manque de confiance en soi

Manque de confiance en soi chez l’enfant neuroatypique : 5 stratégies qui font la différence

Quand Melyssa avait 8 ans, elle rentrait de l’école en traînant son cartable comme un fardeau. Ce jour-là, elle m’a lancé d’un ton sec :
“De toute façon, je suis nulle. »
J’ai senti mon cœur se serrer. Parce que je voyais bien que ce n’était pas juste une mauvaise journée. C’était le début d’un poison lent : le manque de confiance en soi.

Et ce poison, chez les enfants neuroatypiques, il agit encore plus vite. Parce qu’ils sont souvent jugés sur ce qu’ils ne font pas “comme les autres” : ils rêvassent, ils bougent, ils oublient, ils peinent à lire ou à écrire. Et à force d’échecs répétés, leur cerveau finit par intégrer un message sournois : “Je ne suis pas capable.”

Mais voilà ce que je veux que tu saches : la confiance en soi, ça se reconstruit. Pas en un claquement de doigts, non. Mais avec des stratégies simples, humaines et puissantes.

Dans cet article, je vais te montrer 5 leviers concrets pour aider ton enfant à croire de nouveau en lui. Des clés testées, appliquées, et validées à la maison.

Parce que chaque enfant mérite de se sentir capable, à sa façon.

1/ Comprendre les racines du manque de confiance en soi chez l’enfant neuroatypique

Ce que ton enfant pense de lui change tout

Quand ma fille Melyssa me dit “Je suis nulle”, ça me fait l’effet d’une gifle invisible. Parce que je sais qu’elle n’est pas nulle. Et pourtant, elle, elle y croit.

Il y a une confusion qu’on fait tous sans le vouloir : on confond confiance en soi et estime de soi. Et pourtant, ce sont deux choses bien différentes.

  • La confiance en soi, c’est croire qu’on est capable de réussir quelque chose de précis.
    “Je peux y arriver si je m’entraîne.”
  • L’estime de soi, c’est le regard qu’on porte sur notre propre valeur.
    “Je vaux quelque chose, même si je n’ai pas tout réussi.”

Un enfant peut avoir confiance en ses capacités à résoudre un problème de maths, mais se sentir nul et non digne d’être aimé s’il échoue. Ou inversement : se sentir aimé à la maison, mais ne pas oser lever la main en classe, persuadé qu’il n’est “pas assez bon”.

Chez les enfants atypiques, cette distinction est cruciale. Parce qu’ils entendent souvent :
“Tu peux mieux faire.”
“Pourquoi t’as encore oublié tes affaires ?”
“Concentre-toi un peu, c’est pas compliqué.”

Et à force, ils ne se disent plus :
👉 “Je n’ai pas réussi CET exercice.”
Mais :
👉 “JE suis un échec.”

Et c’est là que la confiance se fissure. Pas à cause d’un problème de capacité, mais à cause d’un problème de perception. L’enfant ne croit plus qu’il peut progresser, ni qu’il en vaut la peine.

Pourquoi l’école peut fragiliser l’image que ton enfant a de lui?

Melyssa a une mémoire impressionnante pour se souvenir des prénoms des gens et des détails précis de scènes de film, mais elle n’arrivait pas à mémoriser les dates de ses leçons d’histoire sans se tromper. Et chaque retour de classe était une claque : “J’ai encore eu une mauvaise note”. Alors elle finit par dire : “Je suis bête, c’est tout.”

Mais non. Elle n’est pas bête. Elle est juste différents. Et l’école, parfois, a du mal à reconnaître les intelligences atypiques. On valorise ceux qui vont vite, ceux qui rentrent dans les cases, ceux qui savent “se concentrer”. Et pour les autres ? Il y a les remarques, les oublis, les comparaisons.

Quand un enfant entend souvent qu’il est “dans la lune”, “trop lent”, “trop agité”… il intègre cette étiquette comme une vérité.
Et cette vérité devient un mur entre lui et ses capacités réelles.

Notre rôle de parent, c’est justement de devenir ce miroir bienveillant. Celui qui lui montre ce qu’il est capable de faire, même si l’école ne le voit pas encore.

A lire aussi concernant les étiquettes : Troubles “dys”, TDAH, HPI : dépasser les étiquettes pour révéler le potentiel unique de chaque enfant neuroatypique

2/ Stopper le cercle vicieux des échecs répétés

L’impuissance apprise : quand ton enfant renonce avant même d’essayer

Tu lui proposes de faire un exercice facile, et il te répond :
“C’est trop dur.”
Tu insistes, tu sais qu’il en est capable. Et pourtant, il bloque. Il soupire. Il se ferme.

