TDAH et spasmophilie

TDAH et spasmophilie chez l’enfant : comment apaiser les crises et éviter les confusions ?

Quand tu plonges dans les lectures pour comprendre le TDAH, tu vois vite apparaître les mêmes mots, encore et encore : anxiété, agitation, impulsivité, hypersensibilité, spasmophilie. Et au début, tu penses que tu comprends. Tu surlignes, tu prends des notes. Tu veux des réponses. Mais parfois, derrière un mot, il y a tout un monde à déchiffrer. Un monde que les définitions médicales effleurent à peine.

Moi, ce mot qui m’a bousculée, c’est spasmophilie. Je l’ai croisé dans un forum, dans une brochure de pédiatre, dans un vieux bouquin sur le stress. Mais je ne l’ai vraiment compris qu’en le vivant. Quand Melyssa, ma fille, a fait sa première crise… j’ai réalisé que le TDAH ne s’arrêtait pas à l’hyperactivité ou aux difficultés scolaires. Il pouvait aussi faire exploser le corps.

Cette sensation d’étouffement, les jambes qui lâchent, le cœur qui tape à toute vitesse… Ce n’était pas juste « de l’émotion ». C’était physique, brutal, réel.

Alors j’ai voulu comprendre. Décortiquer ce lien méconnu entre TDAH et spasmophilie. Non pas pour poser une étiquette de plus, mais pour mieux accompagner. Pour apprendre à décoder les signaux invisibles. Et surtout, pour ne plus jamais dire à mon enfant : “c’est dans ta tête”.

1/ Comprendre les crises chez un enfant TDAH : et si c’était de la spasmophilie ?

Quand le corps explose après avoir tout encaissé

Quand Melyssa avait 7 ans, sa grand-mère a été hospitalisée d’urgence. On a essayé de rester calmes, de ne pas l’inquiéter. On lui a expliqué que les médecins s’occupaient bien d’elle, qu’on allait avoir des nouvelles rapidement.

Elle a hoché la tête. Elle n’a pas posé de questions. Et puis, quelques heures plus tard, sans prévenir, elle s’est effondrée.
Elle disait qu’elle ne pouvait plus respirer, que ses jambes tremblaient, que son cœur battait trop fort.

Elle pleurait sans arriver à expliquer pourquoi. J’ai cru à une crise de panique. Mais c’était plus fort. Plus physique. Plus profond.

Ce jour-là, j’ai découvert ce qu’on appelle une crise de spasmophilie.

Spasmophilie et TDAH : quand le corps dit ce que l’enfant ne peut pas exprimer

Chez certains enfants TDAH, ce genre de réaction arrive quand le corps ne sait plus comment gérer le trop-plein émotionnel.
Le cerveau, déjà en hyperactivité permanente, a encaissé, encaissé… jusqu’à ce que le corps prenne le relais pour crier ce que l’enfant ne parvient pas à formuler.

La spasmophilie, ce n’est pas un caprice. Ce n’est pas de la comédie. Ce n’est pas “juste du stress”.
C’est une réaction très réelle du système nerveux autonome, qui se met en alerte maximale.
Résultat : hyperventilation, fourmillements, sensation d’étouffement, vertiges, douleurs musculaires… parfois même la peur de mourir.

Ce qui est déroutant, c’est que ces crises peuvent surgir en différé. Comme avec Melyssa. Elle avait tenu. Elle avait encaissé. Elle avait mis un couvercle sur ses émotions… jusqu’à ce que son corps explose.

Et nous, en tant que parents, on se retrouve là, démunis, à chercher une explication, à douter.
Mais quand on comprend que le corps parle quand les mots manquent, alors on peut commencer à aider autrement. À apaiser. À prévenir. Et surtout, à ne plus jamais penser que “c’est dans sa tête”.

2/ Spasmophilie chez l’enfant TDAH : comprendre le lien et ses conséquences

Pourquoi les enfants TDAH sont plus à risque de spasmophilie?

Quand j’ai commencé à me renseigner sur les crises de Melyssa, j’ai vite compris une chose essentielle : le TDAH ne cause pas la spasmophilie, mais il peut ouvrir la porte à ce type de réaction.

Pourquoi ? Parce que les deux partagent un terrain commun : l’hyperréactivité du système nerveux.

