n’existe pas de mode d’emploi universel, ni de solution magique qui fonctionne à coup sûr. Certains jours, il te surprendra par sa rapidité de pensée, sa créativité débordante, sa soif d’apprendre. D’autres fois, il sera épuisé, en opposition, incapable de gérer l’école ou ses émotions. Et c’est normal.
L’important, ce n’est pas de le forcer à entrer dans un moule, mais de lui permettre de trouver son propre équilibre. Il avancera à son rythme, parfois à toute vitesse, parfois plus lentement. L’essentiel, c’est qu’il se sente compris et soutenu.
Il n’y a pas d’échec dans cette aventure, seulement des ajustements. Ce qui marche aujourd’hui peut ne plus fonctionner demain, et c’est là que l’adaptabilité devient essentielle. En l’observant, en ajustant son environnement, en valorisant ses forces plutôt qu’en soulignant ses difficultés, tu lui offres un espace où il peut grandir en confiance.
💡 Ton enfant n’est pas « trop » quelque chose. Il est juste « pleinement lui-même ». Et c’est en l’aidant à s’accepter ainsi qu’il pourra s’épanouir vraiment.
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