Que voit un dyslexique?

Que voit un dyslexique ? Entre défis invisibles et superpouvoirs cachés

Un enfant dyslexique perçoit les lettres et les mots de manière différente. Les lettres peuvent sembler bouger, se retourner, disparaître ou même changer de place.

C’est ce que vivait Melyssa quand elle a appris à lire. Elle inversait les lettres, confondait les b et les d, sautait des lignes sans s’en rendre compte. Un jour, frustrée, elle m’a dit : « Maman, les lettres changent de place toutes seules, je n’arrive pas à les suivre ! »

Pour un enfant dyslexique, la lecture n’est pas qu’un défi de concentration. C’est comme essayer de lire sur une feuille où les mots dansent, se tordent et disparaissent. Mais cette perception particulière n’est pas qu’un obstacle. Avec le temps, j’ai découvert que ce que je voyais comme une difficulté était en réalité un don caché : une façon unique de voir le monde, riche en créativité et en potentiel.

Dans cet article, je t’invite à plonger dans cet univers fascinant pour comprendre ce que voit un dyslexique et comment cette différence peut devenir une véritable force.

La perception visuelle : quand les lettres prennent vie

Que voit un dyslexique ? Pour Melyssa, lire un simple texte, c’était comme essayer de suivre des bulles de savon dans le vent. Les lettres semblaient bouger, se tordre, disparaître… et parfois même se transformer en d’autres. Ce n’est pas qu’une question de concentration ou de mauvaise vue.

C’est une façon différente pour le cerveau de traiter les informations visuelles.

Un enfant dyslexique peut percevoir les lettres de manière instable. Elles peuvent :

  • Bouger sur la page, comme si elles dansaient légèrement.
  • Trembler ou flotter, donnant l’impression que la page est en mouvement.
  • Se retourner ou s’inverser, transformant un b en d, un p en q.
  • Disparaître partiellement, laissant des mots incomplets.
  • Sauter des lignes sans s’en rendre compte, car le regard perd facilement le fil.

Pour mieux comprendre, l’illustration en image ici : Comment voit un dyslexique, pourquoi la lecture du dyslexique peut être difficile.

Pour Melyssa, c’était un peu comme si les mots refusaient de rester à leur place. Un jour, en essayant de lire une phrase simple, elle a levé les yeux et m’a dit : « On dirait que les mots disparaissent et reviennent, je ne sais plus où je dois lire. » À cet instant, j’ai compris qu’elle ne voyait pas la même chose que moi. Elle vivait une expérience visuelle totalement différente.

Ce phénomène s’explique par un fonctionnement cérébral particulier.

Le cerveau des personnes dyslexiques traite l’information visuelle de manière plus globale, avec une forte activation des zones liées à la perception spatiale. Résultat : au lieu de voir un texte comme une série de lettres fixes, leur cerveau capte trop de détails à la fois, ce qui crée des distorsions visuelles.

Mais ce n’est pas uniquement un défi. Cette perception différente peut aussi être une force. Les dyslexiques sont souvent capables de repérer des détails visuels que d’autres ne voient pas. Ils peuvent avoir une excellente mémoire visuelle, une capacité à penser en images, et un sens aigu de la 3D.

Ce qui pose problème pour la lecture est en fait un atout dans des domaines comme l’art, le design, l’architecture ou même la résolution de problèmes complexes.

Alors, au lieu de voir ces difficultés comme des échecs, il est essentiel de les comprendre comme des indices d’un potentiel unique. La clé, c’est d’adapter l’environnement de lecture : utiliser des polices plus lisibles, espacer les lignes, ajouter des repères visuels. Et surtout, valoriser leurs talents, parce qu’au fond, voir les choses autrement peut être le début de grandes découvertes.

Je t’invite à découvrir tous les secrets de la dyslexie ici : Les secrets de la dyslexie : un regard complet sur le trouble et ses multiples dimensions

La vision en 3D : un superpouvoir mal compris

Que voit un dyslexique ? Ce n’est pas seulement des lettres qui bougent ou des mots qui disparaissent. C’est parfois bien plus complexe. Certains enfants, comme Melyssa, décrivent une sensation étrange : « On dirait que les lettres flottent au-dessus de la page. » Ce n’est pas de l’imagination. Leur cerveau traite les informations de façon différente, donnant parfois l’impression que les mots ont du relief, comme s’ils étaient en 3D.