Le TDAH, c’est un trouble neurodéveloppemental qui touche la régulation de l’attention, des émotions et de l’impulsivité. Le cerveau est plus rapide, plus sensible, plus exposé aux stimuli de l’environnement. Résultat : l’enfant est souvent en surcharge. Son système de gestion du stress tourne en boucle, sans pause. Il est en mode « alerte rouge » une bonne partie de la journée.

Et devine quoi ? C’est ce même système — le système nerveux autonome — qui déclenche les crises de spasmophilie.

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Spasmophilie : l’alarme du corps qui hurle sans feu réel

Quand ce système s’emballe, il active des réponses physiques : hyperventilation, tensions, vertiges, sensation d’étouffement… Même sans danger réel, le corps agit comme s’il fallait fuir ou se défendre.

C’est comme si ton enfant avait une alarme incendie intérieure ultrasensible. Un petit déclencheur émotionnel (changement de routine, regard blessant, peur refoulée) et boum, l’alarme se met à hurler. Pas par choix. Par protection.
Mais le problème, c’est que cette alarme hurle même quand il n’y a pas de feu. Et c’est là que la spasmophilie entre en jeu.

Chez Melyssa, j’ai vu des crises surgir après des moments où elle semblait avoir “géré”. En réalité, elle avait juste encaissé sans extérioriser, jusqu’à ce que son corps dise “STOP”.

Ce lien indirect entre TDAH et spasmophilie explique pourquoi certains enfants atypiques vivent des symptômes qu’on ne comprend pas tout de suite. Et pourquoi, souvent, les médecins se renvoient la balle : “ce n’est pas neurologique”, “ce n’est pas psychiatrique”, “c’est juste du stress”. Mais non. C’est multifactoriel. Et réel.

Comprendre ce lien, c’est changer de regard. Ce n’est pas que ton enfant est fragile. C’est qu’il a besoin d’un environnement qui prend soin de son système nerveux. Et ça, ça commence par nous.

3/ Des symptômes qui se ressemblent… et qu’on confond souvent

C’est là que les choses se compliquent.

Quand Melyssa a fait sa première crise, j’ai cru à une crise de panique. Puis on m’a parlé de spasmophilie. Et avec son TDAH, je ne savais plus ce qui relevait de quoi.
TDAH ? Anxiété ? Trop de sucre ? Trop d’émotion ? Trop de tout ?

En fait, beaucoup de symptômes se recoupent entre TDAH et spasmophilie.
Et c’est ce qui rend le quotidien encore plus déroutant pour nous, parents.

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Les signes classiques du TDAH chez l’enfant

Prenons les signes typiques du TDAH :

  • agitation motrice,
  • difficultés à se concentrer,
  • impulsivité,
  • troubles du sommeil,
  • hypersensibilité émotionnelle.

Cet article t’apporte plus d’informations sur tous les signes du TDAH : TDAH chez l’enfant : les signes à connaître absolument!

Comment reconnaître une crise de spasmophilie chez l’enfant ?

Et maintenant, ceux souvent observés dans la spasmophilie :

  • respiration rapide ou bloquée,
  • fourmillements dans les mains,
  • douleurs musculaires,
  • sensation d’étouffement ou de malaise,
  • crises de larmes ou de panique.

Cette vidéo t’explique simplement la spasmophilie : Spasmophilie en 3 minutes

Quand les deux, TDAH et spasmophilie, sont présents chez un même enfant (ce qui n’est pas rare), ça peut masquer ou amplifier les difficultés.
Par exemple, si un enfant a un TDAH mal accompagné, il peut vivre des pics de stress non gérés qui provoquent des symptômes physiques. Mais on dira peut-être : “Il fait une crise de TDAH.” Alors que c’est une crise de décharge émotionnelle, ou même une crise spasmophile.

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’un comportement n’est jamais vide de sens.
Et que derrière une agitation, une plainte corporelle ou un blocage, il y a souvent une tension émotionnelle non exprimée. Que ce soit du TDAH, de l’anxiété ou une crise spasmophile… peu importe l’étiquette. Ce qui compte, c’est d’entendre le signal.

Et quand on commence à faire la différence entre un enfant qui “ne veut pas” et un enfant qui “ne peut pas”, tout change.