C’est peut-être le signe qu’il a développé ce qu’on appelle en psychologie l’impuissance apprise.

L’expérience choc de Seligman : même les chiens finissent par abandonner

Imagine la scène : deux groupes de chiens, attachés chacun dans des harnais, dans un laboratoire d’étude comportementale.

Dans le premier groupe, les chiens reçoivent de petites décharges électriques… mais à chaque fois, ils peuvent les arrêter en appuyant sur un bouton avec leur museau. C’est désagréable, oui, mais ils comprennent qu’ils ont le pouvoir d’agir pour faire cesser l’inconfort.

Dans le second groupe, les chiens reçoivent exactement les mêmes décharges, mais sans aucun moyen d’y mettre fin. Ils appuient, ils remuent, ils aboient… rien ne change. Peu à peu, ils cessent d’essayer. Ils subissent. Ils apprennent qu’ils n’ont aucun contrôle sur ce qui leur arrive. Ils se figent. Résignés.

Mais le plus troublant vient après.

Quand les deux groupes sont ensuite placés dans un nouvel environnement — une sorte de cage où il suffit de sauter une petite barrière pour échapper aux décharges — les chiens du premier groupe le font sans hésiter. Ils ont appris qu’ils pouvaient se sauver.

Mais ceux du second groupe ?
Ils ne bougent pas.
Ils restent couchés sur le sol, à gémir, sans même tenter de sauter la barrière.
Ils pourraient fuir, mais ils ne le savent plus.
Ils ont intégré qu’ils étaient impuissants, même dans un endroit où ils ne le sont plus.

Pourquoi c’est essentiel de briser ce mécanisme chez les enfants atypiques?

Martin Seligman a appelé ça l’impuissance apprise.
Ce mécanisme existe aussi chez les humains. Un enfant qui a été puni, ignoré ou rabaissé chaque fois qu’il essayait quelque chose de nouveau peut finir par croire que quoi qu’il fasse, ça ne changera rien. Il renonce avant même d’essayer. Il se sent incapable. Et il peut se convaincre que l’échec est inévitable, même quand ce n’est plus vrai.

Et c’est ce qui arrive à beaucoup d’enfants neuroatypiques à l’école. Ils ne croient plus qu’ils peuvent y arriver. Pas parce qu’ils sont incapables. Mais parce que leur cerveau a enregistré : “Quand j’essaie, j’échoue. Donc j’arrête d’essayer.”

Et c’est là que notre rôle de parent est crucial.

Lui montrer qu’il peut agir.
L’aider à reprendre confiance.
Le reconnecter à sa puissance intérieure, pas à pas.

Pour en savoir plus sur les expériences d’impuissance apprise, regarde cette vidéo : Idriss Aberkane – L’impuissance apprise

3/ Reprogrammer le cerveau avec un état d’esprit de croissance

Ton enfant n’est pas incapable : il est piégé dans une croyance

Tu as peut-être déjà entendu ton enfant dire :
“Je suis nul en maths, c’est comme ça.”
“De toute façon, les autres sont meilleurs que moi.”

Ces phrases sont les symptômes d’un état d’esprit figé.

Ce concept vient des recherches de Carol Dweck, psychologue américaine. Elle a identifié deux manières d’envisager les capacités :

  • L’état d’esprit figé : “Je suis intelligent ou je ne le suis pas.”
    Si je réussis, c’est que je suis doué. Si j’échoue, c’est que je suis nul.
    ➜ Résultat : je n’ose pas essayer de peur de me tromper.
  • L’état d’esprit de croissance : “Je peux progresser avec de la pratique.”
    L’effort fait partie du chemin. Je ne sais pas encore faire, mais je peux apprendre.
    ➜ Résultat : je prends confiance, même si je ne réussis pas tout de suite.

Exemple concret : Un enfant reçoit une bonne note et dit “j’ai eu de la chance” = état figé.
S’il dit “j’ai bien bossé, ça a payé” = état de développement.

Et le plus fou ? Même les enfants brillants peuvent être piégés. Parce qu’ils réussissent sans effort, ils évitent les défis. Et dès que ça devient difficile… ils paniquent.

Je te parle de l’état d’esprit de croissance plus longuement dans cet article : Développer un état d’esprit de croissance : 7 techniques efficaces pour les enfants

Gestion des émotions

Comment l’aider à se sentir capable d’apprendre?

Il ne suffit pas de lui dire “Tu es capable”. Il faut lui montrer qu’il a en lui les ressources pour progresser.