Le cerveau dyslexique fonctionne de manière très visuelle et spatiale. Là où d’autres voient des lettres figées sur une page, un enfant dyslexique peut percevoir :

  • Des lettres en « relief », qui semblent sortir de la feuille.
  • Des mots qui paraissent plus proches ou plus éloignés, comme s’ils flottaient dans l’air.
  • Une impression de profondeur dans le texte, rendant difficile la concentration sur une seule ligne.

C’est ce qu’on appelle la désorientation mentale, un phénomène naturel pour les personnes dyslexiques. Lorsqu’elles sont confrontées à un mot qu’elles ne reconnaissent pas immédiatement, leur cerveau « tourne » mentalement le mot, essayant de le voir sous différents angles.

Cela peut entraîner des confusions entre des lettres similaires (b/d, p/q, n/u) ou des inversions de syllabes.

Pour Melyssa, c’était comme essayer de lire une pancarte suspendue dans le vide. « Parfois, je vois le mot de travers, comme s’il penchait, et je dois le remettre droit dans ma tête. » Cette tentative de correction mentale demande énormément d’énergie, ce qui explique pourquoi la lecture peut être épuisante.

Mais ce qui est un défi pour la lecture peut être une véritable force ailleurs. Cette capacité à « voir en 3D » est un atout incroyable pour :

  • La créativité : imaginer des formes complexes, des dessins en perspective.
  • La résolution de problèmes : visualiser des solutions que d’autres ne verraient pas.
  • Le raisonnement spatial : utile en architecture, en design, en ingénierie.

La clé, c’est d’accepter que le problème ne vient pas de l’enfant, mais de la méthode d’enseignement. Les approches traditionnelles de la lecture sont conçues pour des cerveaux qui pensent de manière linéaire. Mais pour un enfant qui pense en images et en 3D, il faut des outils adaptés : supports visuels, manipulations concrètes, et beaucoup de bienveillance.

Parce qu’au fond, voir le monde autrement, c’est souvent là que naissent les plus grandes idées.

A lire aussi : Dyslexie : 5 approches révolutionnaires pour mieux lire et apprendre

Les pièges invisibles : quand certains mots deviennent des obstacles

Que voit un dyslexique ? Parfois, ce ne sont pas les mots complexes qui posent problème, mais les plus simples.

Les petits mots du quotidien – et, dans, le, sur – peuvent devenir de véritables pièges invisibles.

Melyssa pouvait lire un mot compliqué comme « éléphant » sans trop de difficulté, mais trébucher sur un simple « de ». Et c’est là que j’ai compris que le problème n’était pas la difficulté du mot, mais sa nature même.

Ces mots sont ce que Ronald Davis appelle des « mots déclencheurs ». Ce sont des mots abstraits, sans image mentale facile à associer. Pour un enfant dyslexique, dont le cerveau fonctionne comme une machine à créer des images, c’est un vrai défi.

  • Pas d’image = pas de repère. Le cerveau cherche à visualiser… mais ne trouve rien.
  • Cela crée une désorientation, une sensation de confusion qui peut interrompre la fluidité de la lecture.
  • L’enfant peut alors sauter le mot, le remplacer par un autre, ou s’arrêter complètement.

En plus des mots déclencheurs, il y a un autre piège : la perte de repères visuels.

  • Les yeux ont du mal à suivre les lignes, surtout si le texte est dense.
  • L’enfant peut sauter des lignes sans s’en rendre compte, perdre le fil de la phrase, ou relire plusieurs fois le même passage.
  • Le texte semble « glissant », difficile à stabiliser, ce qui demande un effort mental considérable.

Cette fatigue cognitive est un signe clé.

Melyssa pouvait être épuisée après seulement quelques minutes de lecture. Ce n’était pas un manque de volonté, mais le résultat d’un effort intense pour rester concentrée sur des mots qui semblaient se dérober sous ses yeux.

Alors, comment les aider à dépasser ces obstacles invisibles ?

  • Utiliser des polices adaptées (comme OpenDyslexic), avec des lettres plus claires et distinctes.
  • Espacer les lignes et les mots, pour éviter que le texte ne semble se chevaucher.
  • Ajouter des repères visuels (lignes colorées, surlignage) pour guider le regard.
  • Lire à haute voix ensemble, en pointant chaque mot, pour offrir un soutien visuel et auditif.