Tétanie ou spasmophilie ? Ne pas confondre

Quand Melyssa a eu sa première crise, j’ai cherché tous les mots possibles sur Google : angoisse, crise de panique, spasmophilie… et tétanie. Tout semblait se ressembler. Et pourtant, il y a une différence fondamentale entre ces deux termes.

La tétanie, au sens médical, est une vraie affection liée à un déséquilibre biologique, souvent une carence en calcium ou en magnésium. Elle peut provoquer des contractures musculaires très douloureuses, des mains crispées (ce qu’on appelle la « main d’accoucheur »), des picotements, parfois même des troubles du rythme cardiaque. On peut la diagnostiquer via une prise de sang. Elle nécessite un traitement médical précis, parfois en urgence.

La spasmophilie, elle, n’est pas reconnue comme une maladie officielle. C’est un syndrome fonctionnel : un ensemble de symptômes liés à une hypersensibilité du corps au stress.
Chez les enfants TDAH, déjà en surcharge émotionnelle, la spasmophilie peut apparaître sans carence réelle, mais simplement parce que le système nerveux est à bout.

Henri Wallon, dans ses études sur le développement de l’enfant, a observé que la spasmophilie peut être liée à des facteurs émotionnels, tels que l’anxiété ou le stress, et que ces crises nécessitent une attention particulière pour comprendre l’état émotionnel de l’enfant : « Les crises de spasmophilie sont fréquentes chez l’enfant et sont souvent un signe de troubles émotionnels sous-jacents. »

4/ Comment soulager un enfant TDAH en crise de spasmophilie ?

La première chose que j’ai faite après la crise de spasmophilie de Melyssa, c’est de chercher une solution immédiate. Je voulais “éteindre le feu”. Mais j’ai vite compris qu’il fallait agir en amont, et surtout ne pas confondre calmer et comprendre.

Alors, petit à petit, j’ai mis en place un plan d’actions. Un truc à notre sauce. Sans pression, sans miracle. Juste des ajustements qui aident son système nerveux à respirer.

Voici ce qui a vraiment fait la différence :

Aider l’enfant TDAH à identifier ses sensations corporelles

Le plus difficile pour Melyssa, ce n’est pas la crise. C’est l’avant. Ce moment flou où elle ne sait pas si elle a faim, peur, envie de pleurer ou juste besoin de silence. Elle sent que “quelque chose cloche”, mais elle ne sait pas mettre de mots.

Alors on a créé notre propre vocabulaire.

  • Quand elle dit : “J’ai la tête qui va exploser”, je sais qu’elle est en surcharge sensorielle.
  • “Mon cœur tape très fort” = début d’une montée anxieuse.
  • “J’ai la tête qui tremble” = besoin de se poser immédiatement.

Nommer, c’est déjà reprendre du pouvoir. Et quand elle met des mots sur ses sensations, elle active une autre partie de son cerveau, celle qui permet de reprendre le contrôle.

Ce travail ne se fait pas en un jour. Il demande de la patience, de la complicité, et surtout de ne pas corriger ses mots, mais de les accueillir.

Parce que plus ton enfant comprend ce qu’il ressent, plus il peut agir avant que le corps ne crie trop fort.

Apprendre à se réguler soi-même pour apaiser son enfant TDAH

Avant de pouvoir aider Melyssa, j’ai dû commencer par… me réguler moi-même.
Parce que quand elle partait en crise, mon cœur accélérait aussi. Mon mental s’emballait. Et même si j’essayais de rester “zen”, à l’intérieur, c’était le chaos.

Et ça, les enfants le sentent. Même sans mots. Surtout les enfants TDAH et hypersensibles : ils absorbent nos émotions comme des éponges.

Alors j’ai appris à respirer avant de parler. À poser une main sur mon ventre pour revenir à moi. À m’autoriser à faire une pause de quelques secondes, avant de réagir.

Quand je suis ancrée, elle se sent plus en sécurité.
Quand je ne me laisse pas aspirer par sa tempête, elle peut s’accrocher à mon calme.

Ce n’est pas de l’ego. Ce n’est pas du contrôle. C’est juste : offrir une base stable quand tout vacille.

Et ce petit décalage, parfois, suffit à tout changer.

