Thomas Legrand

Thomas Legrand : comment passer de la dyslexie à l’excellence en journalisme?

17 septembre 1986, 17 h 20. Une bombe explose dans une poubelle, devant le magasin Tati, rue de Rennes, à Paris. Le bilan est lourd et tragique : sept morts et cinquante-cinq blessés.

La rédaction, en pleine effervescence, mobilise chaque journaliste pour couvrir l’événement dans les moindres détails. Thomas, jeune reporter débutant à l’époque, est rapidement chargé de résumer la situation dans un flash info diffusé en direct.

Mais voilà, dans l’urgence, la pression extrême et la tension du moment, la langue de Thomas Legrand trébuche. Il prononce avec tout le sérieux du monde : « Le bilan de l’attenti chez Tata s’alourdit. »

Un instant suspendu s’installe dans le studio. Puis, comme un exutoire inattendu, un fou rire collectif éclate parmi ses collègues. Le contraste saisissant entre l’horreur de l’événement et l’absurdité de cette phrase maladroite provoque une onde de légèreté inattendue. Même Thomas, après avoir réalisé son lapsus involontaire, ne peut s’empêcher de rire avec eux.

Ce moment, à la fois intense et insolite, illustre bien les défis qu’a dû surmonter Thomas Legrand tout au long de sa vie. Dyslexique depuis toujours, il est pourtant devenu un journaliste incontournable, reconnu pour ses analyses politiques pointues et percutantes. Avant d’arriver à ce niveau d’excellence, il a emprunté un chemin semé d’embûches et de défis. Dans cet article, je te raconte comment il a réussi à transformer ses obstacles en tremplins pour construire une carrière inspirante.

Thomas Legrand : de sa scolarité chaotique à sa passion pour la politique

Une enfance marquée par la dyslexie

Thomas Legrand a grandi à une époque où la dyslexie était mal comprise. À l’école, il était souvent pointé du doigt pour ses difficultés en lecture et en écriture. « J’avais des notes catastrophiques en dictée, je ne comprenais pas pourquoi, car je faisais des efforts », confie-t-il dans une interview.

Il a eu la chance de grandir à une époque où l’on commençait à diagnostiquer la dyslexie. C’était grâce à une orthophoniste perspicace qui avait le doux nom de « Madame Bleu ». Ce diagnostic a été à la fois un soulagement et un défi pour sa famille.

« J’avais tout le temps zéro en dictée. Pourtant je lisais, même si je butais sur les mots, et j’apprenais les règles de grammaire par cœur. » 

Thomas Legrand

Sa mère, un soutien indéfectible

Le rôle de sa mère a été déterminant. Elle a toujours cru en ses capacités et l’a encouragé à compenser ses difficultés en valorisant ses forces : sa créativité et son esprit d’analyse.

Ce soutien inconditionnel a renforcé la confiance de Thomas dans un environnement où les enseignants ne savaient pas comment l’aider efficacement.

À cette époque, l’école n’offrait que peu de solutions adaptées. Mais Thomas a appris à s’appuyer sur ses capacités orales, son imagination et sa résilience. Ces qualités allaient devenir les fondations de sa future carrière.

Pour les parents d’aujourd’hui, l’histoire de Thomas rappelle l’importance d’un diagnostic précoce et d’un soutien familial constant. Le regard bienveillant d’un parent peut transformer une difficulté en tremplin. Même si le système éducatif ne répond pas toujours aux besoins spécifiques des enfants neuroatypiques, croire en leur potentiel reste essentiel. Thomas Legrand en est la preuve : il a su dépasser ces obstacles pour réaliser ses ambitions, et son parcours inspire des milliers de jeunes aujourd’hui.

Le parent est généralement un pilier indissociable de la réussite des neuroatypiques. Découvre dans cet article comment le père de Lewis Hamilton l’a soutenu : Lewis Hamilton : comment la dyslexie l’a forgé?