Ce sont des ajustements simples, mais qui peuvent transformer la lecture en une expérience moins stressante. Parce qu’au fond, il ne s’agit pas de forcer un enfant à entrer dans un cadre rigide, mais de créer un environnement où sa façon unique de voir le monde est respectée et valorisée.

Ce que dit la méthode Davis : la dyslexie, un talent mal exploité

Selon Ronald Davis, auteur de « Le don de dyslexie », la réponse ne se limite pas à des lettres qui dansent ou des mots qui disparaissent.

Il explique que la dyslexie n’est pas un trouble à corriger, mais un mode de pensée unique, souvent associé à des talents exceptionnels. Pour Davis, la dyslexie n’est pas une faiblesse, c’est un don mal compris.

J’ai découvert la méthode Davis assez récemment presque par hasard. Ce qui m’a frappée, c’est cette idée simple mais puissante : « Le problème n’est pas la dyslexie, mais la manière dont on apprend à lire. » Ça a changé ma façon de voir les choses.

Voici les principes clés de la méthode Davis :

  • La pensée en images avant tout. Les dyslexiques ne pensent pas en mots, mais en images mentales riches et complexes. Lire des symboles statiques comme des lettres peut être frustrant parce que leur cerveau cherche à donner du sens visuel à chaque mot.
  • La désorientation mentale est un mécanisme naturel. Lorsqu’un mot est difficile à comprendre, le cerveau « tourne » mentalement autour de lui, comme s’il essayait de le voir sous tous les angles. C’est ce qui cause les inversions de lettres et les sauts de lignes.
  • Ce n’est pas un manque d’attention, mais un excès de créativité. Leur cerveau ne s’arrête jamais. Il veut explorer, imaginer, relier des idées, ce qui peut rendre la lecture linéaire ennuyeuse et difficile à suivre.

La méthode Davis propose des outils concrets pour aider à stabiliser la perception :

  1. L’orientation mentale. C’est une technique qui aide l’enfant à « ancrer » sa perception visuelle, à stabiliser les lettres pour qu’elles arrêtent de bouger.
  2. La modélisation en 3D. Les enfants utilisent de la pâte à modeler pour créer des lettres et des mots, ce qui transforme des symboles abstraits en objets concrets qu’ils peuvent manipuler et comprendre.
  3. Le travail sur les « mots déclencheurs ». Au lieu de les mémoriser par cœur, l’enfant crée une image mentale pour chaque mot abstrait. Par exemple, pour le mot « sur », il peut façonner une petite scène où un objet est « sur » un autre.

Ce qui m’a le plus touchée dans cette approche, c’est qu’elle ne cherche pas à « réparer » l’enfant. Elle l’accompagne en respectant sa manière de penser. Avec Melyssa, ça a tout changé. Elle n’avait plus l’impression de devoir se battre contre les mots. Elle apprenait à les apprivoiser à sa façon.

Parce qu’au fond, la dyslexie n’est pas un obstacle à surmonter. C’est un autre chemin pour apprendre, parfois plus sinueux, mais tellement riche en découvertes.

L’exemple parfait pour illustrer ce don c’est Eric Brockovitch : Erin Brockovich : surmonter la dyslexie pour changer le monde

Comment accompagner un enfant dyslexique avec bienveillance ?

Derrière les lettres qui dansent et les mots qui disparaissent, il y a surtout un enfant qui essaie, qui lutte parfois, mais qui possède un potentiel immense. Comprendre ce qu’il voit, c’est un premier pas. Le second, c’est de savoir comment l’accompagner avec bienveillance.

Avec Melyssa, j’ai compris que ce n’était pas elle qui devait s’adapter à la lecture, mais l’inverse. J’ai testé, ajusté, et parfois improvisé, jusqu’à trouver ce qui lui convenait vraiment.

Miser sur les approches multi-sensorielles

Au début, je pensais que la lecture devait se faire avec un livre et un doigt pointé sur chaque mot. Mais pour Melyssa, c’était un vrai combat. Les lettres tremblaient, les phrases semblaient s’effacer sous ses yeux. Alors, j’ai changé d’approche.

J’ai sorti un jeu Montessori : les lettres rugueuses. Ce n’était plus seulement des symboles à lire, mais des formes à toucher, à ressentir sous ses doigts. Je revois encore son sourire quand elle a tracé un b pour la première fois : « Oh, ça chatouille ! » Elle riait, détendue, connectée aux lettres d’une manière nouvelle.