Co-réguler avec son enfant : quand ton calme devient sa boussole

Entre 7 et 10 ans, Melyssa ne pouvait pas se calmer toute seule. Quand une crise arrivait, c’était comme un raz-de-marée. Son corps était en panique, son cerveau débordé, et ses mots restaient coincés. À cette époque, ce qui fonctionnait le mieux, c’était la co-régulation.

Je devenais alors sa base d’ancrage. Je respirais lentement à côté d’elle. Je ralentissais mes gestes. Je restais stable. Je lui disais des phrases simples, connectées à ce qu’elle vivait :
👉 “Ça monte très fort là, je le vois.”
👉 “Je suis là, on va le traverser ensemble.”
👉 “Tu peux t’appuyer sur moi.”

Elle ne répondait pas toujours. Parfois elle m’éloignait. Et puis, sans que je le lui demande, elle finissait par se rapprocher, par caler sa respiration sur la mienne. C’est dans ce calme partagé que tout pouvait redescendre.

Et puis un jour, vers ses 10 ans, j’ai remarqué qu’elle n’attendait plus toujours que je sois là.
Elle commençait à dire : “Je vais respirer.”
Elle intégrait ce qu’on avait fait ensemble pendant des années.

C’est ça, la beauté de la co-régulation : au début, tu es son pilier. Et peu à peu, elle apprend à devenir le sien.

5/ Mener l’enquête : comprendre les déclencheurs des crises TDAH et spasmophilie

Quand ma fille vivait une crise — TDAH ou spasmophilie, parfois les deux en même temps — j’avais cette impression d’être dans un champ de bataille. Elle contre moi. Moi contre elle. On s’épuisait. On se heurtait. Rien n’avançait. Jusqu’au jour où j’ai changé de posture.

Et si je n’étais pas son adversaire, mais son enquêteur ? Pas un flic, pas un juge. Un vrai enquêteur bienveillant. Celui qui cherche à comprendre ce qui déclenche l’alerte. Ce qui alimente la crise. Ce qui, dans son quotidien, surcharge son petit corps.

Je me suis mise à observer. Pas juste les gros signaux (crises, effondrements), mais aussi les petits indices :

  • les moments où elle commence à respirer plus vite,
  • les situations où elle se ronge les ongles ou devient silencieuse,
  • les mots qu’elle utilise quand elle sent la panique monter (“j’ai le cœur qui tape”).

J’ai aussi noté les déclencheurs récurrents : l’approche des évaluations à l’école, les changements de programme imprévus, les problèmes de santé de sa grand-mère, les disputes avec les copines, etc. Et là, un schéma a commencé à émerger. Ma fille n’était pas ingérable. Elle était en sur-adaptation permanente, et son corps criait pour elle.

Quand tu bascules dans cette posture d’enquêteur, tout change. Tu ne cherches plus à éteindre la crise à tout prix, tu cherches à comprendre le message qu’elle porte. Et tu invites ton enfant à devenir lui aussi acteur de l’enquête.

Conclusion

Quand Melyssa a vécu sa première crise, j’ai eu peur. Peur de ne pas comprendre, de ne pas savoir aider, de faire pire en croyant bien faire. J’ai mis du temps à réaliser que son corps criait ce que ses mots n’arrivaient pas encore à dire.

Aujourd’hui, si je devais dire une chose à la maman que j’étais à ce moment-là, ce serait : tu n’as pas raté quelque chose, tu es juste en train d’apprendre une nouvelle langue. Celle du corps, celle des émotions à fleur de peau, celle des enfants atypiques qui ressentent tout trop fort.

Les crises ne sont pas des punitions. Elles sont des messages. Et quand on commence à les décoder avec amour et curiosité, on arrête de se battre contre son enfant. On devient son alliée.

Alors non, ce n’est pas toujours simple. Mais chaque petit pas compte. Chaque respiration partagée. Chaque regard qui dit “je suis là”.

Tu n’as pas besoin d’être parfaite. Tu as juste besoin d’être présente, ancrée, disponible.

Parce qu’un enfant qui sait qu’on le comprend, même quand il ne va pas bien, c’est un enfant qui apprend qu’il peut traverser les tempêtes… sans jamais se sentir seul.

Si cet article t’a parlé, c’est sûrement que tu vis aussi ces moments de fatigue, de tensions, de découragement.
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Trop de cris, de tensions, de doutes au quotidien ?
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