Voici quelques ajustements très simples qui changent tout :

Remplace :

  • ❌ “Tu es intelligent”
    ✅ par : “Tu as persévéré et ça a marché.”
  • ❌ “T’as vu comme t’es bon quand tu veux”
    ✅ par : “Ce que tu as mis en place t’a permis d’avancer.”
  • ❌ “Je crois en toi”
    ✅ par : “Et toi, qu’est-ce que tu penses pouvoir faire pour t’améliorer ?”

Avant, quand Melyssa revenait avec un 6/20. Avant, je lui disais : “T’as révisé ou pas ?”
Maintenant, je lui demande : “À ton avis, qu’est-ce qui t’a manqué cette fois ? Et qu’est-ce qu’on peut essayer autrement ?”

Ce que je fais là, ce n’est pas de lui éviter l’inconfort.
Je pense que je lui apprends à faire face, à trouver des solutions, à voir ses erreurs comme des tremplins.

A lire aussi : Comment aider son enfant neuroatypique à mieux apprendre?

4/ Éviter les pièges qui creusent le manque de confiance en soi

Les phrases qui abîment la confiance sans qu’on s’en rende compte

Tu veux bien faire. Tu veux le motiver. Tu veux l’aider à se dépasser.
Mais parfois, une phrase banale peut laisser une trace profonde.

Voici trois phrases “pièges” que j’entends souvent chez les parents… et que j’ai moi-même dites avant de comprendre leur impact :

  • “Fais un effort.”
    ➜ Pour toi, c’est un encouragement. Pour lui, c’est un reproche déguisé.
    Exemple : ton enfant TDAH qui reste assis 10 minutes sans bouger a déjà fourni un effort immense… qu’on ne voit pas.
  • “Tu peux mieux faire.”
    ➜ Tu reconnais son potentiel, mais tu nies son processus. Ça revient à dire : “Ce que tu fais là, ce n’est pas suffisant.”
  • “Regarde ton voisin / ta copine / ta cousine.”
    ➜ Comparaison = poison. Même si c’est pour le “motiver”, il entend : “Je ne suis pas à la hauteur.”

💡 À dire à la place :

  • “Tu as progressé sur ce point, tu veux qu’on regarde ensemble ce qui reste à travailler ?”
  • “Je vois que tu t’accroches, même si ce n’est pas facile.”
  • “Ce que j’admire chez toi, c’est que tu continues d’essayer.”

A lire aussi : Compliment ou encouragement : comment motiver son enfant intelligemment?

Pourquoi le système scolaire peut aggraver le manque de confiance de ton enfant?

Tu l’as sûrement remarqué. L’école, même avec les meilleures intentions, peut enfermer nos enfants dans des cases.

L’école fonctionne souvent sur le principe d’égalité : tout le monde a le même contrôle, le même timing, les mêmes attentes.
Mais un enfant dyslexique ou TDAH n’a pas les mêmes besoins. Ce qu’il lui faut, c’est de l’équité : des aménagements qui le mettent à niveau, pas en avance.

Je te donne une métaphore simple pour mieux comprendre :
Imagine trois enfants de 4, 7 et 11 ans devant un muret.
L’un a une caisse haute, l’autre moyenne, et le dernier aucune.
Ils regardent tous le même match.
L’égalité, c’est leur donner tous la même caisse.
L’équité, c’est leur donner ce dont chacun a besoin pour voir la même chose.

J’ai écrit un article assez révélateur sur l’école justement : Et si c’était l’école le problème? Et pas ton enfant neuroatypique!

Et toi, dans ton rôle de parent, tu peux rappeler aux enseignants et aux équipes pédagogiques que ton enfant a besoin d’être évalué selon ses progrès à lui, pas selon une norme collective.

Ce que ton enfant a besoin d’entendre :

  • “Tu avances à ton rythme, et c’est bien.”
  • “Ton effort compte plus que ta note.”
  • “Je vois que tu t’accroches, et je suis fière de toi.”

Car à force de se comparer, beaucoup d’enfants atypiques finissent par se dire :
“Je ne suis pas normal.”
Et cette phrase-là, on va l’arracher petit à petit… en posant d’autres mots, d’autres regards.

5/ Poser les fondations d’une confiance durable au quotidien

Multiplier les petites réussites pour casser le cycle de l’échec

Tu veux que ton enfant reprenne confiance ?
Alors commence par créer des victoires accessibles. Même toutes petites. Surtout toutes petites.

Pourquoi ? Parce qu’à chaque fois qu’un enfant réussit quelque chose qu’il croyait hors de portée, il reconnecte son cerveau à l’idée qu’il est capable. C’est de la neuroplasticité en direct.