Sa passion pour la politique dès l’adolescence

Thomas Legrand raconte que sa passion pour la politique a été un moteur dès son adolescence. Malgré ses difficultés avec l’écrit, il aimait écouter les débats politiques et synthétiser les idées à l’oral. Il trouvait là une manière de briller, dans un domaine où il pouvait s’exprimer sans être freiné par sa dyslexie.

Ses proches n’ont pas cherché à l’éloigner de cette passion sous prétexte qu’elle semblait incompatible avec ses lacunes scolaires. Au contraire, ils ont encouragé son intérêt pour l’analyse politique. Cet appui lui a permis de développer ses compétences orales et sa capacité à poser des questions pertinentes, qui deviendront plus tard la base de sa carrière journalistique.

Pour toi, parent, l’enseignement est clair : les passions de ton enfant, même si elles semblent éloignées des standards scolaires, méritent d’être encouragées. Ces centres d’intérêt peuvent devenir des moteurs pour sa réussite future. Propose-lui des activités qui nourrissent sa curiosité et valorisent ce qu’il aime faire.

L’entrée dans le monde du journalisme

S’appuyer sur ses forces : ses capacités orales

Thomas Legrand savait que sa passion pour la politique et sa capacité à réfléchir rapidement seraient des atouts pour une carrière journalistique. Mais intégrer ce milieu n’a pas été simple. Ses débuts à RMC, en 1988, lui ont permis de s’appuyer sur ses compétences orales, un domaine dans lequel il excellait.

Pour compenser ses difficultés à l’écrit, il a mis en place des stratégies. Il relisait systématiquement ses textes, demandait l’avis de ses collègues et s’assurait que ses idées étaient bien transmises. « Je savais que mon écriture nécessitait des efforts supplémentaires, mais cela ne m’a jamais arrêté », explique-t-il.

Ces efforts ont payé. Peu à peu, il s’est fait une place dans le journalisme politique, passant par RTL, puis par Libération, où il a affirmé son style unique.

Son exemple montre que les parents peuvent aider leur enfant à trouver des moyens de contourner les obstacles, en valorisant leurs forces et en les accompagnant dans la mise en place de solutions concrètes.

Pour retrouver son magazine hebdomadaire, c’est ici : En quête de politique : podcast et émission en replay | France Inter

Thomas Legrand

Un style journalistique unique

Ce qui distingue Thomas Legrand dans le paysage médiatique, c’est sa capacité à simplifier des sujets complexes. Son style, clair et incisif, est le fruit d’années d’adaptation à sa dyslexie. Incapable de se reposer uniquement sur l’écrit, il a appris à structurer ses pensées mentalement, puis à les retranscrire avec précision.

Pendant ses quatorze ans à France Inter, il a marqué les auditeurs par des analyses percutantes et accessibles, capables de rendre les débats politiques compréhensibles à tous. Il a exploré presque tous les aspects du métier : reportage, radio, écriture et analyse.

Thomas considère aujourd’hui que sa dyslexie l’a aidé à développer cette approche. « Elle m’a appris à penser autrement, à voir des angles que d’autres ne considèrent pas. »

Un aperçu de ses analyses concernant l’élection d’Emmanuel Macron : Thomas LEGRAND : « Chronique de l’imprévu »

Le conseil concret : Aide ton enfant à structurer ses pensées avant de les exprimer. Propose-lui d’utiliser des outils visuels comme des cartes mentales pour organiser ses idées de manière claire et logique. Cette méthode lui permettra de mieux comprendre et simplifier des concepts complexes, tout en renforçant sa confiance lorsqu’il doit s’exprimer à l’oral ou à l’écrit.

Pour en savoir plus découvre cet article : Mind Mapping : la championne du monde nous explique tout!