Puis, on a commencé à écrire en grand, avec son doigt dans le ciel. Fini la frustration du crayon qui glisse mal ou de la feuille trop petite. Elle traçait des lettres géantes, en exagérant les gestes, en riant aux éclats. C’était du mouvement, du jeu, mais aussi un moyen de fixer les formes des lettres sans s’en rendre compte.

Le véritable déclic ? Le karaoké. Lire en chantant, sans pression. Suivre les paroles à l’écran devenait un jeu. La musique donnait du rythme, facilitait la lecture des mots qui défilaient. Melyssa chantait à tue-tête, fière d’y arriver. La lecture n’était plus une corvée, c’était une fête.

Je t’explique notre expérience avec le karaoké ici : Dyslexie et lecture : comment le karaoké peut devenir un outil d’apprentissage ludique?

Cultiver la confiance en soi

La dyslexie n’est pas qu’un défi académique. C’est un défi pour l’estime de soi. Melyssa avait parfois l’impression d’être « moins capable » que les autres. Alors, j’ai décidé de renverser la vapeur.

Un jour, au lieu de lui donner des exercices, je lui ai écrit des messages d’amour : « Melyssa est courageuse. » « Melyssa a un cœur incroyable. » « Melyssa voit le monde avec des yeux magiques. » Je la regardais lire, pas pour repérer ses erreurs, mais pour voir son sourire s’élargir. Là, la lecture prenait tout son sens. Ce n’était plus un défi, c’était une manière de recevoir des mots doux.

Nous avons aussi découvert des livres adaptés aux enfants dyslexiques. Avec des polices plus lisibles, des espaces bien pensés. Plus de surcharge visuelle, plus de frustration. Juste le plaisir de lire sans se sentir perdue. Chaque page tournée devenait une victoire silencieuse mais puissante.

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Être son allié, pas son professeur

Ce que Melyssa m’a appris, c’est que je ne devais pas être une enseignante, mais une alliée. La lecture n’est pas un test à passer, c’est un chemin à parcourir, ensemble.

Quand elle avait 7 ans, on avait instauré des rituels simples : lire à deux voix, sans pression. Elle commençait une phrase, je finissais la suivante. Si elle butait sur un mot, je l’aidais sans qu’elle ait besoin de me le demander. Pas de remarques sur les erreurs, juste des encouragements : « Tu t’es accrochée, bravo ! »

J’ai appris à écouter ses frustrations sans minimiser. À reconnaître ses efforts, même quand le résultat n’était pas parfait. Et surtout, à respecter son rythme, sans comparer avec celui des autres enfants.

Avec Melyssa, chaque petit pas était une grande victoire. Parce qu’au fond, accompagner un enfant dyslexique, ce n’est pas chercher à le « réparer ». C’est l’aider à se découvrir, à s’aimer tel qu’il est, et à comprendre que sa différence est une richesse.

Je t’invite à parcourir le parcours d’Aurélie dans cette vidéo : elle a 6 troubles dys et un TDAH. Aurélie vient de sortir un livre et y explique les subtilités pour faciliter la lecture des dyslexiques : Les différents troubles dys : témoignage d’Aurélie, avec 6 troubles dys et un TDAH

Conclusion

Accompagner un enfant dyslexique, c’est avant tout changer de regard. Ce n’est pas l’enfant qui doit s’adapter à un système rigide, mais le système qui doit évoluer pour révéler tout son potentiel. Derrière chaque lettre qui danse, chaque mot qui disparaît, se cache un esprit curieux, créatif et plein de ressources. Ce que Melyssa m’a appris, c’est que la dyslexie n’est pas un obstacle à surmonter, mais une autre façon de voir le monde.

L’essentiel n’est pas de corriger des erreurs, mais de nourrir la confiance en soi, de valoriser les talents et de célébrer chaque petite victoire. Avec des outils adaptés, de la patience et beaucoup de bienveillance, la lecture peut redevenir un plaisir, une exploration, et non un combat.

Parce qu’au fond, la différence est une richesse, une invitation à penser autrement, à innover, à créer.

« La dyslexie n’est pas une faiblesse à cacher, c’est un talent à révéler. Ce n’est pas un défaut à corriger, mais une autre façon de briller. »

Et si on apprenait à voir le monde à travers leurs yeux, on découvrirait des merveilles insoupçonnées.

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