Exemple concret :
Ton enfant a un exercice où il doit conjuguer des phrases au futur. Il panique. Il ne commence même pas.
Tu te dis peut-être : “S’il galère, il doit apprendre à se débrouiller seul.”
Mais ce jour-là, ce n’est pas de l’autonomie dont il a besoin.
C’est d’une expérience de réussite guidée.

Alors tu l’aides. Tu surlignes les verbes. Tu simplifies les consignes. Tu restes à côté.
Et tu lui dis :
Aujourd’hui, ce qui compte, c’est que tu saches conjuguer. Le reste, on le reverra plus tard.”

Ce n’est pas de la triche. C’est de la pédagogie sur mesure. Et c’est ce genre de moments qui construisent des ponts vers la confiance en soi.

« Plus un enfant vit des petites réussites visibles, plus il est tenté de retenter. Et plus il tente, plus il progresse. »
Tu casses ainsi le cycle du “je n’y arriverai jamais”.

Tu peux trouver aussi ici 50 phrases inspirantes pour renforcer l’estime de soi et la confiance en soi chez ton enfant.

Encourager l’autonomie… sans être envahissant

Comme on l’a vu au début, la confiance en soi, ce n’est pas une question d’étiquette ou de compliments, mais d’expériences vécues de réussite. En réalité, la confiance se construit quand un enfant se voit réussir par lui-même, dans des tâches qu’il maîtrise peu à peu.

Pose-toi ces questions simples :

  • Est-ce qu’il peut préparer ses affaires seul ?
  • Est-ce qu’il sait se laver, s’habiller, se servir ?
  • A-t-il des responsabilités concrètes à sa portée (mettre la table, nourrir un animal, aller acheter du pain) ?

Ces petits actes, en apparence anodins, lui envoient un message fondamental :
“Je suis capable.”

TDAH et autonomie

Et pour renforcer tout ça, tu peux mettre en place deux rituels hyper simples :

Le jeu des phrases : un outil simple pour cultiver l’estime de soi

À faire à table ou dans la voiture.
Chacun complète à tour de rôle :

  • “Je suis capable de…”
  • “Je suis fier de moi parce que…”
  • “J’ai réussi à…”

Les win de la semaine : un rituel pour booster la confiance

Chaque début ou fin de semaine, chacun partage une chose qu’il a bien faite ou une difficulté qu’il a dépassée. Même si c’est “j’ai rangé mes chaussettes”, ça compte.

Résultat : ton enfant apprend à voir ses compétences par lui-même.
Et tu lui montres, par ton propre exemple, qu’on peut douter, se planter, apprendre… et grandir.

C’est une technique qui est aussi employé en management dans l’entreprise dans laquelle je travaille : une pub qui a bien marché, un record de production, une certification qualité obtenue, etc.

Conclusion

Je ne vais pas te mentir : rebâtir la confiance en soi d’un enfant neuroatypique, c’est un chemin. Un chemin parfois long, semé d’impatience, de doutes et de remises en question.

Mais c’est aussi un chemin de résilience, d’amour et de découvertes. Parce qu’en aidant ton enfant à croire en lui, tu l’aides à devenir acteur de sa vie. Tu l’invites à sortir de la case “je suis nul” pour entrer dans un monde où il peut apprendre, progresser, s’exprimer… à son rythme.

Tu n’as pas besoin d’être parfait.e, ni de tout savoir. Il suffit parfois d’un mot, d’un regard, d’un petit pas. Une réussite partagée. Un compliment ajusté. Une barrière franchie ensemble.

Et ces moments-là, ces petits “wins” du quotidien, valent plus que toutes les récompenses. Ce sont des graines que tu plantes aujourd’hui, pour récolter demain un adulte confiant, responsable et heureux d’être lui-même.

Alors accroche-toi. Même si parfois tu doutes, même si ton enfant semble reculer.

Rappelle-toi cette phrase, que je garde toujours en tête :

“Un enfant qu’on croit capable devient capable. Un enfant qu’on regarde avec amour apprend à s’aimer.”

Et toi, tu es déjà en train de lui offrir ça. Pas à pas. Main dans la main.

Si cet article t’a parlé, c’est sûrement que tu vis aussi ces moments de fatigue, de tensions, de découragement.
J’ai rassemblé dans un guide gratuit les outils concrets qui m’ont aidée à traverser ça avec ma fille.
Trop de cris, de tensions, de doutes au quotidien ?
Ce guide va t’aider à comprendre ton enfant neuroatypique et à reprendre la main, pas à pas, sans t’épuiser.

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