L’écriture de 11 livres

Malgré son aversion pour l’écrit, il n’a pas abandonné l’écrit. Il a sorti 11 livres principalement sur la politique, avec notamment:

  • L’Histoire de la Ve République en BD (avec François Warzala) : Une bande dessinée qui revisite l’histoire politique française avec une approche pédagogique et visuelle, largement appréciée pour sa clarté et son accessibilité.
  • La Main droite de Dieu : Enquête sur François Mitterrand et l’extrême droite (avec Emmanuel Faux et Gilles Perez) :Un ouvrage d’investigation qui a fait grand bruit en révélant des liens méconnus entre François Mitterrand et certains milieux d’extrême droite.
  • La République bobo (avec Laure Watrin) : Une analyse approfondie du rôle des « bobos » dans la société française et de leur influence sur la culture et la politique.

Toi aussi, encourage ton enfant à persévérer dans les domaines qui lui semblent difficiles mais qui le passionnent. Même si l’écriture est un défi, propose-lui de commencer par de petites étapes, comme tenir un journal ou écrire des idées. Rappelle-lui que ses idées et sa créativité sont plus importantes que la perfection.

L’art du contournement

Thomas Legrand évoque l’art du contournement comme une stratégie fondamentale qu’il a développée pour compenser sa dyslexie tout au long de sa carrière. Ce concept va au-delà de la simple adaptation : il s’agit d’exploiter ses propres spécificités pour trouver des solutions créatives face aux obstacles.

La stratégie de Thomas Legrand au bac

Lors des épreuves au bac, il avait une méthode bien rodée : sur les 4 heures allouées, il consacrait 3 heures à rédiger et une heure complète à relire et corriger. Mais pas n’importe comment !

Sa relecture était méthodique : il vérifiait d’abord les participes passés, puis les pluriels, et enfin les fautes les plus courantes. Cette organisation minutieuse lui permettait de compenser ses lacunes en orthographe tout en rendant une copie claire et structurée.

Comment Thomas Legrand a rivalisé avec l’élite académique?

L’art du contournement s’est aussi illustré dans la manière dont Thomas Legrand s’est hissé au même rang que ses collègues, souvent issus de filières prestigieuses comme hypokhâgne. Là où ces derniers excellaient dans l’écrit et les analyses complexes, Thomas a capitalisé sur ses forces : l’oralité et la synthèse.

La radio lui a permis de se démarquer rapidement. Avec sa voix captivante et sa capacité à vulgariser des sujets complexes, il a su trouver sa place. Ses analyses percutantes allaient droit à l’essentiel, contrastant avec les formulations parfois alambiquées de ses pairs. Ce choix stratégique, dicté par ses forces, l’a rendu incontournable, même sans suivre le parcours classique.

Thomas montre que la réussite repose sur l’exploitation de ses talents uniques plutôt que sur des standards académiques.

Sa stratégie particulière : des amoureuses fortes en français

Thomas Legrand aime raconter avec humour l’une de ses meilleures stratégies face à sa dyslexie : ses amoureuses. « Elles étaient toutes des championnes en orthographe et de grandes lectrices », dit-il en souriant. Elles relisaient ses manuscrits et corrigeaient ses fautes.

Pour Thomas, ces collaborations amoureuses étaient bien plus qu’un coup de pouce : c’était un partenariat où chacun apportait sa force. Cela montre une chose importante : accepter l’aide de ceux qui nous entourent n’enlève rien à notre talent, bien au contraire.

S’aider des outils informatiques

Les outils informatiques ont joué un rôle crucial dans la réussite de Thomas Legrand face à sa dyslexie. Les correcteurs d’orthographe ou les fonctionnalités intégrées dans les logiciels de traitement de texte, l’aident à repérer et corriger les fautes rapidement.

Il utilise également l’agrandissement des polices, qui facilite la lecture et réduit la fatigue visuelle, un défi courant pour les dyslexiques. Plus tard, il s’est appuyé sur les logiciels de synthèse vocale permettent de relire à haute voix ses textes, garantissant une meilleure fluidité. Ces technologies, loin d’être des béquilles, deviennent des leviers puissants pour transformer une difficulté en opportunité.

Ces différentes stratégies m’amènent à la réflexion suivante :

« L’art du contournement, ce n’est pas éviter les obstacles, mais apprendre à les transformer en tremplins. En exploitant ses spécificités et en s’entourant des bonnes ressources, chacun peut créer sa propre voie vers la réussite. »

Elise Andriantsiferana

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Les forces développées par Thomas Legrand grâce à la dyslexie

Une pensée claire et synthétique

Face à sa dyslexie, Thomas Legrand a dû apprendre à structurer ses idées rapidement. Il raconte qu’il commence toujours par clarifier ses pensées avant de les poser sur papier. Cette méthode l’a aidé à surmonter les obstacles liés à l’écriture.

Ses chroniques politiques en sont le reflet. Capable de résumer des dossiers complexes en quelques minutes, il a su captiver les auditeurs par sa capacité à aller droit au but.

Cette compétence, il l’a développée par nécessité, et elle est devenue un atout majeur de sa carrière.

Pour les parents, son exemple montre qu’aider un enfant à trouver des stratégies adaptées peut transformer une difficulté en compétence précieuse.

Une résilience face aux défis

Thomas Legrand a souvent été confronté aux critiques. En début de carrière, ses fautes d’orthographe ou sa lenteur à écrire étaient parfois pointées du doigt. Mais au lieu de se laisser abattre, il a appris à se concentrer sur ses forces.

Il souligne que la résilience est une qualité qu’il a développée grâce aux épreuves rencontrées dès l’école. Aujourd’hui, cette capacité à rebondir lui permet de faire face à la pression du monde médiatique, où chaque mot compte.

Les parents peuvent aider leurs enfants à développer cette résilience en valorisant leurs efforts, en les aidant à surmonter les échecs et en leur montrant que chaque obstacle peut être une opportunité de grandir.

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Un regard critique et novateur

Thomas Legrand attribue à sa dyslexie une partie de son succès. « Elle m’a permis de penser différemment, de voir les choses sous un angle nouveau. » Dans ses analyses politiques, cette approche unique se traduit par des questions inédites et des perspectives inattendues.

Cette capacité à sortir des sentiers battus est un exemple inspirant pour les enfants neuroatypiques. Cela montre que la pensée divergente, souvent critiquée à l’école, est en réalité une richesse dans le monde professionnel.

Tu veux retrouver Thomas Legrand en interview sur le sujet c’est ici : 17e #JNDys • Thomas Legrand, journaliste et Sophie Loubière, journaliste et romancière

D’ailleurs, il est interviewé par Elvire Cassan dont j’ai également dressé le portait : Elvire Cassan: de maman engagée à porte-voix des enfants Dys

Conclusion

Le parcours de Thomas Legrand est bien plus qu’une success-story journalistique.

C’est une leçon de résilience et d’ingéniosité. Malgré une scolarité chaotique marquée par sa dyslexie, il a su puiser dans ses forces pour transcender ses faiblesses. Sa mère, ce pilier indéfectible, lui a insufflé la confiance et l’a aidé à voir au-delà des étiquettes scolaires. Son amour pour la politique, né à l’adolescence, lui a offert un moteur puissant : celui de transformer ses idées en paroles qui captivent.

Thomas a construit une carrière exemplaire en exploitant ses capacités orales, développant un style unique qui simplifie l’analyse politique pour la rendre accessible à tous. Même face aux obstacles de l’écrit, il a contourné les difficultés avec créativité, en écrivant 11 livres et en s’entourant d’alliances fortes, personnelles comme professionnelles.

Aujourd’hui, son regard critique et novateur, forgé par sa dyslexie, inspire une génération entière. Il nous montre qu’une différence n’est pas une limite, mais une opportunité de penser autrement.

Alors, si ton enfant fait face à des défis similaires, rappelle-toi : avec le bon soutien, ces défis peuvent devenir des tremplins vers des réalisations extraordinaires. Crois en ses forces, comme Thomas a cru en les siennes.

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